Conflit . Le personnel des Amandiers, en grève depuis vendredi, dénonce des rémunérations « à la tête du client ».
Il ne fait pas forcément bon travailler dans les structures d’accueil pour personnes âgées. Après les grèves en mai dans une vingtaine d’établissements du groupe Korian, c’est au tour de Medica France d’être touché par un mouvement social pour les salaires. Les Amandiers, maison de retraite médicalisée située dans le 20e arrondissement à Paris, est en grève depuis vendredi. Sur 57 employés, 49 seraient en grève. « Cela fait six mois que l’on demande des négociations sans résultat », souligne Birame Niakhe, infirmier et délégué CGT.
La principale revendication porte sur l’uniformisation de salaires. Car, après avoir épluché toutes les feuilles de paye, les grévistes auraient mis le doigt sur d’énormes différences de traitements. « Quelques auxiliaires de vie touchent un complément salarial de 380 euros qui ne répond à aucun critère d’attribution, de l’aveu même de la direction, soutient Birame Niakhe. Des écarts allant jusqu’à 700 euros ont aussi été constatés entre des salariés ayant le même grade et la même ancienneté. Enfin, certaines fiches de paye sont sous le minimum de la convention collective, pour on ne sait quelle raison. Bref, c’est à la tête du client ». Selon les grévistes, le préjudice s’élève à 20 000 euros par salarié, sur les cinq dernières années.
Au-delà des disparités, c’est aussi le niveau des salaires qui a nourri la colère, dans cet établissement où les chambres sont chères. Près de 4 000 euros par mois. Claire, titulaire d’un diplôme d’État d’aide-soignante, est responsable du « linge plat » (draps, serviette) aux Amandiers. « Avec mon grade de gouvernante, je touche 1 800 euros net par mois mais la plupart des aides-soignantes gagnent entre 1 200 et 1 300 euros par mois », affirme-t-elle.
Malgré un accord de principe (non signé) entre les grévistes et la direction, le conflit s’est vite envenimé. Lundi, Medica France a sollicité justice et huissiers, au motif que « la continuité des soins n’est pas assurée ». La veille, une quarantaine des 125 résidents avaient été évacués. En réponse, les grévistes ont appelé l’inspection du travail, pour montrer qu’ils effectuent le service minimum. Hier après-midi, une délégation du personnel était reçue au tribunal de grande instance de Paris, tandis que les négociations reprenaient avec la direction.
Mehdi Fikri, pour l’Humanité du jeudi 16 octobre
Note : la situation perdurait lundi 20 au soir, alors que des chaises, une table de jardin et un parasol étaient installés rue Louis-Delgrès, entre la MAPI des Amandiers (qui a son entrée rue des Cendriers) et le Terrain d’éducation physique (TEP) des Amandiers, vers la rue des Cendriers.
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