En course pour « gagner » l'élection présidentielle, François Bayrou a fait rimer mercredi soir le mot France avec « chance » et « espérance », invitant les Français à faire tomber une à une les citadelles qui emprisonnent selon lui le paysage politique.
« Nous allons faire rimer France avec confiance, avec croissance, assurance, chance, nous allons faire rimer France avec espérance », a lancé le candidat de l'UDF devant plus de 15 000 personnes réunies dans une ambiance festive au palais omnisports de Paris-Bercy.
A quatre jours du premier tour, le député béarnais a rassemblé ses troupes « pour gagner », quitte à faire prendre une « douche froide » à ses adversaires.
« Nous ne sommes pas là pour faire un score, (...) nous sommes là pour gagner », a lancé François Bayrou, que les derniers sondages donnent toujours en troisième position dans les intentions de vote, autour de 20 %.
« Il faut leur arracher le pouvoir. Il faut les renvoyer pour cinq ans au moins à leurs chères études », a-t-il dit en direction des gardiens des « forteresses » qu'il dénonce depuis le début de sa campagne. « Il faut leur offrir une bonne douche froide pour qu'ils se mettent à réfléchir, pour qu'ils fassent leur révolution culturelle.»
Un coup à droite, un coup à gauche, François Bayrou a renvoyé dos à dos ses adversaires socialiste Ségolène Royal et UMP Nicolas Sarkozy.
« Nous n'avons pas besoin de multiplier les drapeaux tricolores et pas besoin d'un ministère de l'Identité nationale », a-t-il dit, avant de multiplier les piques à l'encontre du président de l'UMP.
L'élu centriste a de nouveau fait vœu d'indépendance en se disant « heureux » de « ne pas recevoir le label de la droite à la mode Sarkozy » ou « de la gauche à la mode Jospin ».
« C'est le contraire de ce que j'ai cru et de ce que j'ai voulu toute ma vie », a-t-il assuré. « Il y a de la droite et il y a de la gauche en moi et (...) il y a du centre en moi ».
Résistance
Sous les sifflets approbateurs du public, François Bayrou a aussi dénoncé « la France de la dette des déficits », des « quatre millions de chômeurs, des deux millions d'exclus », du minimum vieillesse insuffisant - il propose de l'amener à 90 % du smic -, la France où les handicapés ne sont pas respectés et « des 15 % d'illettrés ».
« Cette France-là ne nous, ne vous convient pas et nous avons décidé de la changer, et elle est en train de changer », a-t-il assuré. Entre une lettre d'Albert Camus et un poème d'Aragon, François Bayrou a repris l'un de ses thèmes favoris : la résistance.
« Dans la résistance, on ne refuse pas les mains qui se tendent. Si l'on se met dans la résistance à refuser celui qui ne pense pas exactement comme nous, ce n'est plus du sectarisme, c'est de la trahison de l'intérêt national. »
Pour illustrer ses dires, François Bayrou a fait applaudir plusieurs personnalités de bords divers l'ayant rejoint ces dernières semaines, présents dans la salle : Azouz Begag et François Goulard, deux ministres du gouvernement de Dominique de Villepin, l'écologiste Corinne Lepage et l'ancien patron du Crédit lyonnais Jean Peyrelevade, venu de la « gauche responsable ».
Il a aussi lancé un « salut amical » aux anciens responsables socialistes Michel Rocard, Bernard Kouchner, Claude Allègre, qui ont récemment plaidé en sa faveur.
De l'éducation à l'université en passant par le non cumul des mandats et le "small business act" qu'il souhaite développer pour les entreprises, François Bayrou a ensuite déroulé les principaux points de son programme.
« Vous avez tout compris, contrairement aux autres », lui a lancé une femme dans la salle au milieu de son discours, qui a duré plus d'une heure et demie. « Merci de votre soutien », lui a répondu François Bayrou.
© Elizabeth Pineau, Reuters
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