Des propos de Nicolas Sarkozy ont disparu du site de la chaîne.
« J’ai une question à vous poser » a réuni hier un téléspectateur sur trois. L’ambiance a été plutôt calme, mais les questions étaient connues à l’avance et les thématiques lancées par M. Poivre avec les prénoms des gens (tandis qu’une fiche signalétique s’affichait, négligeant ainsi aveugles et malvoyants). Quelques incompréhensions, et un raté de taille. La série de quatre émissions est produite par un proche de M. Jean-Pierre Raffarin. Un entretien avec PPDA réalisé pour le magazine de TF1 est à lire ici.
Hier, l’émission « J’ai une question à vous poser » sur TF1 avec Nicolas Sarkozy a rassemblé 8,240 M de téléspectateurs (33 % de parts de marché, avec un pic dit « de curiosité » à 9,7 millions), contre 7,343 M pour la série américaine de France 2, apprend-on auprès de Médiamétrie. L’UMP, pourtant, avait envoyé des SMS à ses adhérents et espérait 10 M de téléspectateurs, soit un bon match de football ou une soirée de Miss France. Lorsqu’une émission passe pour la première fois, généralement, l’effet de curiosité joue. Les dix millions étaient donc plausibles, mais ratés de 17 % !
La soirée fut particulièrement calme, et pour cause : les questions étaient connues à l’avance, contrairement à ce qui avait été annoncé. Les Français sur le plateau étaient à Paris depuis 8 h 45 du matin (7 h pour le petit déjeuner) et étaient surveillés en permanence à compter de midi (voir document diffusé par A Prime Prod aux invités). Ils avaient donc déjà treize heures de présence et de débriefing dans la maison lorsque l’émission a commencé. De quoi se lasser, ou se bourrer de calmants. Il n’y eut que peu d’incidents. Chacun était bien calme. Presque tout le monde appelait l’interlocuteur « M. Sarkozy » et rares étaient ceux qui osaient l’appeler « Monsieur le ministre »… Tout s’est bien passé. M. Sarkozy a bien fait quelques petits cafouillages (confondant par exemple l’anniversaire de la fille aînée d’une mère de famille nombreuse avec ce qui pouvait être son anniversaire de mariage). Pas vraiment de quoi fouetter un chat (sauf pour la gamine qui passait ses dix ans sans sa mère). Sauf que…
Sauf que des homosexuels se sont sentis méprisés par un homme politique leur répondant « je suis né hétérosexuel et j’ai décidé de le rester ». Je ne savais pas que l’on naissait avec telle ou telle orientation sexuelle et ai soudainement pensé au combat de certains hommes, comme l’avocate camerounaise Alice Nkom (j’ai naïvement pensé que, depuis le premier septennat de M. Mitterrand, nous étions dans un pays plus « avancé » que le Cameroun).
Sauf que un jeune homme a ponctué une question sur un ton ironique en demandant au ministre de l’Intérieur s’il voulait bien l’aider à retrouver un scooter grâce à « un poil de fesses ». Et il n’a pas obtenu de réponse. M. Sarkozy s'est peut-être senti visé par l'histoire arrivée à l'un de ses premiers enfants ?
Sauf que M. Sarkozy s’est lancé dans une intervention sur les musulmans et le droit français et s’est fait applaudir par une partie de la salle, huer par une autre, dont une femme qui revendiquait ses origines algériennes et affirmait être musulmane et ne pas supporter les propos du ministre-candidat. Il se trouve que ces propos ont disparu du site Internet de TF1 et LCI, qui se défend depuis le début d’après-midi (le dernier message est daté de 18h35) sous le titre Pas de censure sur le « mouton » avec en guise d’introduction « Suite à un incident technique lors de la numérisation de l'émission avec Nicolas Sarkozy, la fin de la première partie a été coupée. »
Si la chaîne tient ses promesses, il sera possible de visionner le passage en question ICI. Le site de la chaîne de Martin Bouygues (témoin de mariage de Nicolas Sarkozy) précise « Nous déplorons cet incident technique, indépendant de notre volonté, et nous nous en excusons auprès de nos internautes. Nous regrettons vivement qu'un de nos confrères de la presse en ligne ait pu y voir une quelconque volonté de "censure", et ce, malgré nos explications lors de plusieurs conversations téléphoniques avec lui.». Soit. Mais si rien ne revient, il faudra se contenter d’extraits ou de piratage, tout ayant en théorie été contrôlé minutieusement par les équipes de M. Dominique Ambiel, ancien communicant de Matignon et ami personnel de M. Raffarin. Le pire est que ce passage était avant la pub (car les émissions politiques ont la chance d’avoir de la publicité sur TF1) et que par conséquent le « temps de cerveau disponible » était là…
Il faut voir que cette série d’émissions (il y en a quatre, la deuxième et la quatrième étant pour des invités multiples, la première pour M. Sarkozy et la troisième pour Mme Royal) est produite par la société de l’ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon Dominique Ambiel, qui avait dû précipitamment quitter Matignon pour une affaire de mœurs pour laquelle sa condamnation est devenue définitive (en revanche, il n’a pas été jugé coupable pour ses propos à l’endroit des policiers qui l’avaient interpellé à Paris). La société A Prime Group a vu son compte de résultat afficher des bénéfices plus de trente fois supérieurs en 2005 qu’en 2004 (année ou M. Ambiel était partiellement à Matignon), comme l’indique la fiche de cette société au registre du commerce… Il suffit de saisir les chiffres"442 652 418" comme numero de Registre du Commerce (RC) ou de taper "ambiel" dans la recherche par dirigeants pour avoir accès à « A PRIME GROUP », société qui doit enregistrer demain, de 9h à 19h « Le grand quizz du Logement », une émission pour TF1 présentée par Julien Courbet (Lire ici un portrait de l'animateur-producteur à l'occasion de la dixième saison de Sans aucun doute).
Belle progression pour une société dont le matériel tomberait en panne pour de si grands tournants de la vie politique…
Fabien Abitbol
Dessins © Michaëlski pour Débat 2007.
Lire ici la dépêche de l'Associated Press (18h00).
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Actualisation à 22 heures : il semble que TF1 a réussi à restaurer le site à 21h43.
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Dans « Le Parisien/Aujourd’hui en France » de ce matin, Timothée Boutry et Matthieu de Martignac expliquent comment se déroulait la journée. Sous le titre « Dès le matin, TF 1 a recensé nos questions », avec pour sous-titre UN DES FRANÇAIS qui a interrogé Sarkozy hier soir.
En voici l’intégralité :
LES QUESTIONS posées hier soir à Nicolas Sarkozy n'auront pas été une surprise pour tout le monde. Contrairement à ce qu'indiquait TF 1 avant l'émission, les cent membres du panel ont dévoilé leurs questions aux responsables de la chaîne lors d'une réunion qui a commencé hier à 9 heures. Dans la matinée, les citoyens sélectionnés par la Sofres, rassemblés à l'hôtel Mercure de la porte de Saint-Cloud, avaient été conviés à un briefing en présence de Patrick Poivre d'Arvor (présentateur de l'émission), d'Etienne Mougeotte (vice-président et directeur d'antenne de TF 1) et de Robert Namias, directeur de l'information de la chaîne.
« C'est l'ambiance Big Brother »
« On nous a demandé à chacun de préciser le contenu de notre intervention, confiait dans l'après-midi un de ces panellistes. Mais on nous a aussi indiqué qu'on avait l'entière possibilité de poser des questions libres. » Compte tenu de leur grand nombre, les participants ont été avertis qu'ils ne pourraient pas tous s'exprimer en direct. « Nous avons été répartis par groupes de dix et la consigne pour l'émission était de se débrouiller au sein de chaque groupe pour prendre le micro », précise encore ce témoin. Jusqu'au direct, la journée de ces « journalistes » d'un soir aura en tout cas été très encadrée par la production. Rassemblés dans le même hôtel de l'Ouest parisien que les « jeunes » qui avaient interviewé Jacques Chirac dans la campagne référendaire sur la Constitution européenne, les panellistes avaient l'interdiction de s'exprimer avant 1 heure du matin... donc après l'émission. Dès le petit déjeuner hier, entre 7 heures et 8 heures du matin, chacun a récupéré son badge numéroté. Un « contrôle des bracelets » était également prévu pour accéder à l'auditorium où se tenait la réunion avec la production. A midi, à l'issue de ce briefing, les consignes devenaient encore plus strictes. « A partir de cet instant, les transferts en ascenseur seront toujours encadrés par un chef de groupe et quelqu'un de la sécurité », pouvait-on ainsi lire sur le programme de la journée distribué à chaque participant. « C'est l'ambiance Big Brother », assurait l'un d'entre eux, avant de se voir contraint au silence par une employée de la production pas très satisfaite de voir ce « numéro » discuter avec un intrus. A 17 heures, avec seulement dix minutes de retard sur le programme, les panellistes sont montés à bord des deux cars qui devaient les emmener de l'hôtel aux studios voisins de la SFP. Après avoir laissé leurs téléphones portables au vestiaire et passé les contrôles de sécurité, les intervenants ont eu droit à trois quarts d'heure de répétition, entre 18 heures et 18 h 45. Dernier détail à régler avant le direct : le maquillage. Et là encore, la production a tout prévu : « Nos maquilleuses n'assurent qu'un maquillage léger, afin que vous ayez une bonne mine sur le plateau, elles n'ont techniquement pas le temps de faire plus, indique le programme. Mesdames, pour les maquillages plus élaborés, merci de prévoir le nécessaire. » Un cocktail était programmé à l'issue du direct.
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Lire également le compte-rendu de l’émission sur Objectif présidentielle 2007.
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Lire aussi sur Metro en ligne l'interview de Patrick Poivre, mise en ligne le 4 février, soit la veille de l'émission, en cliquant ICI.
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