Grand spectacle au tribunal de Saint-Pierre
Le procès du bâtonnier Georges André Hoarau poursuivi pour diffamation « envers un fonctionnaire, un dépositaire de l’autorité publique, ou un citoyen chargé d’un service public… » se déroule aujourd’hui à Saint-Pierre. Le 15 mai dernier, l’avocat avait repris, lors d’une plaidoirie, les informations à propos d’un diplôme prétendument revendiqué par Rachida Dati.
« On poursuit des gens qui produisent des faux pour des allocations, mais un procès qui n’aura jamais lieu, c’est celui de notre grande chef à tous, Mme Rachida Dati, qui utise un faux, un MBA… », aurait affirmé l’avocat lors de sa plaidoirie. Un texte contesté, aux versions contradictoires, qui a généré une riposte disproportionnée du procureur Cambérou et qui plonge aujourd’hui le tribunal de Saint-Pierre dans un chaos unique. Le décor est planté. Et pour cette fois, Roger Harth et Donald Cardwell, décorateur et costumier énoncés pendant près de vingt ans par des comédiens tels que Jean Le Poulain, sont absents du générique. L’auteur de la comédie dramatique qui se tient aujourd’hui, le procureur Patrice Cambérou, est déjà décrié. Ses détracteurs lui reprochent de transformer l’enceinte du tribunal en scène de théâtre de boulevard. Et dans le rôle qu’il s’est attribué, au début de l’intrigue, il n’a pas davantage de supporters. Viendra, viendra pas… Montera-t-il sur les planches ou se contentera-t-il de la fonction de souffleur ?
Rachida Dati n’est pas partie civile
Lorsque le programme de l’audience a été publié, Patrice Cambérou était absent de la distribution. A sa place, dans le haut de l’affiche, aux côtés du bâtonnier incriminé et du premier président du tribunal, siégeait son remplaçant. Et puis, avant-hier, la rumeur d’un retour de la star s’est faite plus pressante. Illumination soudaine, pression de ses supérieurs, le n°1 du parquet retrouverait les feux des projecteurs. Comme dans les scénarios des comédies de Roussin, les portes s’ouvrent et se ferment, grincent ou claquent au rythme des apparitions d’un des membres de l’intrigue. Le sens du spectacle n’a pas échappé au barreau regroupé derrière « son prévenu ». L’ex-bâtonnier, apte à assumer le rôle du bâtonnier en exercice en cas d’empêchement, Maître Isabelle Lauret, a pris les choses en mains. Elle va marquer de sa patte le déroulé de l’audience tel un metteur en scène affine les plans de son film. Elle n’a pas ménagé ses efforts, cumulant son rôle premier à celui de décorateur, et même d’acteur, puisqu’elle se tiendra au premier rang de la salle à côté de son bâtonnier assis sur le banc des accusés. Elle a réglé l’événement comme une partition et en donnera le ton dès ce matin, trois heures avant l’audience, composant, comme un patineur, avec les figures libres et les figures imposées. En haut de l’estrade, le tribunal qui devrait être formé du premier président, le juge Philippe Cavalerie et de ses deux assesseurs. Sur la droite le ministère public, avec Patrice Cambérou ou comme écrit sur le script Georges Gardie, et sur la gauche le greffier. Devant le président l’accusé, Georges-André Hoarau et le banc de la défense veillant sur sa robe et son bonnet. Juste derrière lui les bâtonniers, Isabelle Lauret du Sud, d’abord, puis Michel Bidois du nord, et Jean-Louis Keita de la conférence des bâtonniers, et Michel Lagourgue, représentant le conseil national des barreaux, le bâtonnier de Mayotte, le délégué de la FNUJA, les jeunes avocats qui ne souhaitent pas jouer les plantes vertes. A leur hauteur, de l’autre côté de l’allée centrale, les défenseurs du bâtonnier Hoarau, Djalil Gangate de Saint-Pierre et Gilbert Lambert de Saint-Denis. Inutile de chercher la partie civile dans le décor. Il n’y en aura pas. Rachida Dati la « présumée diffamée » qui a reçu « son avis à victime » sera absente. L’icône de la République n’entend pas jouer les symboles et défendre son image. Elle a même décidé de ne pas se porter partie civile, dénaturant considérablement le combat mené par le procureur Cambérou en son nom. Car si la « présumée diffamée » ne s’estime elle-même pas suffisamment diffamée pour demander réparation, que reste-t-il de l’accusation ? Au point qu’hier, au palais, on affirmait que Cambérou « s’était montré plus royaliste que le roi » ou « qu’il se sentait plus diffamé que sa ministre, et que la justice n’était pas là pour réparer les ego blessés ». Et derrière, dans les bancs habituellement occupés par les proches des accusés et le public, la grande famille du barreau de France, de Navarre, des Dom et d’ailleurs, unis et réunis. Une salle noire d’hommes en noir, une centaine d’avocat venus assurer le bâtonnier de leur sympathie et de leur soutien. Des hommes inquiets devant les menaces qui pèsent sur leur fonction, et mobilisés contre « cette poursuite qui porte atteinte aux droits de la défense, à leur liberté de plaider et contraire à la nature même de leur serment ». Les trois coups qui marquent le levé du rideau de ce spectacle exceptionnel sont prévus à 14h. Les retardataires resteront sur le parvis
Christian Chardon, pour Le Journal de l’Ile de La Réunion
Quand Rachida Dati portait la robe…Dans son édition du 7 octobre 1999, le Journal de Saône-et-Loire évoquait la fulgurante carrière de la jeune magistrate originaire de Chalon-sur-Saône. Saluant « un parcours exemplaire », le journaliste rappelle le CV de la future Garde des Sceaux, dont, déjà, le fameux “MBA” prétendument obtenu à HEC et qui prête encore aujourd’hui à polémique. La jeune juge de 33 ans pose alors pour la postérité dans la robe noire dont lui a fait cadeau l’un de ses mentors de l’époque, la vénérable Simone Veil. C’était pour son installation au tribunal de grande instance de Péronne (Somme) qui, ironie du sort, allait se retrouver près de dix ans plus tard sur la liste des condamnés de la nouvelle carte judiciaire souhaitée par la ministre.
S. G.
c'est pô sa semaine à cette pov'Rachida :
« Dans les pays arabes, la grossesse de Rachida Dati ne choque que la frange la plus réactionnaire »
Par LePost
Le Post - Jeudi 25 septembre, 20h14
"La ministre de la Justice de la France est enceinte. Elle l'a elle-même confirmé. Célibataire, elle a refusé de décliner l'identité du père. Un comportement inadmissible au regard du monde arabe", écrit Le Courrier International, le 12 septembre en introduction à un édito d'un journaliste saoudien sur la grossesse de la ministre.
Inadmissible? Tout dépend du point de vue...
1. Pour certains, c'est une "insulte"
- Pendant le mois sacré de Ramadan, le fait que Rachida Dati soit enceinte et célibataire aurait été perçu comme "une insulte faite aux musulmans et à leur foi" sur la blogosphère arabe, selon Bakchich.info. Certains blogueurs rappellent, selon le site satirique, qu'elle a été "placée par Nicolas Sarkozy au gouvernement comme un modèle pour les musulmans de France", avant de s'insurger: "quel exemple pour les sœurs!"
2. Pour un autre, il ne faut pas la condamner
- Pour Fares Ben Huzam, éditorialiste du quotidien saoudien Al-Riyahd, cité par Le Courrier International, Rachida Dati, qui est française d'origine marocaine, "est maîtresse de ses décisions et il lui appartient de faire ce qu'elle veut sans que cela porte à conséquence. En France, la grossesse n'est pas liée au mariage et les naissances hors mariage ne sont pas une tare (...) La ministre n'a donc rien fait qui soit étranger à sa société. C'est la consécration au niveau officiel d'un comportement qui, dans cette culture, relève de la normalité, alors que pour nous un tel acte est scandaleux, voire catastrophique. Par conséquent, il ne faut pas condamner d'autres sociétés pour ce qu'elles ne considèrent pas comme condamnable."
3. Et l'opinion publique arabe, comment perçoit-elle la grossesse de Rachida Dati?
Contacté par Le Post, un journaliste algérien basé à Paris explique: "Dans les pays arabes, la grossesse de Rachida Dati ne choque que la frange la plus réactionnaire. Les journaux arabes qui en ont parlé l'ont fait pour aller dans le sens de cette partie de la population. Pour exalter les valeurs traditionnelles de la société arabe."
Avant de nuancer: "Il y a très peu de gens qui sont au courant qu'elle est enceinte. Certains grands quotidiens arabes parlent beaucoup de la France mais pas de cette info, très éloignée des préoccupations de la population."
Ce journaliste remarque: "Au Maghreb, le grand public ne s'intéresse pas du tout à la grossesse de Dati. Là-bas, elle n'est quasiment pas connue". Pour comparer, ce journaliste constate: "La ministre peut dire ou faire ce qu'elle veut, cela n'intéresse personne au Maghreb. Par contre, dès qu'il y a une actu sur Zidane, les gens ne parlent que de ça!"
Contacté par Le Post, un étudiant marocain explique: "Si Rachida Dati s'est fait critiquer par certains, cela tient aux principes traditionnels de la société maghrébine, où les valeurs familiales ont beaucoup d'importance. Selon un schéma traditionnel, la femme se marie juste après avoir terminé ses études. Déjà, une femme célibataire n'est pas bien vue dans les coins les plus reculés du Maroc. Alors une femme célibataire qui est enceinte, vous n'imaginez même pas!"
Rédigé par : NO | 25/09/2008 à 21h20
Tos les journalistes de ce journal ont-ils tous cette "plume" fort agréable à lire.
Il y a le contenu et aussi la forme.
Il y en a au moins deux.
Rédigé par : Bernard | 25/09/2008 à 22h30
Bernard,
le JIR appartenant à la presse Hersant (le dernier des fils, Philippe, qui fut mon premier employeur), je peux te dire que la liberté de ton n'est pas tous les jours et pas pour tout le monde.
lorsque je travaillais à la Guadeloupe, Philippe Hersant était à la Martinique : son œil était plus attentif que maintenant où il est résident suisse.
et il y a eu quelques mouvements, ces derniers temps, dont un ancien otage de Jacques Mesrine (qui écrit plutôt mal à mon goût) et s'est géographiquement rapproché de toi.
sinon, à La Réunion, il y a bien sûr Témoignage (http://www.temoignages.re/), quotidien communiste fondé par le docteur Vergès, où l'on trouve aussi d'intéressantes informations, et un nouveau site ouaibe, plutôt de droite extrême, avec quelques indiscrétions intéressantes, que j'ai déjà cité ici pour des information qui ont aussi eu une ampleur nationale…
Mais, pour en revenir au JIR, mon généraliste préféré reste Testa. Chardon est davantage spécialisé dans les prétoire (c'est pourquoi jusqu'à présent tu as dû le trouver deux ou trois fois en deux ans chez moi, sur plus de 2600 billets publiés…).
Bonne journée.
Rédigé par : Fabien | 26/09/2008 à 08h19
@ NO,
merci pour cette information, qui certes n'est pas d'une importance vitale, mais éclaire d'un œil que je n'avais pas saisi la période du Ramadhan.
bien sûr, Dame Dati est célibataire, et cela ne se fait pas (quelle que soit la religion), mais je n'avais pas percuté sur la période de l'annonce de la grossesse, ma foi quelque peu inopportune !
Rédigé par : Fabien | 26/09/2008 à 08h22
ça vous intéresse le nom du père ?
Bisounette Pipelette
Rédigé par : Bisounette | 26/09/2008 à 14h37
Ah bon, l'annonce d'une grossesse d'une femme célibataire d'origine immigrée est "inopportune" pendant le Ramadan !
J'en crois pas mes yeux, c'est quoi ces réflexions pour le moins rétrogrades.
Et puis la grossesse de Dati n'a vraiment aucun intérêt sauf pour elle et éventuellement le père de l'enfant. Quelle soit ministre ou pas ne change rien à l'inintérêt de la chose.
Rédigé par : raannemari | 26/09/2008 à 14h49
Qu'elle soit ministre ou pas ne change rien à la situation, j'en conviens.
Toutefois, elle est célibataire, et chez les religieux extrémistes (des trois religions monothéïstes), cela peut paraître choquant.
Pour la période d'une fête de contrition, j'avoue que je n'avais pas pensé au côté peu opportun d'annoncer la chose… Mais comme il s'agit d'une femme publique (connue sur le plan international), on en revient au point 1 : le fait qu'elle soit ministre est important… qui plus est ministre d'un ministère régalien, et que l'on a très (trop ?) souvent vue en compagnie du président de la République lors de déplacements officiels. Et qui se trouvait ces derniers jours en Israël et en Palestine…
Rédigé par : Fabien | 26/09/2008 à 17h08