La brigade des sapeurs-pompiers de Paris est submergée d’appels. Il y en a eu 1,3 million en 2007, débouchant sur 320 000 interventions pour secours à victimes. Ce nombre augmente de 6 % par an. Pour contrecarrer cette situation mettant en difficulté les soldats du feu, le conseil de Paris a voté mardi un projet lancé par le maire UMP du 15e arrondissement, Jean Goujon, visant à mettre fin aux appels intempestifs passés aux sapeurs-pompiers. Le but est de responsabiliser les Parisiens et, le cas échéant, de facturer les interventions consécutives à des coups de fil abusifs.
L’idée avait été lancée mi-juillet par le général Joël Prieur, commandant des sapeurs-pompiers de Paris, soulignant que « certaines personnes utilisent les numéros d’urgence pour des raisons qui ne sont pas urgentes, quitte à maquiller une blessure sans gravité en symptôme grave ». C’est par exemple le cas de parents dont les enfants ont une simple gastro-entérite et qui la transforment en péritonite auprès de la plate-forme d’appels pour être sûrs que les pompiers interviendront. « La population parisienne nous utilise comme les médecins de famille d’autrefois qui se déplaçaient à domicile. Ce n’est pas notre mission », se plaint le général Prieur.
Des embauches impossibles
Jean Goujon, rappelle que son texte vise simplement à « recentrer l’action des pompiers sur ce pourquoi ils sont formés, c’est-à-dire le secours aux victimes graves ». Les incendies ne représentent en effet plus que 7 % des interventions contre 41 % pour ce qu’il appelle la « bobologie ». Le maire du 15e arrondissement explique aussi ce chiffre par la défection de certains services de la ville de Paris. « Il n’est pas normal qu’une brigade de pompiers sorte dix-sept fois par jour, comme on l’a vu, pour s’occuper d’un sans domicile fixe. C’est aux services sociaux de s’en charger. Le nombre d’interventions progresse constamment mais on ne peut pas indéfiniment augmenter les effectifs, il faut donc trouver une solution. »
Pour Alain de Tonquedenc, de l’ordre de Malte, il convient de nuancer la situation. « Il existe certaines situations d’urgence pour lesquelles les associations sur le terrain sont dépassées et il n’est alors pas aberrant de faire appel aux pompiers. Il y a aussi certaines populations âgées, seules, fragiles qui préféreraient faire appel à des pompiers en qui elles ont confiance plutôt qu’à des intervenants extérieurs. Néanmoins, il est évident que libérer une personne coincée dans sa salle de bains concerne plus un serrurier qu’une brigade, alors pourquoi pas, dans ce cas, facturer l’intervention ? »
Sensibiliser la population
Le service presse de la brigade des sapeurs-pompiers de la capitale ne souhaite pas faire de commentaire pour le moment, déclarant simplement que « le signal d’alarme a été tiré et qu’il semble avoir été entendu ». La résolution du problème passe également par une sensibilisation de la population. Une campagne de communication sur ce sujet, intitulée « N’abusez pas des appels d’urgence », sera bientôt lancée dans la capitale.
Romain Katchadourian, pour France-Soir du 3 octobre
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