L'affaire Ben Barka, c'est la disparition d'un opposant politique marocain, le 29 octobre 1965, en plein cœur de Saint-Germain-des-Prés. Quarante ans plus tard, une nouvelle instruction est en cours, des révélations surviennent encore, mais le corps de la victime n'a toujours pas été retrouvé. Laurent Joffrin et ses détectives de l'histoire mènent l'enquête.
L'histoire de la disparition du chef de l'opposition marocaine Mehdi Ben Barka, le 29 octobre 1965, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, a tout d'un scénario de polar. La victime est une personnalité marxiste tiers-mondiste dérangeante en cette période de guerre froide. Parmi la pléiade de suspects figurent des officiels marocains, mais aussi l'Etat français, les services secrets américains et israéliens. Le sort de Ben Barka, déclaré mort en 1994 sans qu'on ait jamais retrouvé son corps, reste une énigme.
Le journaliste et écrivain Bernard Violet, invité sur le plateau en sa qualité d'expert, qualifie pourtant cette affaire d'« ignoblement simple ». A son sens, la piste du général Oufkir, l'ambitieux ministre de l'Intérieur de Hassan II, semble la plus tangible. L'homme fort du régime marocain, surnommé le « boucher de Casablanca », veut installer une dictature militaire au Maroc. Or, Hassan II pense à intégrer Ben Barka dans son gouvernement pour asseoir son autorité dans un pays en pleine crise économique et sociale. Dans cette optique, il est disposé à évincer du pouvoir le général Oufkir. Toujours est-il que, pour piéger son concurrent, Oufkir a bénéficié du soutien logistique des services de renseignement français. La complicité d'Antoine Lopez, un agent du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), ainsi que celle de deux policiers français ont été établies.
Selon l'unique version des faits - développée par Georges Figon, un ténébreux producteur que Ben Barka devait rencontrer le jour de sa disparition, le 29 octobre 1965 -, le leader tiers-mondiste aurait été escorté par la police depuis la brasserie Lipp jusqu'à la banlieue sud de Paris. Il aurait ensuite été enfermé dans une maison gardée par des truands notoires, dont Georges Boucheseiche, avant d'être interrogé, torturé et tué par Oufkir. Si les tortionnaires, qui ont gagné le Maroc, ont été condamnés par contumace, les autorités n'ont pas été inquiétées. Curieusement, les informations relatives à Ben Barka comptent toujours parmi les dossiers de la CIA classés secret défense…
Gaëlle Gonthier, pour le magazine des programmes de France 5
Lundi 15 décembre 2008 à 20h35, sur France 5 numérique (câble, satellite, TNT)
Les détectives de l’histoire ; Qui a fait disparaître Ben Barka ?
Durée 52', inédit
Présentation Laurent Joffrin
Réalisation Nicolas Ferraro
Production MFP
NB : l’affaire Ben Barka (qui avait fait l’objet d’un téléfilm diffusé en début d’année sur France 2) est toujours à l’instruction à Paris, entre les mains du juge Patrick Ramaël, le même qui enquête sur la disparition, le 16 avril 2004 à Abidjan, de notre voisin le journaliste Guy-André Kieffer, à qui une rubrique est dédiée ici et un dossier de presse là. Des dossiers qui « encombrent » parfois les relations entre Paris et ses anciennes colonies.
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