Des microparticules métalliques polluent l'air du métro parisien. Hier, sous la pression des médias*, la régie des transports parisiens, qui n'avait jamais communiqué sur ce thème, est sortie de son mutisme. « On retrouve dans le métro les mêmes polluants que dans l'air extérieur - à l'exception de l'ozone - ainsi que des pollutions de particules spécifiques aux réseaux ferroviaires », a affirmé Sophie Mazoué, responsable de la qualité de l'air à la RATP.
La question est évidemment de savoir si ces « pollutions spécifiques » sont dangereuses pour l'organisme. Non, dans la majorité des cas, avance la RATP, puisque « dans le métro les taux sont de 150 à 300 mg/m3 » (soit en dessous du taux de 347 mg/m3 préconisé par le Conseil supérieur d'hygiène publique). Ces taux sont mesurés à partir de cinq stations tests (Franklin-Roosevelt, Châtelet, Nation, Auber et les Halles) et de relevés effectués dans 20 sites du métro et du RER.
Sophie Mazoué concède tout de même qu'il peut y avoir des pics à 500 mg/m 3 aux heures de pointe dans le métro et à 800 mg/m 3 dans le RER, globalement plus touché. Une étude confidentielle interne de 2003 (que s'est procurée Canal +) faisait, quant à elle, état de pics à 1 200 mg/m3 à Châtelet et de 1 600 mg/m3 gare de Lyon aux heures de pointe en mars 2002.
Parallèlement, la régie avance d'autres études qui tendraient à montrer que cette exposition à la pollution n'a pas de conséquences sur la santé des salariés de la régie. Valérie Jouannique, médecin et responsable de la cellule toxicologie de la RATP, affirme ainsi qu'« il n'y a pas aujourd'hui d'éléments cliniques suggérant d'effets sur la santé », tout en précisant que les recherches sont encore en cours.
De son côté, le Conseil supérieur d'hygiène publique a sonné l'alarme plusieurs fois, demandant à la régie de prévoir sans délais un plan de réduction des particules, d'autant que les mesures de dépoussiérage (chaulage, lavage et aspiration) se seraient montrées inefficaces. A la RATP, on affirme y travailler. « On favorise le renouvellement d'air dans les stations en supprimant depuis trois ans, progressivement, les portes d'accès du métro et, surtout, on change le matériel roulant. Celui-ci disposera d'un système de freinage électrique (et non mécanique) qui réduira de 20 % à 25 % les émissions de particules. »
Le Conseil supérieur d'hygiène publique a sonné l'alarme
Le renouvellement du parc devrait être réalisé à 50 % en 2012 et dans sa totalité en 2020. En attendant, les usagers peuvent toujours se consoler avec... les chiffres londoniens : dans la capitale anglaise, les taux moyens dans le métro atteignent 900 mg/m3 ...
Texte et photo © Emmanuelle Mougne, Le Parisien, samedi 23 juin 2007
(*) Parution dans « le Parisien » du 7 juin dernier de l'étude d'Ecologie sans frontières affirmant que la pollution était largement sous-évaluée en région parisienne.
Mardi à 20 h 50 sur Canal +, diffusion du documentaire « Pollution de l'air, alerte aux microparticules », enquête de Cyrille Devaud et Linda Bendali.
Lire également cette page sur le site des élus Verts du Conseil régional d’Ile-de-France.
Commentaires