Prenant sans doute au pied de la lettre la phrase prononcée par l’actuel locataire de l’Elysée le 15 mars 2007 (« Je veux tout dire avant pour pouvoir tout faire après ») et figurant sur la page de suivi des engagements du site de l’UMP, le secrétaire général du parti majoritaire a souhaité ce matin que le président de la République s'exprime car « c'est le moment de cadrer les choses » face à « la campagne ad hominem » dont il est la cible (selon un sondage CSA pour VSD, 75 % des Français trouvent que Nicolas Sarkozy personnalise trop le pouvoir).
« Je trouverais bien qu'il s'exprime, d'ailleurs je l'espère », a déclaré M. Devedjian sur France 2, « soit par un discours, soit peut-être par une interview ». Le 12 janvier, le président de la République avat dit vouloir faire des municipales « un enjeu national », pour se raviser deux semaines plus tard, et faire redire l'inverse… le lendemain par David Martinon.
« C'est le moment de cadrer les choses et un peu d'évacuer les fantasmes, parce qu'il fait l'objet de beaucoup de faux procès, c'est le moment de les dissiper », a-t-il ajouté. « Notre électorat attend ça », a insisté le président du Conseil général des Hauts-de-Seine regrettant, député UMP de la 13e circonscription des Hauts-de-Seine, qu'il y a « en ce moment une vraie réaction contre la campagne vraiment très personnalisée qui a été faite », selon lui, contre Nicolas Sarkozy, « une campagne ad hominem, visant sa personne et pas sa politique ».
« Dans un premier temps notre électorat était un peu désarçonné par ça, maintenant il réagit et il se mobilise », a-t-il ajouté…
Cet après-midi, en déplacement à Toulouse, Ségolène Royal a appelé les électeurs à un « vote moral » lors des municipales, craignant que « cela ne finisse mal » en France si on ne sanctionne pas le gouvernement. « La France est tirée par le bas. Nous sommes mal gouvernés, mal dirigés (...) Les mauvaises nouvelles, les Français vont les apprendre après les municipales. Il est extrêmement important donc de tirer la sonnette d'alarme les 9 et 16 mars prochain », a lancé l'ancienne candidate à la présidentielle.
Pour sa part, le principal intéressé, déterminé depuis septembre à « aller chercher la croissance », a promis au Sénat, devant l’Association des moyennes entreprises patrimoniales (Aspm) : « Nous aurons prochainement des chiffres qui montreront une baisse sans précédent du chômage dans notre pays ». Evidemment, l'Aspm, fondé par Yvon Gattaz, ancien « patron des patrons » (de l'élection de Mitterrand, en 1981, à la première cohabitation, en 1986), niche de personnalités pour la plupart retraitées et soumises à l'ISF, doit avoir la primeur d'une information sur la putative baisse du chômage… La logique présidentielle dans sa splendeur mais on peut supputer qu'il a soigné son vocabulaire. Et qu'il en fera autant s'il s'adresse aux Français avant le 9 mars. Après tout, il avait bien dit à Mme Royal que la fonction nécessitait du sang-froid.
François Fillon, lui, a avancé le chiffre de 7,9 % de chômeurs, alors que l’Insee ne donnera pas de chiffre avant demain. Il s’agit bien entendu de chômeurs de catégorie 1 et ayant travaillé moins de 78 heures le mois précédent… Des chiffres de toutes façons toujours contestés (au moins ici).
Etranges, ces hommes (au sens large du terme) politiques qui disent qu’il « ne faut pas politiser » les élections locales… et qui annoncent des « bonnes nouvelles » avant qu'elles ne soient officielles.
Fabien Abitbol, dessin de Placide
⇒ Pourquoi Sarkozy inquiète son propre camp
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