Un gouvernement resserré, en attendant les nominations des Secrétaires d’État, et avec une représentation moins "parisienne": voilà l'essentiel de ce que l'on peut retenir de l'annonce faite ce midi, heure de Paris, sur le perron de l’Élysée. La liste des ministres du troisième gouvernement de la présidence Hollande (premier gouvernement Valls) est à télécharger ici dans l'ordre protocolaire. Sur huit ministres ou ministres délégués ayant occupé des fonctions électives à Paris, en Île-de-France, ou en Europe au nom de l'Île-de-France, seuls deux restent dans le troisième gouvernement du quinquennat de François Hollande. Les Français de l'étranger sont aussi oubliés, à 50 jours de l'élection de leurs représentants.
Dans le précédent gouvernement, l'est parisien était surreprésenté, avec Mmes Benguigui, Duflot, et Pau-Langevin.
De son côté, l'ancienne patronne des Verts Cécile Duflot avait fait savoir qu'elle ne participerait pas à un gouvernement dont le Premier ministre serait Manuel Valls. En septembre 2013 déjà, elle avait violemment critiqué les propos du ministre de l'Intérieur sur les Roms. Cécile Duflot avait été élue députée de la 6e circonscription de Paris en 2012 (la partie regroupant le haut-Ménilmontant, dans le 20e, et le bas-Ménilmontant dans le 11e), suite à l'accord passé entre le PS et EELV. Elle peut donc, dans trente jours, aller siéger au Palais Bourbon, et ainsi faire perdre une voix au PS, puisque Danièle Hoffman-Rispal, qui avait battu Georges Sarre en 2002, est sa suppléante.
Seule "rescapée" de l'est parisien, George Pau-Langevin, militante socialiste depuis près de quarante ans, conseillère du 20e arrondissement depuis une vingtaine d'années, et Déléguée générale à l'Outre-mer lors de la première mandature de Bertrand Delanoë, reste au gouvernement. Elle prend la rue Oudinot, apparemment sur une suggestion du sortant Victorin Lurel. Sa suppléante à l'Assemblée nationale, Fanélie Carrey-Comte pourra donc continuer à représenter l"aile gauche" du PS.
Autre "victime" parisienne du remaniement, au moins jusqu'à ce que le gouvernement soit complété (dans les prochains jours, en théorie à l'issue du discours de politique générale, précise-t-on de source bien informée), Dominique Bertinotti, qui était ministre déléguée à la Famille dans les deux gouvernements Ayrault. Mme Bertinotti avait laissé les clefs de la mairie du 4e arrondissement à Philippe Girard, réélu de justesse dimanche dernier, et contre qui un recours devait être déposé ce mercredi.
Parmi les Franciliens qui ne sont pour l'instant plus au gouvernement:
Nicole Bricq, 66 ans, conseillère régionale de l'Île-de-France de 1983 à 1989, députée de Seine-et-Marne de 1997 à 2002 à la faveur d'une triangulaire PS-UMP-FN, sénatrice de Seine-et-Marne de 2004 à 2012, et candidate malheureuse aux législatives de 2012 contre Jean-François Copé. Après un passage à l'Ecologie dans le premier gouvernement Ayrault, puis le portefeuille du Commerce extérieur dans le second, il se trouve que ce poste est -du moins pour le moment- purement supprimé. Probablement au profit de Laurent Fabius, qui, premier dans l'ordre protocolaire, s'est vu attribuer le titre de "ministre des Affaires étrangères et du Développement international". Notons également que le Premier ministre a fait publier au JO de ce jour la composition de son cabinet: la DirCab n'est autre que Véronique Bedague-Hamilius, ancienne conseillère de Laurent Fabius de 2000 à 2002, et que le gouvernement Ayrault avait nommée à la mi-mars à la tête de l'AFII-Ubifrance.
François Lamy, 54 ans, ancien conseiller régional de l'Île-de-France, ancien maire de Palaiseau (Essonne), M. Lamy est élu sans discontinuer à l'Assemblée nationale depuis 2002, et présentement c'est Jérome Guedj, de l'"aile gauche" du PS, qui siège au Palais Bourbon comme suppléant.
Pascal Canfin, 39 ans, qui lui aussi avait fait savoir qu'il ne participerait pas à un gouvernement dirigé par Emmanuel Valls, représentait EELV pour l'Île-de-France au Parlement européen. Lors de sa nomination au premier gouvernement Ayrault comme ministre délégué au développement, ce journaliste de profession avait été remplacé au Parlement européen par Jean-Jacob Bicep, un conseiller du 20e arrondissement.
L'unique rescapé de l'île-de-France (hormis George Pau-Langevin, parisienne) est Benoît Hamon, 46 ans, qui avait été élu député des Yvelines en 2012 après avoir, trois ans durant, testé le non-cumul des mandats à l'extrême, puisque la débâcle du PS aux européennes de 2009 lui avait fait perdre son mandat de député européen. M. Hamon, qui a par ailleurs été conseiller municipal à Brétigny (dans l'Essonne) de 2001 à 2008, passe de ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire et à la consommation à ministre de l’Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche: il occupe désormais le troisième rang dans l'ordre protocolaire.
Notons que c'est un fidèle parmi les fidèles de François Hollande qui prend le porte-parolat, jusque-là dans les mains de Najat Vallaud-Belkacem: Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Forêt est désormais ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Forêt et Porte-Parole du Gouvernement. Mme Vallaud-Belkacem, qui était ministre des Droits des femmes et Porte-parole du gouvernement, devient ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Trois ministères en un, ce qui place l'élue lyonnaise au rang protocolaire devant M. Le Foll.
Sur les seize personnes (huit hommes et huit femmes) qui, en sus du Premier ministre, composent le gouvernement, seules deux font leur entrée, remarquée:
Ségolène Royal, 60 ans, qui a été d'avril 1992 à mars 1993 ministre de l'Environnement, est nommée ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. L'ancienne candidate malheureuse à la présidentielle de 2007, camarade de promotion de François Hollande à l'ENA et "mère de ses quatre enfants", comme le précise Radio Canada, occupe le deuxième rang protocolaire dans le premier gouvernement Valls. Son retour a été particulièrement remarqué sur Radio Canada au reportage audio diffusé ce matin
François Rebsamen, 62 ans, président du groupe socialiste au Sénat depuis septembre 2011, est nommé ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social. Maire de Dijon depuis 2001 lorsque Robert Poujade ne s'est pas présenté, il était également président de la Comadi.
Le nombre de ministre étant très restreint, leur périmètre sera forcément redéfini dans les jours qui viennent. Et lorsque la publication des attributions ministérielles sera au Journal officiel, elle sera détaillée sur Le JO au café.
Fabien Abitbol
* Pour l'instant, à cinquante jours des élections des représentants des Français de l'étranger, Hélène Conway-Mouret n'est pas remplacée. Le dossier "Consulaires 2014" de Soir Américain est à consulter ici, la page Facebook (relative aux deux circonscriptions du Québec) est là. Les élus de la fin mai entreront dans le collège électoral, aux fins de désigner les sénateurs à renouveler en septembre 2014. Cette page du site du Sénat est donc loin d'être à jour...
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