A l’initiative de Pluri-elles Algérie et du Manifeste des libertés, une table ronde « Récits et enjeux » sur la semaine sanglante d’octobre 1988 aura lieu le samedi 11 octobre, de 14h à 20h, au Centre Louis-Lumière, anciennement Paris pour les Jeunes, (46, rue Louis-Lumière, dans le 20e, métro Porte de Bagnolet).
Le 5 octobre 1988, des milliers de jeunes occupent les rues d’Alger pour réclamer, avec fracas, plus de droits et de justice. En quelques jours, la révolte gagne la plupart des grandes villes du pays. L’état de siège est déclaré : les responsables politiques et militaires répondent par le mépris, et ne tardent pas à ordonner une répression sanglante, d’une ampleur et d’une intensité inégalées depuis l’indépendance. Officiellement de 161 morts, le bilan dépasse, en réalité, les cinq cents morts ; il y a des centaines de blessés et de manifestants arrêtés, et parfois torturés.
Le bouleversement est général, en particulier chez celles et ceux qui avaient résisté contre le colonialisme, lutté pour la libération du pays, comme le fit remarquer Mohammed Harbi : « Les militants de ma génération, qui ont connu la colonisation, ne peuvent pas ne pas être bouleversés par l’image de nos enfants assassinés, les enfants de notre peuple pauvre, les enfants sans espoir ni avenir, les enfants dont les martyrs de nos montagnes et de nos villes pensaient qu’ils seraient les bénéficiaires de la libération de notre pays. » (« Lettre aux citoyennes et citoyens algériens. 24 mars 1989 », revue Sou’al, n° 9-10). D’aucuns considèrent même que la rupture ainsi intervenue entre le peuple et le pouvoir est consommée, et que rien ne viendra la combler.
Quelles que soient les interprétations qui en ont été faites, le soulèvement d’octobre 1988 a ouvert une brèche de liberté dans un pays dominé par la dictature et le régime du parti unique – une brèche dont les effets ne concernent pas que les Algériens.
Vingt ans après, les participants à cette table-ronde reviennent sur ce soulèvement, et tentent d’en mesurer la portée politique.
• 14h-15h : en introduction, projection d’un film documentaire de Merzak Allouache, tourné en novembre 1988.
• 15h-18h30 : table-ronde, avec les premiers intervenants : Ihsène Elkadi, journaliste ; Nourrédine Saadi, juriste ; Benjamin Stora, historien.
• 18h30-20h : moment musical avec le groupe Cheikh Sidi Bémol.
Cette table ronde est organisée avec le soutien de nos voisins de l’ACB (Association de culture berbère), l’AMF (Association des Marocains en France), l’APEL (Association pour l’égalité devant la loi), l’ASPA (Amitié Solidarité avec le peuple algérien), l’ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France), l’ATF (Association des Tunisiens en France), la FTCDR (Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives), l’association Au nom de la mémoire, l’association Coup de soleil, l’Institut Mehdi Ben Barka-Mémoire vivante et la Ligue des droits de l’homme.
Pour participer à cette table ronde, merci de réserver en cliquant ici.
⇒ Le 5 octobre 1988 : ce que j'en sais, par Me Ali Yahia Abdennour, dans Le Matin (Alger)
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