Xénophobie, citoyens et nouveaux barbares
Dilemme. Les violences xénophobes qui ont affecté l’Afrique du Sud suscitent quelques réflexions sur des notions de citoyen, d’étranger, de nécessité économique et de politiques d’immigration… La Réunion est aussi concernée par cette problématique que peuvent l’être ses voisins ou sa métropole…
En France, le problème des « sans-papiers » oppose le gouvernement Sarkozy aux apôtres de la régularisation massive. Les uns entendent limiter l’accès du territoire aux seuls immigrants légaux quand les autres prônent assez hypocritement une citoyenneté universelle qui n’existe dans aucun pays du monde. La gauche stigmatise le racisme et la xénophobie latents de la droite, et la droite dénonce l’irresponsabilité de la gauche. En France et en Europe, on entend contrôler l’immigration et le flux d’étrangers.
Bien des polémiques sont orchestrées sur cette base, dans lesquelles on feint d’opposer un angélisme de convention à des comportements répressifs supposément fascisants. Pour le ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux, il n’y aura « pas de régularisation massive et générale » des travailleurs sans papiers. Car « le devoir d’un gouvernement n’est pas de cautionner l’illégalité ». Brice Hortefeux affirme cependant sa volonté de prendre en compte des situations individuelles, « en fonction de l’intégration de chaque individu ». Quant à l’application en France de la directive européenne visant à prolonger jusqu’à 18 mois la durée de détention des clandestins, le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire déclare vouloir s’en tenir « aux normes françaises actuelles (…) Nous en resterons pour notre part à 32 jours tout en rappelant que la durée moyenne effective se limite à 12 jours (…) la directive fixe un plafond ».
Concernant l’intégration des primo-arrivants, Brice Hortefeux a annoncé la préparation d’un plan d’accompagnement et de formation aux métiers des services à la personne d’une partie des 45 000 personnes venues en France au titre du regroupement familial. Selon lui, il y a dans ce secteur « un vivier d’emplois qui pourrait concerner jusqu’à 10 000 personnes ».
Une prise en compte économique compatible avec l’une des préconisations du Rapport Attali, déposé sur le bureau de Nicolas Sarkozy le 23 janvier dernier, et qui prône la « Relance » par l’immigration. La commission Attali s’appuie sur la certitude de ce que la France, pour répondre aux besoins du marché du travail et à la nécessité de financer les retraites, doit obligatoirement recourir à la main-d’œuvre étrangère. A l’horizon 2015, selon Bercy, les besoins de recrutement seront évalués à 750 000 par an. Au-delà, s’agissant de doctrine, la commission considère que l’immigration, en tant que facteur démographique, est de fait une source de création de richesse et donc de croissance. Une vision de l’immigration qui n’est pas partagée par le plus grand nombre, le mythe des nouveaux barbares demeurant profondément ancré dans l’imaginaire occidental.
Dossier Philippe Le Claire et Bérengère, pour le Journal de l’Ile de la Réunion
⇒ On notera que, pour illustrer le principal sujet d’un dossier consacré à la xénophobie et à l’immigration, le quotidien réunionnais de Philippe Hersant prend comme illustration des… blancs défilant à Belleville !
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