Il invitera Le Pen, comme tous les parlementaires, à l’Elysée
Le ton de la « rupture » est donné : le président de la République présentera ses vœux aux Français le 31 décembre, à 20 heures, à la télévision. Comme ses prédécesseurs. Pour le reste, au moment où il voit son salaire multiplié par trois, il restreint le train de vie des ministres et procède, à l’Elysée, à de biens curieux amalgames…
Nicolas Sarkozy invitera le 9 janvier à l'Elysée tous les parlementaires. Et, pour aller jusqu’à Jean-Marie Le Pen, réunira le même jour l’Assemblée nationale (577 députés, dont François et François), le Sénat (331 sénateurs, dont Roger et Roger) et les parlementaires européens (78 députés, de Jean-Marie du Sud-Ouest à Jean-Marie du Sud-Est). Plus on est de fous, plus on rit : il y aura donc, ce même 9 janvier, parmi les invités, l’ensemble du Conseil de Paris (163 membres au total). Bref, dans ce grand fatras, tout le monde sera représenté, y compris Mme Panafieu et M. Delanoë… Tout le monde ? Pas une personnalité dite « d’extrême gauche ». Faut peut-être pas exagérer !
« Modernisation et rationalisation » sont les deux maîtres mots qui ont guidé l'élaboration des premiers vœux du président Sarkozy. L'occasion de multiplier les messages sera réduite. Mais, voulant conserver son rythme (sa marque de fabrique), le locataire de l'Elysée a souhaité que les vœux ne s’étalent que sur deux semaines, du 3 au 18 janvier.
Et a demandé à « son » équipe (entendre par-là : l’équipe de François Fillon) de réduire le nombre de cérémonies en en fusionnant certaines. Les Anciens combattants seront donc avec les militaires. Militaire un jour, militaire, toujours !
Les fonctionnaires et les corps constitués devront, en chœur, présenter leurs vœux au chef de l'Etat. Pour des raisons de toute évidence non liées à la « réduction du train de vie de l’Etat », cette cérémonie n’aura pas lieu à Paris, mais en Province. Le nom de Lille est donné favori. Bien excentré. Une ville historiquement socialiste, tiens donc… Le président chercherait-il à s'immiscer dans la campagne (municipale) ?
Le gouvernement, lui, ne présentera pas, contrairement à l’usage, ses vœux au président en traversant la rue. Non. Il doit se rendre au conseil des ministres du 3 janvier, même les membres qui n’ont rien à y faire, comme un secrétaire d’Etat qui, par nature, ne siège en Conseil que lorsqu’un sujet le concernant est à l’ordre du jour. Le même jour auront lieux les vœux au personnel de l’Elysée.
Quant aux journalistes, ils seront privés de la conférence de presse, qui était prévue le 8 janvier. Après tout, un simple coup de fil suffit à rameuter quelques photographes en banlieue parisienne, quand on souhaite faire passer un message.
Comme il ne faut pas pousser le bouchon trop loin dans la rupture et les privations de libations, Nicolas Sarkozy a décidé que, dès son retour d’Egypte (qui pourrait fort bien rappeler certaines choses aux historiens à l’esprit mal placé), le 31 décembre, il passera l’après-midi dans une province française. Avant, à 20 heures, de présenter ses vœux aux Français lors d'une allocution télévisée dite « modernisée ».
En relief ?
Les comptes de la Sécu excédentaires
Et notre hyperprésident a même prévu un apéritif (à l’Elysée), auquel il a convié les ministres. Mais prendre un verre avec Nicolas Sarkozy n’est que « facultatif » ; la soirée est laissée libre à chacune et à chacun. Sauf que… les rumeurs de remaniement persistent, que ce soit au lendemain des municipales ou dès janvier. Même si, à l’Elysée, on a pris l’habitude d’opposer un « no comment » aux questions concernant les rumeurs, beaucoup, jusqu’à présent, se sont montrées fondées. Qu’elles soient « d’ordre privé » (comme le divorce présidentiel) ou public (comme l’augmentation du taux d’intérêt du Livret A, livret dont la distribution sera généralisée).
Une chose reste immuable (en sus de l’intervention télévisée) : les corps diplomatiques, les représentants des religions et les forces vives de la nation conserveront eux chacun leurs propres cérémonies. Intéressant à savoir lorsque même la droite libérale constate une baisse du pouvoir d'achat et que, alors que de nouvelles franchises médicales sont instaurées, la Cour des comptes estime à une dizaine de milliards l'excédent du régime général de la Sécu… à condition de mettre les bons prélèvements dans les bonnes caisses.
F. A.
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