…mais il ne devrait pas y avoir de poursuites
Hier après-midi, à quelques minutes d’intervalle, deux dépêches sont tombées, l’une de Reuters l’autre de l’Associated Press, n’indiquant pas en tous points les mêmes informations. Seule certitude : le parquet de paris a décidé d’ouvrir une information judiciaire et un juge d’instruction devrait donc prochainement être désigné. Ce qui est la moindre des choses, puisqu’une information judiciaire est automatique lorsqu’il y a plainte avec constitution de partie civile ! Il y a déjà trois semaines, le 17 juin, Lamine Dieng décédait entre les mains de la police. Depuis, une marche silencieuse a été organisée, un rassemblement aussi, des incidents ont eu lieu, et chacun redoutait ce qui pouvait se passer, outre les rondes de police plus fréquentes, comme samedi soir, par exemple.
Pour Reuters comme pour l’Associated Press, pas de problème : une information judiciaire va être ouverte « très prochainement » par le parquet de Paris
Dans la version de Reuters, on peut lire « Cette plainte [de la famille, avec constitution de partie civile, note du ouaibemaître] rendant inéluctable l'ouverture de poursuites, le parquet s'est incliné, mais il estime dans un communiqué que les premiers résultats de l'enquête ont permis de blanchir les policiers. "Ces premiers résultats avaient conduit le parquet à ne pas envisager de poursuites", dit le communiqué. »
Pour l’Associated Press, « Cette ouverture va intervenir alors que la famille du jeune homme a porté plainte le 22 juin pour "coups mortels et non-assistance à personne en danger". La constitution de partie civile oblige le parquet à ouvrir une information judiciaire, alors que les "premiers résultats" de l'enquête avaient "conduit le parquet à ne pas envisager de poursuites", indique le communiqué. »
A quoi sert d’ouvrir une information judiciaire si on sait par avance qu’il n’y aura pas de poursuite ?
Pour Reuters, « Le parquet de Paris estime que la thèse de la "bavure" policière est infirmée notamment par l'autopsie, qui a en effet montré que la victime était "très vraisemblablement" décédée d'une overdose de cocaïne et de cannabis "à des taux extrêmement importants", drogues consommées "peu de temps avant le décès", assure-t-on au bureau du procureur. »
Pour l’Associated Press, « "Il résulte du rapport d'autopsie et des analyses toxicologiques que le décès de M. Dieng est très vraisemblablement dû à une overdose, elle-même consécutive à une consommation excessive de cocaïne et de cannabis peu de temps avant le décès", souligne le parquet. (…) L'autopsie a également conclu à l'absence de lésion cardiaque ou cervicale et n'a pas relevé de traces de coups, uniquement celles des menottes et des ceintures de contention ayant servi à maîtriser le jeune homme en état de "très grande excitation" et de stature très athlétique, précise le bureau du procureur. ».
Voilà qui est plus précis et peut laisser penser soit que la police s’est montrée un tantinet brutale, soit que le jeune Lamine s’est montré très violent. Une fois de plus : comment peut-on présumer qu’il n’y aura pas de poursuite à l’endroit des policiers, alors même que les bœuf-carottes n’ont pas fini leur enquête ?
« Cette version est contestée par la famille qui dit n'avoir été prévenue que deux jours plus tard du décès. Elle évoque une bavure policière. Le parquet explique qu'en absence de pièce d'identité, il a fallu des investigations pour établir l'identité de l'individu. », indique l’Associated Press.
On serait indigné pour moins que cela, sauf que là il y a mort d’homme !
Certains de ses proches reconnaissent que Lamine Dieng était un consommateur occasionnel de joints, comme plus de douze millions de Français… De là à en faire un toxicomane notoire, il semble qu’il y ait pour le moins de… l’intoxication !
Hier soir encore, près du métro du Père-Lachaise, une voiture de police non banalisée était tous feux éteints à l’arrêt, vers 23h30.
Ce soir à 19h, au local de la Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés (Fasti), au 58, rue des Amandiers (20e) doit se tenir une réunion du comité de soutien. Cette réunion remplace celle qui était annoncée pour jeudi. C’est ce soir que seront décidées les prochaines actions. Il pourrait s’agir d’une nouvelle marche jeudi, mais des informations complémentaires suivront dans la rubrique Actualité.
Fabien Abitbol
Photo : D.R.
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Le Monde en ligne a publié hier à 16h11 le sujet suivant, repris dans l’édition papier datée du 11 juillet 2007.
Mort de Lamine Dieng : l'IGS écarte "la responsabilité des fonctionnaires"
L'Inspection générale des services (IGS) a rendu son rapport sur le décès de Lamine Dieng, ce jeune de 25 ans, mort dans un fourgon de police, le 17 juin. Selon les conclusions de l'IGS, "aucun élément n'a été recueilli à ce jour pouvant mettre en cause la responsabilité des fonctionnaires".
En outre, les expertises médicales pratiquées à l'Institut médico-légal ont permis d'établir, selon les enquêteurs, que "l'intéressé était décédé d'une mort naturelle". Lamine Dieng, "défavorablement connu des services de police", selon l'IGS, pourrait avoir succombé à une overdose, et, d'après le parquet de Paris, "l'autopsie n'a pas fait apparaître de trace de coups", mais la présence de cocaïne.
Lors de leur intervention, le 17 juin, les policiers avaient découvert dans la chambre d'hôtel de Lamine Dieng de la cocaïne, du cannabis et de l'alcool. Parvenus sur place vers 4 heures du matin, les policiers avaient, selon l'IGS, "remarqué un homme allongé au sol qui refusait d'obtempérer aux injonctions des fonctionnaires. Ces derniers étaient contraints de maîtriser la personne dans un état important d'excitation en l'entravant aux bras avec les menottes et aux jambes avec une ceinture de contention. Après avoir été porté dans le fourgon de police, l'individu perdait soudainement connaissance". D'après les enquêteurs, "les huit fonctionnaires intervenants auditionnés affirmaient avoir appliqué des gestes de maîtrise sur un individu en état de crise et développant une très grande puissance physique". Lamine Dieng venait de frapper violemment sa petite amie.
Des incidents avaient éclaté, vendredi 6 juillet, dans le 11e arrondissement de Paris, en marge d'une manifestation de 300 personnes, qui exigeaient que toute la lumière soit faite sur la mort de Lamine Dieng. Des dizaines de jeunes encagoulés, dont certains étaient armés de bâtons, avaient caillassé des véhicules de police. Selon la préfecture de police, de 20 h 50 à 21 h 25, une cinquantaine de jeunes avaient légèrement blessé trois policiers et dégradé plusieurs voitures, dont un véhicule policier. La famille de Lamine Dieng, domiciliée dans le 20e arrondissement, avait appelé à cette manifestation. Le 24 juin, plusieurs centaines de personnes avaient déjà défilé en silence derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire : "Pour Lamine, mort entre les mains de la police".
Pour l'avocat Me Pierre Mairat, qui a porté plainte contre X... avec constitution de partie civile, le 22 juin, au nom de la famille du jeune homme, des zones d'ombre subsistent dans ce dossier. "Comment un garçon de 25 ans en parfaite santé a-t-il pu mourir d'une crise cardiaque, s'interroge Me Mairat, et pourquoi la famille n'a-t-elle été prévenue que 48 heures après les faits ?" Il souhaite qu'une information judiciaire soit ouverte et qu'un juge d'instruction puisse notamment ordonner une contre-expertise afin de lever "les doutes, la suspicion, et la colère" qui entourent cette affaire.
© Gérard Davet
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