L'Est parisien aura sa mosquée « officielle »… quand il y aura assez d'argent pour payer
A la veille du début du Ramadhan, le chantier de construction de la mosquée Adda’wa, dans le 19e arrondissement a enfin été relancé. Il était en stand-by depuis près de deux ans. Voilà donc les engins de retour sur le site du 39, rue de Tanger pour préparer les fondations du bâtiment. Qui, davantage qu’une mosquée traditionnelle, devrait être un espace cultuel et culturel islamique dénommé a priori « centre socio-culturel ».
—————
Avant de construire les sept étages prévus côté rue, il faut trouver des sous… Pour l'instant, il n'y aurait que de quoi faire les fondations.
—————
Le site doit accueillir une salle de prière d’environ mille six cents places et, côté rue, un bâtiment de sept étages avec des salles de conférence, des salles de classe et des locaux pour des activités socioculturelles.
De par la Loi de séparation des Eglises et de l’Etat, qui jusqu’à ce jour n’a vu qu’une dérogation avec la création de la Grande Mosquée de Paris (inaugurée en 1926 par le président Doumergue, et dont le véritable projet vit le jour après la bataille de Verdun, et non après la guerre de 1870), le financement provient des dons des fidèles de l’ancienne salle de prières de la rue de Tanger. Mais le budget du projet (le chiffre de 14 M € est avancé par diverses sources, dont les plus concernées) est bien loin d’être bouclé. Larbi Kechat, le recteur de la mosquée (qui existe déjà depuis… 1979 de façon officieuse et est la deuxième plus grande de Paris, après celle du Quartier latin), indiquait récemment qu’il n’avait que de quoi faire… les fondations.
Aussi est-il allé à la recherche de fonds à l’extérieur, comme aux Emirats Arabes unis. Car il n’est pas question d’avoir recours à l’emprunt, interdit par la tradition chez certains musulmans. Combien de temps durera le chantier ? Impossible, dans ce cas, de le savoir, même si ce projet était très attendu par la communauté musulmane parisienne.
Car, dans les grandes occasions, l’ancien endroit qui faisait office de lieu de culte pouvait accueillir jusqu’à quatre mille fidèles. Le chantier « sans fin » de reconstruction de cette mosquée qui commence à prendre valeur de symbole dans l'Est parisien a au moins le mérite de mettre en lumière le manque criant de lieux de culte musulmans dans la capitale (il est également quasiment impossible pour un musulman pratiquant de se faire inhumer selon les traditions).
Pendant la durée des travaux, la Ville de Paris a mis à la disposition des responsables de la mosquée un terrain à la porte de la Villette. Les pratiquants se retrouvent pour une durée indéterminée coincés entre le bâtiment des Restos du coeur et celui de la brigade d’assistance aux sans-abri, ce depuis 2006, puisque les travaux auraient dû commencer plus tôt (lire ci-dessous le sujet de Saphirnews de décembre 2005). Ils n’y disposent que d’une salle de prière ou, pour être plus précis, d’un grand hangar métallique où les fidèles se regroupent cette année pour leur troisième ramadan.
Certains fidèles ne vont pas jusque là (un peu trop éloigné), d’autres s’en satisfont. Une chose est certaine : lorsque le chantier sera fini, il y aura foule rue de Tanger. Mais combien y aura-t-il encore de périodes de fêtes, et notamment de jeûnes de Ramadhan, jusqu'à la réintégration rue de Tanger ?
Fabien Abitbol
⇒ Fin de galère pour la mosquée Adda’wa (Saphirnews, 19 décembre 2005)
Commentaires