On a récemment connu en France des séparations, plus ou moins commentées. Celle des Sarkozy, dont la presse étrangère a fait ses choux gras (annoncée le jour de la grève des transports publics, occupant ainsi les journaux télévisés du soir), celle du couple Royal-Hollande (annoncée par Mme Royal au soir de la non-défaite pourtant tant annoncée de la gauche aux élections législatives), celle du couple audiovisuel Hugues-Ferrari (estompée par celle du couple présidentiel).
La stratégie de la « rupture », tant prônée par le Chef de l’Etat pendant sa campagne électorale, bat son plein. Au point d’être vivement critiquée par François Bayrou, dimanche soir sur Europe 1.
Ce lundi, ce sont les salariés de La Tribune - quotidien économique et financier où Guy-André Kieffer a passé dix-huit ans de sa vie - qui « squattent » la Une du journal appartenant au groupe de luxe LVMH, qui a pour p-dg un témoin de mariage de Nicolas Sarkozy. Ils demandent sobrement : « M. Arnault, divorçons dignement ».
Et publient le texte ci-dessous, reproduit dans son intégralité. Pour le pluralisme des médias.
A.L.
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Pour que vive « La Tribune »
Les candidats au rachat de « La Tribune » ont été priés de rendre avant ce soir à la banque Lazard leurs offres fermes et définitives. Ainsi en a voulu LVMH, propriétaire depuis quatorze ans de votre quotidien. Depuis très exactement quatre mois maintenant, les salariés de « La Tribune », sans dénier à LVMH le droit de vendre ou d'acheter les sociétés qu'il veut, tirent la sonnette d'alarme sur le risque de conflit d'intérêts devant lequel le groupe de Bernard Arnault se trouve.
Comment s'assurer que LVMH, en passe d'acquérir « Les Échos », ne soit pas tenté de vendre « La Tribune », son futur unique concurrent, à un repreneur qui ne lui fera pas d'ombre ? C'est pour cela que les salariés, attachés à l'indépendance, la qualité et la pérennité de votre quotidien, ont demandé que cette vente soit entourée d'un certain nombre de garanties. Malgré les rencontres avec les autorités de la concurrence, les ministres de l'Économie et de la Culture, le Medef ou encore l'Autorité des marchés financiers, les seules garanties que nous avons à ce jour sont… la bonne foi du vendeur. Certes, Bercy devra donner son aval au repreneur que LVMH nous aura choisi. La belle assurance ! C'est pourquoi les salariés ont massivement décidé de prendre cet espace aujourd'hui. Vous, lecteurs, seriez les premières victimes d'une vente à la sauvette de « La Tribune », qui serait une atteinte à la concurrence, au pluralisme de la presse et à la qualité de l'information économique auxquels vous avez droit en tant que citoyen, et dont vous avez besoin à titre professionnel.
Les salariés de « La Tribune »
A lire :
⇒ Cession de La Tribune : les salariés demandent à LVMH d'agir en toute « transparence » (Associated Press du 21 octobre, 21h08)
⇒ http://abonnes.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-32890094@7-58,0.html Tribune: la direction propose un calendrier, "trop court" jugent les élus du CE (AFP, 19 octobre)
⇒ LVMH : la Bourse salue la croissance dynamique du troisième trimestre (La Tribune du 15 octobre)
⇒ « La Tribune » : Bernard Arnault prêt à accélérer la vente (Les Echos du 5 octobre)
⇒ « La Tribune » refuse une vente en loucedé (Libération du 3 octobre)
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