Il est « difficile » de réformer le pays… et les chiffres du chômage ne sont pas si bons
Dans l’entourage du Chef de l’Etat, on s’interroge sur les six premiers mos écoulés. Malgré une unité de façade, l’équipe présidentielle s’aperçoit que « la machine est pus difficile à faire bouger que prévu ». Mais il ne faut pas le répéter, de peur d’inquiéter les Français ! C’est pourtant Europe 1 qui l’explique dans ce reportage.
Il est vrai que le coup de blues a de quoi en inquiéter certains. Tout d’abord chez les plus défavorisés, qui s’aperçoivent « officiellement » que les chiffres du chômage étaient bidonnés, depuis que, hier, l'Insee a indiqué, après des mois de polémique, que le taux de chômage, fixé à 8,1 % au deuxième trimestre selon le nouveau mode de calcul, confirme certes une baisse, mais « plus récente et moins forte que les données ANPE ne le laissaient supposer ». Car le taux trimestriel de 8,1 % correspond au niveau de chômage de l'hiver 2002-2003, et non au niveau d'il y a vingt-cinq ans, contrairement à ce que soutenait (avant les élections) le gouvernement Villepin…
Six Français sur 10 estiment que leur situation personnelle est restée inchangée depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, et un sur trois considère qu'elle s'est dégradée. Seuls 3 % « pensent » qu'elle s'est améliorée. Une enquête qui ne peut aucunement réconforter dans les couloirs de l'Elysée. D’autant que, en comptant l’Outre-mer, qui enfin existe dans les statistiques, le taux est de 8,4 % de la population active au deuxième trimestre, même s’il est en baisse « régulière » depuis début 2006 (c’est donc bien qu’avant on avait les chiffres, même si on ne les fusionnait pas).
Pire : en moyenne annuelle, le taux de chômage 2006 ressort à 8,8 %, le même qu’en 2005 et en 2004. Et, si l’Insee n’avait pas « changé de thermomètre », il aurait été de 9,8 %. Presque 10 % ! Cette enquête, qui porte sur 75 000 personnes, est estimée fiable à 0,4 %. Elle devrait l’être davantage lorsque « l’échantillon » sera doublé, ce qui est prévu d’ici à deux ans.
De quoi augmenter la « morositude » des Français
Cela n’empêche pas la ministre de l'Economie, Mme Christine Lagarde, qui avait commenté en octobre les chiffres de l’ANPE, de se réjouir de la « très bonne orientation du marché de l'emploi »… et de poursuivre son objectif de 5% de chômage… pour 2012, respectant en cela la méthode Coué du candidat Sarkozy. En 1975, avant le deuxième choc pétrolier, alors que Jacques Chirac se trouvait encore Premier ministre (il a démissionné en août 1976) la France comptait 3 % de chômeurs, selon la nouvelle façon de compter de l'Insee.
Le prix des carburants continuant d’augmenter (même si en euros constants il reste du même ordre qu’il y a vingt ans), certains transporteurs aériens s’orientent, comme la Lufthansa, British Airways ou Air-France, vers une augmentation de leurs tarifs.
« On ne raconte pas la même histoire. Du côté de l'ANPE, le nombre de chômeurs baisse de façon franche et forte depuis mi-2005, tandis que dans l'enquête Emploi, le retournement se lit seulement au début 2006. La baisse est aussi plus forte selon l'ANPE », a remarqué la responsable du département Emploi, Mme Sylvie Lagarde.
Des travaux sont en cours pour savoir pourquoi le taux d'inscription à l'ANPE des chômeurs au sens du BIT a reculé sur la période. Une analyse complète est attendue pour mars, alors que les associations de chômeurs dénoncent des radiations « abusives » par l'ANPE et craignent un nouveau durcissement après la fusion avec l'Unedic.
A la fin de l’année, l'Insee présentera, outre le taux de chômage du 3e trimestre, un plan pour mieux dépeindre notamment le « halo du chômage » en mesurant le sous-emploi et la précarité.
F. A., avec agences
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