Ce matin, la Ville de Paris doit se constituer partie civile dans un dossier de « corruption » présumée qui vaut à une élue de la capitale d’être mise en examen depuis vendredi.
A onze jours du congrès de Reims du Parti socialiste qui élira son nouveau secrétaire général, Bertrand Delanoë, candidat à ce poste, se serait bien passé d’une affaire judiciaire qui vient éclabousser la mairie de Paris. La juge Legendre a mis en examen vendredi une élue parisienne pour « favoritisme », la directrice du conseil d’administration de la société Derichebourg pour « corruption active » et un avocat pour « complicité de corruption active » dans le cadre de l’attribution de marchés de gestion de déchets de la Ville en 2005.
La magistrate se demande si des protagonistes de cette affaire n’ont pas mis au point un pacte de corruption qui aurait permis au groupe Derichebourg de s’emparer d’une partie du marché du ramassage des détritus. En contrepartie, cette société visée aurait proposé de sponsoriser le club Paris Levallois Basket.
Un marché de 17 millions d’euros
Fin 2005, la mairie de Paris doit désigner la ou les sociétés qui assureront la gestion des déchets à Paris pour les trois prochaines années. Un marché de 17 millions d’euros. La société Derichebourg et le groupe Epes, prestataire sortant, se portent candidats. Mi-décembre, la Ville de Paris retient les propositions des deux groupes, qui se partageront le marché découpé en deux lots. Epes acquiert le lot numéro un pour un peu plus de 10 millions d’euros. Derichebourg obtient le deuxième pour 7 millions. Une décision contestée sur le terrain judiciaire par Epes qui indique avoir proposé la meilleure offre. En juin dernier, le domicile et le bureau de Mireille Flam, adjointe au maire chargée des marchés publics en 2005, sont perquisitionnés. Cette dernière a été mise en examen la semaine dernière. « Derichebourg présentait un meilleur dossier sur le plan environnemental, plaide Thomas Maier, avocat de Mireille Flam, la procédure de passation des marchés a été validée par la Direction aux affaires juridiques et par le préfet. » Mais un événement dans lequel l’élue n’est pas impliquée va donner une nouvelle dimension à cette affaire.
Le carnet d’un avocat
Lors de l’enquête, la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) saisit le carnet de rendez-vous d’Olivier Carmet, un avocat mandaté par Derichebourg pour obtenir le marché de la gestion des déchets auprès de l’Hôtel de Ville. Dans ce carnet, l’avocat inscrit un rendez-vous début janvier 2006, où figurent Yves Contassot, adjoint chargé de l’environnement, Pascal Cherki, adjoint chargé des sports, et Pascale Jeannin, présidente de la société Derichebourg. Quel était le sujet de cette réunion ? Pascal Cherki se souvient d’un rendez-vous le 1er mars 2006, où « il était question d’une prise de contact entre Derichebourg et l’adjoint chargé de l’environnement ». En soutenant financièrement le club de basket, la société Derichebourg était-elle assurée d’obtenir le marché des déchets ? Un fax échangé entre l’avocat et Pascale Jeannin le laisserait supposer. Paris Levallois Basket a bénéficié, selon son président Francis Flamme, d’une subvention de l’entreprise de « 200 000 € pour la saison 2007-2008 ».
Delanoë prêt à aller jusqu’au bout
Dès ce matin, la Ville se constituera partie civile pour avoir accès au dossier. « Et s’il y a des plaintes à déposer, nous le ferons ! Cette affaire n’a aucun sens ! », s’insurge Nicolas Revel, le directeur de cabinet du maire de Paris. La mise en examen de Mireille Flam à quelques jours du congrès du PS intrigue à l’Hôtel de Ville.
« Nous lui maintenons totalement notre confiance », insiste l’entourage de Bertrand Delanoë. Samedi matin, Mireille Flam a d’ailleurs reçu un appel réconfortant du maire de Paris. « Bertrand m’a dit : Nous savons toi et moi que nous n’avons rien fait de répréhensible. Pour les autres, on ne peut pas s’engager », nous a confié hier Mireille Flam.
Marie-Anne Gairaud et François Vignolle, pour Le Parisien, photos DR et Frédéric Dugit/LeParisien
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