Quinze anciens employés de la Tour Eiffel ont été condamnés vendredi à Paris à des peines d'emprisonnement avec sursis et un total de 700 000 € de dommages et intérêts pour avoir détourné une forte somme d'argent en manipulant pendant des années la billetterie du monument le plus visité au monde.
Les quinze prévenus, douze femmes et trois hommes, anciens caissiers à la Tour Eiffel, ont écopé de trois à douze mois d'emprisonnement avec sursis, de 2 000 à 10 000 € d'amende et entre 8 981 et 100 533 € de dommages et intérêts correspondant aux sommes détournées par chacun, pour un total de plus de 700 000 €.
Le système consistait à exploiter une faille du système informatique qui permettait d'imprimer des billets d'entrée qui n'étaient pas comptabilisés.
Les faits dénoncés le 28 février 2002 par une plainte de la Société nouvelle d'exploitation de la Tour Eiffel (SNTE) remontent aux années 1996 à 2002, mais le tribunal n'a pu prendre en compte que les trois dernières années en raison de la prescription pour « l'abus de confiance », le délit reproché aux prévenus.
Deux mois avant sa plainte, le SNTE avait reçu un courrier anonyme d'un ancien salarié signalant l'existence de « manipulations frauduleuses » à la billetterie. Les salariés ainsi mis en cause éditaient des billets non comptabilisés qu'ils vendaient ensuite aux visiteurs mettant la recette dans leurs poches.
Le tribunal s'est basé sur les aveux partiels de certains des prévenus devant la justice, la police ou l'inspection du travail pour entrer en voie de condamnation.
Il s'est également appuyé sur une série d'indices précis notamment « l'importante distorsion entre le nombre de billets non comptabilisés émis par eux » et ceux « émis par leurs collègues ». Ainsi que « la très forte diminution de l'émission par eux de billets non comptabilisés à partir de février 2002, date à laquelle le personnel a été informé par la direction des présomptions de fraude ».
Enfin, le tribunal a constaté « l'absence de retraits d'espèces sur les comptes bancaires de certains prévenus pendant » toute la durée de la fraude.
Avec 6,2 millions de visiteurs par an la Tour Eiffel est le monument payant le plus visité au monde.
© Associated Press
Photo : site de la Ville de Paris
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Notes :
• La SNTE (Société nouvelle d’exploitation de la Tour Eiffel), est une Société d’économie mixte (SEM). Elle s’occupe de la gestion de la Tour Eiffel. La SNTE est détenue à 70 % par la SAGI et à 30 % par la Ville de Paris.
Son mandat, qui a commencé en 1981, alors que M. Jacques Chirac était le maire de Paris depuis quatre ans, a expiré le 31 décembre 2005.
Sur une décision du Conseil de Paris du 13 décembre 2005, elle a été remplacée par la SETE (Société d'exploitation de la Tour Eiffel), société appartenant pour 60 % à la Ville et pour 40 % à des partenaires privés (Eiffage, Unibail, LVMH, Dexia Crédit local et EDF).
• Sur le site officiel de la tour Eiffel, à la page de mai 2002, on trouve ceci :
02/05/2002- Billetterie de la Tour Eiffel
A la suite de la détection d'importantes anomalies dans la manipulation, par certains caissiers, du système de billetterie de la Tour, 16 licenciements pour faute grave ont été effectués : il s'agit de 14 caissières et caissiers, ainsi que du responsable du service Accueil et celui du service Informatique.
La plainte contre X, déposée le 28 février auprès de la Justice, suit son cours.
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