Gulli et UGC bernés par les scientologues
La chaîne pour enfants et le réseau de salles de cinéma ont diffusé à leur insu des clips réalisés par une association parrainée par l'Eglise de scientologie. Informés, ils ont aussitôt suspendu les diffusions.
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Capture d'écran du site Internet de Gulli
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Il y a une quinzaine de jours, la chaîne pour enfants Gulli et le réseau de salles de cinéma UGC diffusaient des clips d'une cinquantaine de secondes chacun. Clips réalisés par l'association américaine Des jeunes pour les Droits de l'Homme. Les mini films sont bien tournés et leurs messages très beaux puisqu'ils sont une déclinaison de la déclaration universelle des droits de l'Homme. Problème, et c'est France-Info qui révèle la supercherie : cette association a été créée et animée par des membres de l'Eglise de scientologie, considérée comme une secte dans un rapport parlementaire en France.
Et sa représentante en France n'est autre qu'Agnès Bron, porte-parole de cette organisation à Paris. Cet aspect là, les deux diffuseurs l'ignoraient.
« Le véritable danger de ces clips, au-delà du message sur les droits de l'homme, c'est que c'est une façon comme une autre d'amener les gens vers l'Eglise de scientologie, commente sur France-Info Jean-Michel Ro, président de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Dans cette affaire, l'Eglise de scientologie avance masquée, son nom n'apparaît pas sur les clips ».
Réponse d'Agnès Bron sur France-Info : « Cette association a des membres qui appartiennent à l'Eglise de Scientologie. Et alors ? Quand vous allez rencontrer les Alcooliques anonymes ; vous ne demandez pas si leurs membres sont évangélistes ». Gulli et UGC, une fois alertés des liens entre les clips et l'Eglise de Scientologie, ont immédiatement cessé la diffusion des vidéos.
Alexandra Guillet, pour LCI.fr
Qui fait quoi ?
⇒ Agnès Bron est également la chargée de communication d’une association de lutte contre la drogue, soutenue par la Scientologie.
⇒ Sur Europe 1, au « Grand direct de la télé », ce matin de 11h à midi, Jean-Marc Morandini a indiqué que Gulli ne souhaitait pas s’exprimer sur cette affaire, pour ne pas « faire de publicité » à la Scientologie. Toutefois, il n’a pas, sur Europe 1, « fait de publicité » à LCI.fr ou à France-Info, contrairement à ce sujet publié par kévin à 12h09 sur son blogue, où il site comme source LCI.FR (uniquement) et diffuse cette vidéo. Sur Europe 1, Jean-Marc Morandini n'a pas dit que son employeur était pour moitié propriétaire de Gulli.
⇒ Selon une dépêche AFP, relayée ici par Metrofrance, les façons d'agir de l'Eglise de Scientologie avaient été dévoilées en avril 2006. Et par le Conseil supérieur de l'audiovisuel ! Les responsables de la programmation de Gulli n'ont peut-être pas pris la peine de se procurer ce rapport… pourtant accessible à tous et indiquant les dangers de certaines associations « caritatives » américaines.
⇒ A visionner : un extrait d’une émission de Canal + montrant, en mai 2005, l’embarras de Nicolas Sarkozy, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, après le renvoi d’un inspecteur des renseignements généraux, Arnaud Pélisson, qui avait publié en Suisse un copieux rapport de plus de 550 pages en accès libre ici. Pour M. Sarkozy, la lutte contre la Scientologie n’était plus une priorité.
⇒ Lors de la sortie de son livre « La République, les religions, l’espérance », l’actuel chef de l’Etat avait accordé un entretien à L’Express. On se souvient de la rencontre, à Bercy, entre Nicolas Sarkozy et Tom Cruise. Elle fut largement commentée et diversement appréciée.
On peut raisonnablement se demander si les dirigeants des chaînes de télévision, et notamment les directeurs de programmes, tiennent compte des avertissements du CSA… et, dans le cas précis de la chaîne Gulli, ce que font ses actionnaires principaux, l'un étant le groupe France-Télévisions (financé en partie par nos impôts), l'autre le groupe Lagadère interactive (détenu à 20 % par le groupe Dassault). Quant aux salles de cinéma, ne diffusent-elles les publicités que pour vendre des boissons et autres denrées, autrement plus rentables que le prix déjà élevé du ticket d'entrée ?
Fabien Abitbol
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