Après le racisme, la mémoire d’un « territoire »
Deux ans après Le Plafond de verre, sorti en salles en janvier 2006 et essentiellement axé sur le racisme et la discrimination à l'emploi, Yamina Benguigui, élue du 20e arrondissement et conseillère de Paris, également adjointe au Maire de Paris, chargée des droits de l'homme et de la lutte contre les discriminations, tient, semble-t-il, à ce titre, même hors de ses fonctions électives. Et le montrera ce soir aux abonnés de Canal +.
Un mot qui, pour elle, n’est pas vain, à en croire le concert de louanges auquel on a pu assister ces derniers jours à la fois de la part de l’architecte urbaniste (implanté dans le 20e) Roland Castro que des divers « spécialistes » de l’audiovisuel,… jusqu’à La Matinale (Canal +) de ce matin, qui pourtant, était censée être exclusivement consacrée à la crise financière. Dans le documentaire inédit qui passe à compter de ce soir, la réalisatrice retrace l'histoire de la Seine-Saint-Denis… de 1850/70 aux émeutes de 2005, emblème du malaise des banlieues françaises. Jeudi dernier, La Valise diplomatique lui a même consacré un dossier, fait assez rare pour une émission de télévision… qui est peut-être, avant tout, à regarder comme un phénomène de société.
Combien ont été, par exemple, les « experts » qui n’avaient pas vu arriver novembre 2005 en banlieue parisienne, copie quasi-conforme de ce qui a pu se passer tout juste quinze ans plus tôt (en octobre 1990) à Vaulx-en-Velin (Rhône) ?
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Le 25 février 2008, Yamina Benguigui était élevée au grade d'officier de l'Ordre national du mérite, à quelques semaines des élections municipales, où elle allait être élue dans le seul arrondissement parisien où la droite n'est pas représentée… Le décret datait de mai 2007.
Photo : Reuters
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En deux ans de travail sur l’ensemble du département, dès la présentation du Plafond de verre, la cinéaste-citoyenne, dont le site officiel est ici, tente, à l’aide de témoignages d’habitants et de spécialistes (historiens, urbanistes, architectes), de responsables politiques (préfet, députés, maires) de nous faire comprendre l’épopée industrielle de la moitié du XIXe siècle. Des images d’archives montrant, entre autres, la délocalisation des industries polluantes de Paris vers son Nord-Est. Un choix apparemment stratégique, à la fois pour l’espace disponible et pour l’emplacement géographique : il fallait trouver « un lieu dont les vents ne favoriseraient pas l’envol des fumées d’usine et des odeurs pestilentielles vers la capitale ».
Présentation par la chaîne :
Cinéaste musulmane, Française d'origine algérienne, Yasmina Benguigui a grandi écartelée entre deux cultures. Chacun de ses films est précurseur d'un débat de société. Dix ans après avoir réalisé une série documentaire sur l'histoire de l'immigration maghrébine, elle retrace celle de la Seine-Saint-Denis. De 1850 aux émeutes de 2005, elle tente de comprendre pourquoi ce département est aujourd'hui considéré comme l'emblème des tensions sociales du pays. Dans les années 60, la désindustrialisation a provoqué le départ des classes moyennes, laissant la place à une population d'immigrés alors qu'une nouvelle génération naissait sur ce territoire.
⇒ La présentation de El Watan de ce jour
⇒ La critique de Télérama
F. A.
Note du ouaibemaître : Bien que les chaînes publiques ne se soient pas aventurées dans le financement (comme le Conseil régional d’Ile-de-France, d’ailleurs), une diffusion pourrait avoir lieu sur France 2, à une date et selon des modalités restant à déterminer…
9/3, mémoire d'un territoire
Canal +, 20h50, ce soir
Documentaire société inédit, durée 1h30
Rediffusions annoncées : lundi 29 septembre à 22h25 sur Canal + Décalé, mardi 30 septembre à 20h50 sur Canal + Décalé, jeudi 2 octobre à 10h sur Canal + Décalé, dimanche 5 octobre à 1h20 sur Canal + Décalé, vendredi 10 octobre à 10h50 sur Canal +
dans cette banlieue, il n'y a pas que des immigrés, mais aussi des Français de provinces françaises… de plus cette banlieue est "à gauche" et communiste : leur soi-disant politique proche de la population n'a pas eu d'effet cette année-là.
Bisounette perplexe
Rédigé par : Bisounette | 29/09/2008 à 14h17
Je ne sais pas ce que tu appelles "cette année-là".
Et je ne vois pas ce que viennent faire les origines des gens dans la construction, sur plus d'un siècle, d'une banlieue où se mêlent industries et cités-dortoirs.
Je ne comprends pas trop ta remarque…
Rédigé par : Fabien | 29/09/2008 à 15h18
cette année là : c'est 2005. l'origine des gens a son importance ; les constructions "à la va vite" étaient bien suffisantes pour ces masses de travailleurs (français ou étrangers). Ma remarque est qu'il n 'y a pas que des gens d'origine étrangère vivant dans le 93. Nanterre dans le 92 est une illustration à petite échelle du 93.
Bisounette sociologue
Rédigé par : Bisounette | 29/09/2008 à 20h25
Selon Canal +, qui se félicite de ce résultat, environ 500 000 téléspectateurs (plus de 7 % de parts d'audience) ont regardé le documentaire de Yamina Benguigui hier, lors de sa première diffusion, qui avait lieu sur la fin du Ramadhan et au début du Nouvel An juif, ce qui pouvait exclure un certain public.
Un lien spécifique a été mis en place sur le site de Canal + :
http://93.canalplus.fr/
Outre l'aspect très spécifique à la Seine-Saint-Denis (département existant depuis la Loi de 1964) et à son industrie, le documentaire était suffisamment bien "découpé" et abordable pour tous. Pas nécessaire, loin de là, de sortir des grandes écoles pour comprendre comment on en est arrivé à cette situation. Reste à savoir pourquoi… Car le 9/3 n'est pas le seul "territoire" laissé à la dérive !
Rédigé par : Le ouaibemaître | 30/09/2008 à 12h02