Le Nigérian sans papiers était recherché pour une affaire de stupéfiants
Un homme de 47 ans s’est défenestré du 7e étage, hier à 6h30 du matin, alors que des policiers défonçaient la porte de chez lui, au 97, boulevard de la Villette à Paris (10e). Elvis A., un Nigérian clandestin, père de quatre enfants, est décédé des suites de ses blessures. Il était soupçonné de trafic de drogue et d’association de malfaiteurs.
« Police ! » Alors que les agents de police judiciaire de Meaux agissant sur commission rogatoire frappent à sa porte, Elvis A. saute du lit, traverse la chambre de ses enfants et passe par la fenêtre. « Il a voulu sauter pour atteindre le balcon du sixième étage mais n’y est pas parvenu… », souffle Huguette, la femme du défunt. Les pompiers effectuent bien un massage cardiaque, mais rien n’y fait. Son décès est constaté à 7h07. L’appartement familial est fouillé de fond en comble. Selon une source proche de l’enquête, la perquisition est « fructueuse », même si les forces de l’ordre ne trouvent pas de drogue.
Son épouse va porter plainte
Un « élément intéressant » permettrait d’établir le lien entre Elvis A. et un vaste trafic de drogue entre les Antilles et la métropole. « Mais les policiers n’ont trouvé ni drogue ni argent, s’emporte Huguette, qui affirme avoir été insultée par les forces de l’ordre. La seule chose qu’ils ont trouvée, c’est un agenda avec des noms et des numéros de téléphone. Ce n’est pas ce qui fait de lui un grand trafiquant… » Avec sa sœur et ses quatre enfants de 11 ans à 2 mois, Huguette veut avant tout pouvoir se recueillir sur la dépouille de son mari avant de l’enterrer au Nigeria. « Puis je vais porter plainte contre la police. Je ne laisserai pas ce crime impuni. »
L’inspection générale de la police nationale, sorte de police des polices, est chargée de l’enquête. Le 20 septembre 2007, une Chinoise sans papiers de 51 ans était morte dans les mêmes conditions, se jetant par la fenêtre alors que des policiers frappaient à sa porte. Le drame s’était produit sur ce même boulevard de la Villette. Mais, contrairement à Elvis A., Chunlan Liu ne faisait l’objet d’aucune enquête de police.
Raphaël Domenach, pour Le Parisien (édition Seine-et-Marne Nord)
« Selon une source judiciaire, les enquêteurs de la PJ de Meaux agissaient sur commission rogatoire d'un juge d'instruction de Meaux, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en avril 2007 sur un trafic de stupéfiants entre l'Amérique du Sud et la métropole, via les Antilles, notamment la République dominicaine. Le Nigérian était "un maillon du réseau" qui "implique aussi des Africains", pour des "activités logistiques à Paris", selon une source policière. C'est dans le cadre de cette enquête que les policiers de Meaux avaient découvert, en mars 2008 à Orléans, le corps sans vie d'une "passeuse" de 15 ans, morte d'overdose après avoir ingéré à Saint-Martin aux Antilles une centaine de boulettes de cocaïne, dont une avait éclaté. », indique une dépêche de l’AFP datée d’hier vers 20h.
⇒ Voici un an (le 5 octobre 2007), un jeune ressortissant du Nigeria s’était fait piéger par la préfecture de l’Essonne.
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