Dans le 20e arrondissement comme sur l'ensemble de Paris, le Parti socialiste et ses alliés ont reculé par rapport aux municipales de 2008, mais conservent la majorité absolue.
Dans le 20e arrondissement de Paris, où le nombre d'électeurs est sensiblement le même d'un scrutin à l'autre (lire ici les résultats du premier tour), la "liste Hidalgo" menée par la socialiste Frédérique Calandra (maire sortante) l'a emporté avec 55,1% des suffrages, contre 31,3% à la "liste NKM" menée par Atanase Périfan (conseiller sortant du 17e arrondissement), et 13,7% pour la liste Front de Gauche menée par Danielle Simonnet, conseillère de Paris et élue du 20e. La participation, en apparence faible (52,7% au second tour) est tout de même largement supérieure à celle de 2008, où seuls 43,4% des électeurs avaient pris part au vote.
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En 2008, Mme Calandra (qui menait la "liste Delanoë"), avait remporté la mairie d'arrondissement avec 69,5% des voix, contre le maire sortant Michel Charzat, exclu du PS, qui obtenait 30,5%. Aucune liste de droite n'était présente au second tour.
En nombre d'électeurs, Mme Calandra à obtenu 31.163 voix (31.948 en 2008), et son ancienne adjointe Danielle Simonnet (qui figurait sur sa liste en 2008, donc) en a eu 7.732. De son côté, la liste UMP-MoDem a obtenu 17.690 voix, soit environ 3.500 voix de plus que la liste divers gauche menée en 2008 par Michel Charzat.
Avec un score similaire en voix et très inférieur en pourcentage, Mme Calandra parvient tout de même à sauver la mise: sa liste obtient 11 sièges au conseil de Paris et 22 sièges au conseil d'arrondissement, tout comme en 2008. À la différence près que la répartition des élus a été modifiée entretemps, sur la base de l'évolution de la démographie parisienne.
En 2008, le 20e arrondissement élisait 39 conseillers d'arrondissement dont 13 conseillers de Paris; en 2014 il devait en élire 42, dont 14 conseillers de Paris.
En nombre d'élus, Mme Calandra se retrouve au même niveau qu'à la précédente élection. M. Périfan en obtient autant que M. Charzat en 2008 (six élus, dont deux conseillers de Paris). La grande gagnante est Mme Simonnet qui en obtient trois, dont un au Conseil de Paris, où elle sera en revanche très isolée.
La -courte- tentative de discussion entre l'équipe Hidalgo et l'équipe Simonnet a mal tourné lundi dernier. À ce sujet, lire ce billet d'Alexis Corbière, qui était jusqu'à cette élection l'autre élu PG à Paris, élu dans le 12e arrondissement.
L'absence d'accord entre les listes Hidalgo et les listes Simonnet n'a pas pour effet que l'isolation de celle qui, désormais, parlera "sans muselière". En effet: le 5e arrondissement, historiquement à droite (terre d'élection de Jacques Chirac et Jean Tiberi) reste à droite à 600 voix près, alors que la "liste Simonnet" y avait eu plus de 900 voix au premier tour. En 2008, Jean Tiberi avait conservé "son" arrondissement avec seulement 225 voix d'avance: une alliance sur Paris pouvait donc tout changer.
Le 9e arrondissement, lui, bascule à droite, pour... 159 petites voix. La "liste Simonnet" avait obtenu 772 voix au premier tour.
Dans le 4e arrondissement, Christophe Girard est réélu de justesse avec 55 voix d'avance, on peut remarquer que le nombre de bulletins blancs ou nuls est supérieur de 102 à celui du premier tour, alors que le nombre de votants a augmenté de 703, mettant l'arrondissement parmi les "bons élèves" de Paris en terme de participation. Déjà chahuté dans son propre camp lors de la primaire socialiste fin 2013, Christophe Girard est cette fois sous le coup d'un probable recours déposé par l'UMP. Le 4e arrondissement n'envoie que deux élus au Conseil de Paris.
Dans le 15e, arrondissement où se présentait Anne Hidalgo, qui est le plus gros pourvoyeur de conseillers de Paris, on observe un net recul de la liste Hidalgo qui, avec 36,6% des voix, ne remporte que trois sièges au conseil de Paris et en laisse quinze au patron de l'UMP parisienne Philippe Goujon. En 2008, sous l'ancienne répartition, Anne Hidalgo avait obtenu quatre sièges et Philippe Goujon treize! Mme Hidalgo avait à l'époque récolté plus de 47% des suffrages au second tour...
La victoire de Anne Hidalgo, qui rejoint le club très fermé des femmes maires d'une capitale, est donc en demi-teinte.
Si le total des "listes Hidalgo" a obtenu 3 sièges au premier tour et 88 sièges au second sur les 163 sièges du conseil de Paris, soit un total de 91 sièges, il convient de rappeler que, en 2008, Bertrand Delanoë avait été reconduit avec 98 voix sur les 99 sièges dévolus à l'époque à l'ensemble de la gauche. En 2008, Bertrand Delanoë pouvait même se permettre le "luxe" de se passer des neuf élus écologistes, puisqu'il avait la majorité absolue, fixée à 82 voix au conseil de Paris.
En 2008, en terme de rapport de forces, Bertrand Delanoë avait été réélu avec 57,7% des suffrages sur l'ensemble des arrondissements. Cette année, celle qui treize ans durant fut sa première adjointe doit se contenter de 53,34% des voix sur les vingt arrondissements (et donc 91 sièges), devant NKM qui obtient 44,06% et 71 sièges pour ses listes d'union, et Danielle Simonnet qui -présente uniquement dans l'arrondissement" où elle a "failli naître"- obtient 1,35% des voix et un siège.
En nombre de voix, à population presque constante, les listes Delanoë avaient obtenu environ cent mille voix de plus que les listes Panafieu en 2008. En 2014, la différence entre les listes Hidalgo et les listes NKM est de l'ordre de 50.000 voix.
Les listes de droite (non NKM) obtiennent 1,25% des voix, et aucun siège. Outre le 20e arrondissement, il y avait en effet deux autres triangulaires dans Paris: dans le 7e et dans le 8e.
Dans le 7e, où une fois de plus Rachida Dati n'a été élue qu'au second tour, un ancien conseiller de Paris (présenté comme "le cauchemar" de la maire sortante), Christian Le Roux se place en deuxième position, devant la candidate socialiste, alors que, en 2008, Véronique Delvolvé-Rosset (MoDem) n'arrivait que 3e, derrière la candidate PS de l'époque. Dans cet arrondissement sans enjeu pour la gauche en terme de conseillers de Paris, le recul du PS se fait aussi au bénéfice de la droite.
Le 8e était l'arrondissement où Charles Beigbeder se présentait. Il devance la candidate PS, qui fait un nombre de voix similaire à celui de 2008.
Ces deux listes de droite, toutes deux indépendantes des listes estampillées UMP (et qui font numériquement un peu moins que l'unique liste FdG), pâtissent du mode de scrutin en vigueur depuis 1982 à Paris, Lyon et Marseille alors que la seule liste autonome de gauche au second tour, celle de Danielle Simonnet dans le 20e, malgré un pourcentage de voix inférieur, obtient un siège au conseil de Paris.
Du fait également du mode de scrutin, quatre "gros" arrondissements entre les mains du PS conservent leur nombre de sièges au conseil de Paris tout en ayant moins d'électeurs. Il s'agit du 12e (qui passe de 64,8% en 2008 à 53% en 2014), du 13e (69,9% en 2008, 62,4% cette année), du 14e (où le PS gagnait à 57,4% en 2008 malgré une triangulaire et passe à 53,8% en 2014 avec une seule liste en face), et du 18e arrondissement (72,5% pour Daniel Vaillant en 2008 contre 62,4% pour Éric Lejoindre en 2014).
Notons que le 19e arrondissement, qui élisait douze conseillers de Paris en 2008, s'était passé d'un second tour, envoyant à l'Hôtel de Ville dix élus de la liste PS et deux de la liste UMP. Cette année, avec la refonte de la carte parisienne et pas de majorité absolue au premier tour, la "liste Hidalgo" menée par François Dagnaud a remporté douze sièges et en a laissé deux à la liste UMP-UDI-MoDem, avec un taux de participation similaire.
Fabien Abitbol
Merci pour cet intéressant décryptage. Bien dommage pour Pauline Véron dans le 9ème qui avait de très intéressants projets pour l'arrondissement...Si cette querelle est bien responsable de l'échec, ce sont les habitants qui vont en pâtir, la nouvelle maire ayant un programme beaucoup plus au ras du bitume...
Rédigé par : Guy Labadie | 31/03/2014 à 16h11