En ce 18 avril, quelques souvenirs remontent, qui me donnent envie, à titre exceptionnel, de rédiger un billet (le 4725e sur ce blogue), plutôt personnel et à la première personne, même s’il parle de l’air du temps, et des scrutins qui approchent.
C’est en allant ce jour à l’épicerie de Guy Birenbaum que je suis tombé sur cet hommage à Pierre Desproges. Déjà 24 ans qu’il est mort. Déjà 24 ans que face à Chopin au Père-Lachaise il repose. Et en vingt-quatre ans, la société aurait changé à un point qu’on ne peut plus rire de tout… Non. Ce sont certaines mentalités qui ont changé. Et certains se prétendant humoristes qui ne visent qu’à attiser des haines ou des rancœurs.
Le 18 avril, dans un passé un peu plus lointain, et plus anecdotique, c’est en 1984 le jour où je soutenais mon mémoire, à l’IUT de journalisme de Bordeaux, devenu depuis quelques années IJBA. J’avais choisi cette date car le mémoire en question, mi-photographique mi-écriture, portait sur la Fête de l’Huma. Je tenais à le soutenir un 18 avril, jour anniversaire de la parution du premier numéro du journal fondé par Jaurès, en 1904, quatre-vingts ans plus tôt.
Et en ce 18 avril 2012, revenant vers chez moi, je vois, garée, une camionnette bardée d’affichettes pro-Mélenchon (photo). Dans un arrondissement où tous les élus sont de gauche depuis 2008, alors que Jean-Marie Le Pen y était élu en 1983, cela semble a priori normal. Mais dans la rue des Panoyaux plus précisément, c’est un symbole: c’est rue des Panoyaux que se trouvait, jusqu’à son déménagement vers le quartier Saint-Blaise en 1994, le local du PCF20e. Et Mélenchon est le candidat du Front de Gauche, donc soutenu par le PCF.
Sans doute est-ce pour cela qu’il est tant critiqué, jusque dans sa sympathie pour Serge Dassault, qu’il a pourtant politiquement combattu.
Sans doute pour cela aussi qu’il inquiète, jusqu’au principal candidat se revendiquant de gauche, dont il «accentue la pâleur», selon les mots du directeur général de la Fondapol.
Certains à gauche veulent voter Hollande au premier tour, pour lui donner davantage de force, disent-ils. Mais sans plus de conviction que cela. C’est à mon sens une erreur.
A droite, l’offre politique est réduite. Sarkozy et ses promesses non tenues, qu’il ose remettre pour un éventuel prochain quinquennat. Au second tour, il aura peu de reports mathématiques de voix. Ce ne sont ni Marine Le Pen ni François Bayrou qui inviteront clairement leurs électeurs à voter pour lui.
Donc, si l’on se fie aux sondages, fluctuant peu cette année pour une fois, le candidat soutenu par le PS et celui soutenu par l’UMP devraient se retrouver, comme d’habitude hormis le ratage de campagne de Lionel Jospin de 2002, au second tour.
Depuis 1981 j’ai le droit de vote. Plus précisément depuis que, à peine élu, François Mitterrand a dissous l’Assemblée nationale et que les listes électorales ont été rouvertes, me permettant de voter aux législatives.
En 31 ans de participation à la vie politique française, je ne me suis abstenu qu’à deux scrutins, deux référendums:
• celui du 6 novembre 1988 sur l’autodétermination en Nouvelle Calédonie, non pas que je m’en fiche, mais que, domicilié en Guadeloupe et votant à Angers par procuration, je ne trouvais pas “normal” d’être consulté sur ce sujet que je ne maîtrisais pas;
• celui du 29 mai 2005 sur le Traité de la constitution européenne, car j’ai été hospitalisé la veille, inopinément, et n’étais pas en mesure de signer quelque bout de papier que ce fût.
Depuis 1981, jamais me semble-t-il je n’ai voté au premier tour pour un candidat estampillé PS. Sauf à l’élection présidentielle de 2002, car depuis le mardi soir, cinq jours avant ce funeste dimanche, je savais que le parti du rejet de l’autre avait des risques de se retrouver au second tour.
Depuis 1981, jamais je n’ai pris ouvertement parti pour un candidat. Sauf en 2002, aux législatives. Dans la sixième circonscription de Paris, où je résidais depuis six ans et où je vis encore, j’ai soutenu la candidate des Verts, la jeune Alice le Roy. Le jour de mon anniversaire, elle obtint 8,45% des suffrages exprimés, sur… vingt-trois candidats.
Depuis 1981, jamais je n’ai pris ma carte auprès d’un parti politique. Il n’y a pas de raison que cela change.
Et cette fois, c’est décidé: je voterai au second tour pour le candidat de gauche le mieux placé pour l’emporter. En attendant, plus Jean-Luc Mélenchon aura de voix, plus le “programme commun” de «virer Sarkozy» aura un sens, puisque François Hollande affirme ne rien vouloir négocier.
Fabien Abitbol, photos: Une camionnette de propagande Mélenchon, opportunément (mal) garée rue des Panoyaux, dans le 20e arrondissenent, le 18 avril 2012; une affiche taguée dans le métro, le 13 février 2011 (photos FA).
Les commentaires récents