Un communiqué de la Sûreté du Québec annonce ce mardi 29 octobre l'arrestation par la Sûreté du Québec de seize, dans le cadre du projet Lorgnette, "avec la collaboration de la Brigade des fraudes aux moyens de paiement de la police judiciaire de Paris". Une conférence de presse avait lieu ce matin à Montréal (au Québec), à 10h30 (15h30, heure de Paris), donnée par le capitaine Richard Gauthier, responsable du Service des enquêtes sur les crimes économiques de la Sûreté du Québec.
Avec son "cerveau" à Boucherville (à une vingtaine de kilomètres de Montréal), le réseau écumait le monde. En France, c'est la Brigade des fraudes aux moyens de paiement (BFMP), de la PJ de Paris, qui est chargée de l'affaire.
La Sûreté du Québec pense que 30.000 cartes ont été contrefaites par la bande.
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Le projet Lorgnette avait été initié en août 2012. Les fraudeurs interpellés, considérés comme "composant le plus important réseau international de fraudes par cartes de paiement identifié au Québec", doivent comparaître dans la journée au Palais de justice de Montréal sous les chefs d'accusation de "fraude, trafic de données relatives à une carte de crédit, fabrication de fausses cartes de crédit, possession non autorisée de données relatives à une carte de crédit, complot et vol".
Les fraudes qui leur sont reprochées sur une dizaine de pays, dont la France et l'Allemagne pour ce qui est de l'Europe (majorité de la fraude), représenteraient pour l'instant une douzaine de millions de dollars (près de neuf millions d'euros). Une vingtaine de perquisitions ont eu lieu dans des domiciles et des commerces à Montréal, Laval, Longueuil, Boucherville (dont Zobair Javad, 33 ans, tête pensante du réseau, est originaire), Chambly et Magog.
Le stratagème était identique: les suspects se déplaçaient à travers le monde. Ils pouvaient aller jusqu'à "changer le terminal de paiement" d'un commerçant, selon le capitaine Gauthier pour qui les victimes étaient "monsieur et madame tout le monde". Les dizaines de milliers de données ainsi obtenues étaient ensuite transmises au Québec, puis décryptées, avant d'être retournées à l'étranger pour y fabriquer des cartes falsifiées.
La police estime à trente mille le nombre de victimes de cette escroquerie à travers le monde.
Outre la Brigade des fraudes aux moyens de paiement de la Direction régionale de la police judiciaire de Paris, la police indique que l'Association des banquiers canadiens a participé à l'enquête. Et conclut: "Le Service des enquêtes sur les crimes économiques de la Sûreté du Québec détient une expertise en matière d'enquête sur les fraudes et prend très au sérieux ce type de crime. Grâce à la création de partenariats nationaux et internationaux, les policiers sont en mesure de mettre fin aux activités criminelles des réseaux de fraudeurs, peu importe le pays où les fraudes sont commises."
Fabien Abitbol
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