Déçus de la politique économique, les Français ne croient pas pour autant au « miracle » Attali
L'impopularité de la politique économique menée depuis huit mois bondit de 6 points, selon le baromètre BVA pour BFM, Les Echos et The Phone House. La journée d'action des fonctionnaires, demain, suscite une large adhésion.
La majorité UMP aborde avec prudence le rapport que Jacques Attali remet aujourd'hui au président de la République. Les Français aussi. Si le baromètre mensuel BVA pour BFM-Les Echos-The Phone House relève une forte chute de la politique économique menée par le gouvernement, il ne montre pas pour autant d'espoir du côté des propositions avancées par la commission pour libérer la croissance. L'ensemble du rapport n'était pas connu au moment du sondage (vendredi 18 et samedi 19 janvier) mais les propositions qui circulaient laissent l'opinion plutôt sceptique, un bon tiers seulement des personnes interrogées les jugeant susceptibles de doper la croissance. La seule qui fait exception est la limitation à un mois de la garantie locative : 76 % la pensent utile à l'économie.
Le retrait du principe de précaution de la Constitution (48 % oui, 37 % non), la suppression des lois interdisant la revente à perte dans la grande distribution (45 % oui, 48 % non) et l'allégement des numerus clausus de certaines professions - vétérinaire, kinésithérapeute, coiffeur, chauffeur de taxi, etc. - (44 % oui, 49 % non) suscitent un avis mitigé. Quant à la relance de l'immigration (40 % oui, 51 % non) et à la disparition des départements (33 % oui, 60 % non), elles suscitent une réponse sans appel des sondés : non, cela ne saurait avoir de « rôle positif sur la croissance économique en France ».
Journée d'action « justifiée »
D'une manière générale, le sondage est sévère sur l'action menée par le tandem Sarkozy-Fillon. Avec 56 % de mauvaises opinions, l'impopularité de la politique économique du gouvernement fait un bond de 6 points en un mois et de 20 depuis septembre. Toutes les catégories socioprofessionnelles participent désormais au mouvement de déception, même s'il « est d'autant plus marqué qu'il concerne des Français disposant de faibles revenus », indique Gaël Sliman, directeur délégué de BVA. Il ne reste plus que deux catégories à juger positivement l'action économique menée depuis huit mois, les jeunes de 15-24 ans et les travailleurs indépendants.
Autre signal d'alarme pour l'exécutif : le mouvement social que les fonctionnaires organisent demain sur le pouvoir d'achat reçoit un appui très net de l'opinion, ce qui est une première depuis l'élection de Nicolas Sarkozy. Pas moins de 57 % des personnes interrogées jugent la journée d'action « justifiée » quand les organisateurs eux-mêmes restent prudents sur leur capacité de mobilisation. Plus étonnant, les plus riches et les plus pauvres émettent exactement le même avis en faveur du mouvement. Le secteur public est très nettement partisan (à 77 %), tandis que le privé l'est tout juste (51 %). Seuls les travailleurs à leur compte y sont opposés (47 % seulement le trouvent « justifié »).
« Cadeau » aux chaînes privées
Les décisions récentes du gouvernement sont-elles susceptibles de redresser la tendance ? La suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publiques, en tout cas, ne semble pas très bien perçue. Seuls 7 % des sondés estiment, comme Nicolas Sarkozy, qu'elle aura pour principale conséquence d'améliorer la qualité de France Télévisions, qui ne sera plus « obsédée par l'audience ». Quelque 22 % pensent que ce sont les téléspectateurs qui en sortiront gagnants car ils auront « davantage de choix entre des programmes vraiment différents ».
Mais, pour l'essentiel, les Français voient dans le dispositif un « cadeau » fait aux chaînes privées : 30 % pensent qu'il profitera surtout à « TF1 et M6, qui pourront vendre plus cher leurs minutes de publicité aux annonceurs » et 22 % aux chaînes de la TNT, du câble et du satellite qui récupéreront une partie du marché publicitaire de France Télévisions.
Cécile Cornudet, pour Les Echos
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