Entreprise du secteur social, Afi-Pro est spécialisée dans la formation en milieu carcéral. Implantée à Saint-Étienne, cette société naissante vient d'obtenir, pour un an, un bureau annexe dans l'est parisien, à La Ruche. Comme annoncé ici, voici le premier volet d'une longue série dans le cadre du programme SFR Jeunes talents entrepreneurs.
Originaire d'un quartier dit «sensible» de Saint-Étienne, Leila Mabed, trente-trois ans, ancienne formatrice, a tout naturellement décidé d'y implanter le siège de sa société. Elle voulait échapper à certains carcans de la grande entreprise, et aussi se sentir plus utile dans son secteur d'activités -la formation professionnelle-, et sur le marché qu'elle connaissait -les centres d'appel.
Dans ce métier avant tout féminin, s'imposer dans le monde carcéral ne relève pas de l'évidence. Il y a en premier lieu le... verrou administratif de la prison à faire sauter, pour décrocher les premiers marchés (convaincre, quoi, mais sans perdre son âme). Puis les prisonniers eux-mêmes. Étrangement, cela a été plus facile que ce que Leila pouvait craindre, avec près de cent dossiers déposés pour le premier stage.
De tout cela, la jeune chef d'entreprise est venue parler le 6 juin à Paris, ou étaient reçus les huit lauréats du cru 2012 de SFR Jeunes talents entrepreneurs sociaux, venus de toute la France. Comme dans une télé-réalité, ils étaient regroupés dans une pièce, attendant fébrilement de passer devant le jury, tandis que quelques mètres plus loin attendaient les huit parrains, qui ne les avaient jamais rencontrés (dont votre serviteur).
Les rencontres entre jeunes entrepreneurs et blogueurs se faisaient après le passage devant le jury, sous l’œil attentif d'une caméra. Puis le soir tout le monde (enfin ceux qui le pouvaient) se retrouvait pour la soirée de remise des prix. Leila Mabed n'a pas fini dans les premiers. Mais le simple fait d'avoir fait partie des huit finalistes lui a permis de passer trois jours en formation à Jouy-en-Josas, dans les Yvelines, et de décrocher pour un an un local à La Ruche, quai de Jemmapes. Une adresse parisienne qu'elle compte bien mettre à profit pour prospecter auprès des établissements pénitentiaires franciliens.
Fabien Abitbol, photos: le samedi 9 juin, avant de repartir par la Gare de Lyon pour Saint-Étienne (bas), Leila Mabed repérait le chemin la menant vers son antenne parisienne du Quai de Jemmapes, où elle est hébergée pour un an à La Ruche (haut)
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