Quatre départs à la Chancellerie depuis vendredi
Trois magistrats recrutés comme conseillers pour des questions-clefs ont décidé de quitter le cabinet du ministre de la Justice Rachida Dati, juste après la démission du directeur de cabinet Michel Dobkine vendredi dernier, apprend-on de source judiciaire.
Philippe Lagauche (ancien sénateur socialiste, note du ouaibemaître), conseiller pour les questions pénales, Xavier Samuel (ancien conseiller référendaire à la cour de cassation, note du ouaibemaitre), conseiller pour les libertés publiques et les questions constitutionnelles et Françoise Andreo-Cohen, conseillère pour le droit des mineurs, se sont inscrits cette semaine sur la liste dite « liste de transparence », qui officialise les souhaits de mutation dans la magistrature. Les motifs de leur départ n’ont pas été rendus publics.
Michel Dobkine et le ministère avaient invoqué pour sa démission des « raisons personnelles » liées à son prochain mariage (remariage, plus précisément)… alors que des sources judiciaires parlent de différends personnels entre la ministre et ses collaborateurs.
Interrogé par Reuters, Guillaume Didier, porte-parole officiel de la place Vendôme récemment investi dans ce titre, a nié l'existence d'une crise au sein du cabinet et a parlé de simples « ajustements », ainsi que « de raisons personnelles et strictement personnelles »…
« Un nouveau directeur de cabinet, Patrick Gérard (ancien directeur de cabinet du ministre de l’Education et ancien maire de Vincennes de 1996 à 2002), a pris ses fonctions dimanche, il procède naturellement à une légère réorganisation et à quelques ajustements. D'ores et déjà, un deuxième directeur de cabinet adjoint a été nommé aux côtés de Mathieu Hérondart, en la personne de Stéphane Noël », a-t-il déclaré.
Magistrat expérimenté, M. Dobkine a été procureur général à Nîmes et dirigeait l'Ecole nationale de la magistrature (ENM) avant d'arriver à la Chancellerie. Il avait notamment des idées sur ce que doit être « un bon juge ». Selon France Info, « il avait du mal à s'adapter aux méthodes » adoptées par la Garde des Sceaux pour gérer son ministère. D'après L'Est républicain (qui le considère comme un Nancéien), « depuis plusieurs jours les rapports entre ce magistrat expérimenté et la ministre de la Justice s'étaient dégradés ». Vendredi « en fin de journée, Michel Dobkine a réuni tous ses collaborateurs pour annoncer son départ, en expliquant : "J'en ai assez de me faire insulter toute la journée" », pouvait-on lire dans le quotidien. Des propos que le magistrat a démenti « catégoriquement » ; « J'ai réuni les membres du cabinet pour leur expliquer que pour ce travail, il fallait être là à 100 %. Or, j'étais là à 85 % », a-t-il expliqué.
Une autre source judiciaire a néanmoins fait état d'un climat « tendu » et d'une « forte pression » depuis l'arrivée de Rachida Dati Place Vendôme. La Chancellerie a démenti toute autre démission au sein du cabinet, évoquant simplement le retour au sein de l'UMP d'un ancien collaborateur de Mme Dati, Olivier Ubeda, qui l'avait suivie au ministère « pendant quelques jours, le temps que son cabinet soit constitué ». M. Udeba est directeur-adjoint de la communication à l’UMP.
Une concertation avec les professionnels sur la refonte de la carte judiciaire a été lancée le 27 juin.
« Cela va désorganiser le fonctionnement du ministère de la Justice dans une période où nous avons besoin d'interlocuteurs stables », s'est inquiété Bruno Thouzellier, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire ; lire ici le forum de Québec-Politique). La secrétaire générale du Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), Hélène Franco, y voit, elle, « le signe d'un réel malaise » et d'un « phénomène de surchauffe à la Chancellerie avec des annonces tous azimuts et un très sérieux manque de concertation ».
André Léger, avec agences
Photo © Gala
A lire :
⇒ Rachida Dati : le charme discret de la « beurgeoisie » dans le quotidien helvète « Le Matin », du 15 mai 2007.
⇒ Sous le titre « Rachida Dati : la stratège », le magazine people Gala, avait ainsi dressé un bref portrait de la ministre :
« Sarkosette » : le surnom que lui a donné le Canard Enchaîné dit beaucoup sur cette magistrate venue de loin et arrivée haut parmi les énarques. D’Isabelle Adjani au baron Rotschild, la Garde des Sceaux a plus d’un numéro dans son sac, et plus d’une corde à son arc. En tous cas elle l’a souvent dit : son choix, c’est Nicolas, pas la droite. Sorte de main de fer dans un gant de velours, elle ne semble avoir peur de rien. Tiendra-t-elle ? (Lire également ici).
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Mise à jour de 19h00
La version du Figaro est ici.
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rachida Dati doit faire face à une réforme de la justice qui n'en est pas vraiment une...les "nouvelles" lois proposées par N.Sarkozy (dans son programme) ne font que doublon avec celles déjà votées il y a qq temps...alors, lois fantômes ?...durcissement des lois en vigueur ?...il faudrait déjà que les décrets d'application de celles votées il y a plus d'un an soient faits !...d'où peut être un certain enervement...
certaines choses peuvent anéfé agacer...
Rédigé par : Eve à personne... | 10/07/2007 à 21h33
On a bien eu une Loi Lopsi en 2002, entérinée par le sieur Sarkozy en 2003, et voici que Mme MAM s'apprête à en présenter une autre aux deux Chambres, alors que les décrets d'application de celle de 2002 n'ont pas tous été pris…
De même que pour la Loi handicap du 23 février 2005 (LA priorité du président Chirac pour se faire réélire en 2002), il manque encore quelques dizaine de décrets, et les pensions des handicapées n'ont pas été revalorisées au 1er juillet, contrairement aux allocations-chômage ou au SMIC…
Sous un prétexte de « rupture tranquille », on ne sais pas où on va, mais on y va !
Rédigé par : Fabien | 10/07/2007 à 22h26
A ce train-là, il n'y aura bientôt plus de magistrat sauf à aller les chercher au cabinet
Rédigé par : armanddukram dit A.A. | 11/07/2007 à 11h00