Une habitante de Sevran était décédée fin octobre à l'hôpital
Trois personnes d’origine chinoise, âgées de 34 à 42 ans, ont été interpellées en fin de semaine et mises en examen ce samedi pour « exercice illégal de la pharmacie ». Cet homme et ces deux femmes pourraient être à l’origine du décès de Nicole, trente-deux ans, domiciliée à Sevran, qui avait succombé à une embolie pulmonaire le 31 octobre à l'hôpital intercommunal Robert Ballanger d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui sert aussi à Villepinte et Sevran.
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Nicole, le 28 octobre 2006, deux ans avant les pilules fatales
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Une semaine après la mort suspecte de Nicole et deux jours après que le parquet de Bobigny a ouvert une information contre X… pour « administration de substances nuisibles ayant entraîné la mort sans intention de la donner », le JDD a annoncé l’interpellation (en date de vendredi et en Seine-Saint-Denis) de la femme qui avait remis les gélules amaigrissantes à la victime. Les premiers résultats de l’expertise toxicologique avaient montré que ces gélules contenaient de la sibutramine, une molécule autorisée en France depuis mi-2001, et interdite en Italie depuis mars 2002. Il y avait eu en Italie deux décès tandis qu’en France, sur 99 cas d’effets indésirables (dont dix graves) comptabilisés au 15 février 2002, aucun décès n’avait été signalé.
L’interpellation de Seine-Saint-Denis a permis de remonter à un couple tenant une boutique d’herboriste à Belleville. Les trois personnes, toutes d’origine chinoise, ont été placées sous contrôle judiciaire. L’une des deux femmes a été mise en examen pour « importation, détention et vente de substances dangereuses », et un couple pour « exercice illégal de pharmacien ».
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C'est dans ces gélules qu'une substance interdite en France dans les médicaments (depuis 1999) a été retrouvée
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La victime avait déclaré, après plusieurs malaises, avoir ingéré les gélules suspectes de type Burning Fat de la marque « Best Life ». Nicole avait expliqué avoir acheté cette boîte de pilules avec notice chinoise auprès d’une connaissance asiatique, pour le prix de 52 € la boîte de 80 gélules. Elle en aurait absorbé deux par jour une semaine durant, indique Le Parisien du 7 novembre. Selon ce communiqué du ministère de la Santé, « les gélules "Best life" contiennent également de la phénolphtaléine, substance interdite dans les médicaments en France depuis 1999 et d’autres substances contenues dans des plantes qui présentent des propriétés laxatives ».
En 2006, rappelle-t-on, des gélules amaigrissantes, préparées par une pharmacie parisienne, avaient tué une personne et hospitalisé « plusieurs dizaines », dont certaines dans un état grave. Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand à cette époque, avait annoncé des mesures sur la réglementation des « régimes amaigrissants, en particulier médicamenteux ». Et l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) avait interdit l’incorporation de la sibutramine dans les préparations magistrales en 2007.
La semaine dernière, les autorités sanitaires ont rappellé qu’en France, « la vente de médicaments est uniquement autorisée dans les pharmacies dont le circuit est contrôlé », et ont « vivement déconseillé d’acheter des médicaments en dehors des pharmacies ».
Dans l'industrie pharmaceutique, trois laboratoires (Merck, Sanofi-Aventis et Pfizer) ont abandonné la recherche de molécules anti-obésité en raison d'effets psychiatriques indésirables.
F. A.
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