Les lycéens doivent une nouvelle fois manifester ce mardi contre les suppressions de postes dans l'Education à la rentrée prochaine, au lendemain d'un durcissement de leur mouvement avec la constitution d'un large front anti Darcos rassemblant lycéens, enseignants et parents d'élèves, et l'appel à deux journées d'actions en mai. Dix-huit organisations de lycéens (UNL et Fidl en tête), enseignants et de parents d'élèves ont appelé lundi à deux journées d'actions unitaires, sans mot d'ordre de grève, les jeudi 15 mai et samedi 24 mai. Façon de signifier que les vacances scolaires débutant la semaine prochaine en Ile-de-France - là où la mobilisation est la plus forte depuis quinze jours - ne sonneront pas la fin du mouvement.
Pour s'opposer aux « conséquences du désastreux budget 2008 » qui prévoit 11 200 suppressions de postes d'enseignants à la rentrée prochaine, dont 8 830 dans le public, elles ont programmé « une journée nationale d'actions diversifiées le 15 mai », et le samedi 24 « une grande journée de mobilisation avec rencontres avec la population et manifestations dans tous les départements ».
Depuis le début du mouvement, le ministre de l'Education Xavier Darcos a tenté de convaincre que ces suppressions de postes (non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite) n'auraient pas d'incidence qualitative sur l'enseignement délivré aux élèves.
Mais jour après jour, les manifestations n'ont cessé de grossir. Mardi, tous, syndicats et gouvernement, s'attendent à une mobilisation plus forte encore, alors qu'entre 19 000 et 35 000 personnes ont manifesté jeudi dernier. Outre les suppressions de postes, les syndicats fustigent la généralisation du bac professionnel en 3 ans (contre 4 actuellement) et les nouveaux programmes de l'école primaire, prédisant que la qualité de l'enseignement s'en trouvera affectée.
En Ile-de-France, où la contestation, accompagnée de blocages d'établissements et de heurts, est la plus virulente, les incidents se multiplient, entraînant ici ou là l'exercice du droit de retrait par des enseignants. Lundi, le proviseur du lycée privé Teilhard-de-Chardin de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) a été agressé par un groupe de jeunes entrés dans l'établissement, en marge d'une manifestation de plusieurs centaines de lycéens dans la ville.
Face à la détermination des lycéens, soutenus par des enseignants et des parents d'élèves, l'UMP a tenté une sorte de médiation. « Nous pouvons comprendre les angoisses des lycéens, pour autant il faut être clair, ce qui importe au-delà des mesures numériques », c'est « encourager Xavier Darcos à présenter des réformes de fond », a fait valoir Dominique Paillé, un des porte-parole du parti, tandis que Frédéric Lefebvre, autre porte-parole, insistait sur la nécessité « d'associer les lycéens à cette réforme ».
Le syndicat lycéen UNI-lycée (proche de l'UMP) a lancé pour sa part une pétition pour protester contre les blocages d'établissements.
De son côté, le PS s'est inquiété lundi de l'attitude du ministre qui « semble s'installer dans une logique de bras de fer » et tient des « propos va-t-en-guerre ». Il a mis en garde le gouvernement « contre la tentation du pourrissement et de l'enlisement », tandis que l'ancien ministre socialiste de l'Education, Jack Lang, a lancé un « appel solennel » à Nicolas Sarkozy, afin que le chef de l'Etat revienne sur les suppressions de postes.
Sylvie Maligorne, AFP Paris, photo Bertrand Guay/AFP
⇒ La situation au Lycée Voltaire (11e), selon le ministre, qui se prend les pieds dans le tapis…
⇒ Le communiqué de l’UNL
⇒ L’appel à la mobilisation de ce mardi
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