Monoprix : l'affaire des sous-vêtements provoque une grève
Une déléguée syndicale en garde à vue, un magasin en grève, quelque 80 employés sur 90 mobilisés… Rien ne va plus au magasin Monoprix du 166, avenue Ledru-Rollin (11e).
Hier matin et mardi après-midi, les employés en ont même bloqué l'accès aux clients et aux livreurs… « Tant que notre collègue ne retrouvera pas son poste, nous ne reprendrons pas le travail », assure l'un d'eux.
Tout a débuté mardi à 14 heures quand Akila Diagne, déléguée syndicale et responsable du rayon lingerie, a été placée en garde à vue, suite à une plainte pour escroquerie déposée contre X… par la direction de Monoprix. La salariée de 49 ans est accusée d'avoir « écarté volontairement des sous-vêtements destinés à la vente et d'ainsi les (avoir) étiqueté à 0,50 € aux fins de pouvoir les acheter en période de solde », selon les termes de sa convocation judiciaire. En clair : l'employée de Monoprix depuis vingt et un ans est soupçonnée d'avoir détourné entre le 1er et le 20 février 411 sous-vêtements, dont la valeur marchande totale s'élèverait à 8 000 €.
« C'est de l'intimidation ! Akila dérangeait… »
Akila Diagne confirme avoir acheté ces dessous à tarif préférentiel, mais selon elle, il s'agissait de pièces « trouées ou invendables ». « Elle en a bénéficié comme tous les salariés de l'entreprise, y compris les cadres », insiste sa collègue Viviane Fietz, 54 ans, dont 25 passés à réapprovisionner les rayons de Monoprix. Akila Diagne assure en avoir référé sa supérieure, ce que nie cette dernière.
« Mais le fond de l'affaire est ailleurs, assure Sofiane Aissani, l'autre délégué syndical du Monoprix Voltaire. Cet incident intervient comme par hasard juste avant la grève programmée demain (NDLR : aujourd'hui) dans le secteur de la grande distribution. Nos chefs savaient que nous allions massivement nous mobiliser. Il y a sept mois, un autre délégué syndical a déjà été viré. » « C'est de l'intimidation ! Akila dérangeait… », renchérit Bruno Soares, réceptionniste de 24 ans.
Quand Akila Diagne est sortie en pleurs hier après-midi du bureau de sa direction, le ton est monté dans les couloirs du magasin entre quelques dizaines de salariés et leur hiérarchie. « Le mouvement va s'étendre comme la peste, s'est emporté un des employés. Tous les autres magasins sont au courant de vos pratiques et ils vont se mettre en grève. »
Sous la pression, le directeur M. Vialle - qui n'a pas souhaité nous parler - a simplement affirmé « ne pas penser de mauvaises choses d'Akila. » Hier, près de 80 des 90 employés de son magasin étaient en grève. Akila Diagne était mise à pied. Elle sera jugée le 22 septembre par le tribunal de grande instance de Paris.
Raphaël Domenach, pour Le Parisien du 20 mars
⇒ La direction de Monoprix a adressé jeudi soir au Parisien les précisions suivantes :
« Suite à la constatation de nombreuses irrégularités d'encaissement dans son magasin de la rue de la Roquette, Monoprix a suspecté une escroquerie visant son magasin et a déposé une plainte contre X. Une enquête a donc été ouverte afin de faire toute la lumière sur les faits. L'enquête suit son cours et nous n'avons pas d'autre commentaire à apporter. »
⇒ Note du ouaibemaître : il n’existe pas, contrairement à ce qu’affirme la direction du groupe dans son communiqué, d’enseigne Monoprix rue de la Roquette (11e), mais, sur les nombreux magasins de cette enseigne encore existant dans l’Est parisien, l’un d’eux s’intitule Roquette et se situe avenue Ledru-Rollin, comme l’indique par ailleurs le site - nettement amélioré voici quelques mois - du groupe de distribution.
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