Quand la sirène retentit, qu'ils soient en train de manger, de dormir ou sous la douche, ils bondissent dans leur véhicule en moins d'une minute. Toujours prêts à « décaler », c'est-à-dire à partir en intervention, les 112 soldats du feu de la caserne Ménilmontant (Paris 20e) ont beau être jeunes et vaillants, ils sont en surrégime. L'an dernier, ils sont partis à 15 000 reprises (+ 4 % par rapport à 2006).
Mais, le plus souvent, c'est pour tomber sur des cas comme celui-ci... Après être tombé en scooter à 17 h 30, un homme de 25 ans appelle les pompiers à 22 h 30 en évoquant une grave douleur à un bras.
A l'arrivée des secours, victime d'une simple contusion, il leur lance : « Je vous ai appelés car je ne savais pas aller tout seul à l'hôpital. » « On nous prend pour des taxis… », proteste l'un des secouristes. Une femme de 27 ans téléphone en se plaignant du genou. En réalité, elle en souffre de manière régulière et vient de passer l'après-midi à danser… Appelés une nouvelle fois, pour une « personne blessée », les soldats du feu accourent. Un motard en péril ? Non, celui-ci est victime d'un simple hématome qui ne nécessite aucun acte médical. Ce 2 juillet, sur 16 interventions, quatre se sont révélées « abusives ». Le quatrième « abus » concerne un homme qui s'est très légèrement ébouillanté.
Deux heures de sommeil
« Dans tous ces cas, il n'y a aucune situation d'urgence et les victimes pouvaient se gérer seules », analyse l'adjudant-chef Alain Eluau, pompier depuis vingt-deux ans. Après avoir réalisé quatre interventions entre minuit et 7 heures du matin, les hommes du sergent Vega auront dormi deux heures, en quatre « siestes » de vingt à quarante minutes. Et certains enchaînent soixante-douze heures de garde de rang. Soit trois nuits blanches potentielles. « Les gars deviennent vulnérables, surtout la nuit à cause de la fatigue », reconnaît l'adjudant-chef. Le capitaine Jean-Côme David, le responsable de la caserne, est plus direct : « On va dans le mur ! »
Raphaël Domenach, pour Le Parisien du 13 juillet
—————
« De plus en plus dur »
Nicolas Boyer, 30 ans, pompier
Neuf ans après avoir intégré la brigade, sa « flamme est toujours vivace ». « Pourtant, ces dernières années, c'est de plus en plus dur », souffle ce sergent aux yeux bleus, affecté à la caserne de Ménilmontant (Paris 20e). « Quand j'ai débuté, je pouvais faire treize ou quatorze interventions par jour. Aujourd'hui, j'atteins la vingtaine. Les gens nous appellent pour n'importe quoi », explique Nicolas Royer, 30 ans. Les répercussions sont nombreuses sur sa vie quotidienne.
« Je n'ai plus le temps de faire mon travail administratif ou de suivre les formations » », indique le jeune homme, qui gagne 1 900 € par mois. Et pourtant, il n'envie pas les « civils », lui qui enchaîne jusqu'à soixante-douze heures consécutives. « J'adore ça. Je me sens utile. »
R.D.
Commentaires