Lors du Conseil de Paris du 29 septembre dernier, il a été décidé d’honorer deux écrivains : Alexandre Soljenitsyne (décédé seulement en août dernier), et Rainer Maria Rilke, décédé, lui, entre les deux Guerres. Pour Rilke, il est question d’une bibliothèque (dans le 11e arrondissement), et pour Soljenitsyne… d’une place. Pas celle de la Concorde, plutôt celle de la discorde.
—————
Rainer Maria Rilke devrait entrer dans le cercle très fermé des écrivains donnant leur nom à… une bibliothèque ! En fonction de l'évolution des travaux et des décisions administratives, il sera, dans le 11e arrondissement, le 9e ou le 10e, selon qu'il passe devant Marguerite Duras ou pas, qui, elle, sera dans le 20e.
—————
A Paris, l’usage veut que l’on n’attribue pas de nom de rue, place, square ou autre moins de cinq ans après un décès. Jusqu’à présent, il y a eu au moins deux précédents. Le 3 septembre 2006, la Place du Parvis Notre-Dame est devenue le Parvis Notre-Dame Place Jean-Paul II, le pape n’étant décédé qu’en avril 2005. Le samedi 18 novembre 2006, répondant enfin à ce vœu du conseil de quartier des Amandiers du 10 mars 2005, le Square Jacques-Grynberg fut inauguré dans le 20e arrondissement (ce n’est qu’au printemps 2007, au lendemain d'un scrutin, que les plaques « Déporté à Auschwitz - Militant antifaciste » furent apposées) ; Jacques était décédé le 30 octobre 2004… mais le « précédent papal » permit d’accélérer la procédure de création de ce square.
Seulement voilà. Pour la Place Soljenitsyne, il n'est pas question de créer. Il s'agirait de débaptiser la porte Maillot. C’est du moins le souhait de MM. Jérôme Dubus (UMP) et Yves Pozzo di Borgo (Centre et indépendants). Le PC et le MRC se sont abstenus. Le groupe PS avait laissé liberté de vote à ses membres. Les Verts ont voté pour, comme l'UMP et certains PS. Et le vœu est passé ; mais l’exécutif (PS, PC, MRC, Les Verts) ne l’entendra sans doute pas de cette oreille pour ce qui est du lieu souhaité par l’UMP et le centre-droit.
En revanche, il n’y a pas eu de souci pour que le nom du poète allemand Rainer Maria Rilke soit attribué à l’une des deux bibliothèques du 11e arrondissement : le vœu de Christophe Girard, adjoint au maire de Paris, en charge de la Culture, a été adopté à l’unanimité.
D’autant que Rilke (secrétaire et ami de Rodin) a longuement séjourné à Paris, et qu’il a été traduit par des « pointures » non de la traduction mais de l’écriture, comme André Gide ou Paul Valéry.
En comptant le chantier du 20e arrondissement, et en additionnant les bibliothèques, les bibliothèques-discothèques et les médiathèques, seules neuf bibliothèques parisiennes porteront dans un futur proche (hors Rilke) le nom d’un écrivain :
• bibliothèques : Charlotte-Delbo (2e) et Marguerite-Audoux (3e) ;
• bibliothèques-discothèques : André-Malraux (6e), Saint-Simon (7e), François-Villon (10e), Edmond Rostand (17e), Maurice-Genevoix (18e) ;
• médiathèques : Marguerite-Yourcenar (15e) et prochainement, dans le 20e, celle-ci, qui doit porter le nom de Marguerite Duras.
F. A.
Il serait bien aussi de ne pas oublier les insurgés de juin 1848 : pas un nom unique, mais un groupe anonyme, oublié de l'histoire. Voir ce petit article http://www.verts-paris11.org/spip.php?article72
Rédigé par : kawouede | 13/03/2009 à 12h11