Un corps à l'état de squelette a été retrouvé ce vendredi dans le centre de la Côte-d'Ivoire par le magistrat chargé d'instruire la disparition du journaliste Guy-André Kieffer (GAK), indique l'un des sites Internet de France Télévision.
Il pourrait s'agir de celui du journaliste franco-canadien disparu le 16 avril 2004 sur le parking d'un supermarché d'Abidjan, la capitale économique du pays, alors qu'il avait rendez-vous avec un beau-frère de l'épouse du président Laurent Gbagbo.
Joint pour le blogue, le frère de notre voisin disparu en avril 2004 (et à qui un dossier est consacré ici) a confirmé l'information.
Le squelette a été découvert vendredi matin, dans la région d'Issia (la “boucle du cacao”), où s'était rendu le juge français Patrick Ramaël, qui se trouve en Côte d'Ivoire depuis le début de la semaine. Le juge d'instruction a été mené sur cette piste par un témoin qui ne savait pas qu'il s'agissait de Guy-André Kieffer —il ne l'a compris qu'en voyant les journaux— mais qui savait qu'il s'agissait d'un homme blanc, selon les explications de Bernard Kieffer, le frère cadet de GAK, partie civile dans le dossier.
Des prélèvements ADN ont été effectués dès ce vendredi, qui doivent prochainement être analysés. Mais Bernard Kieffer pour qui «c'est à la fois un soulagement et une grande tristesse» est «quasiment sûr» qu'il va pouvoir faire le deuil de son frère et «suivre cette enquête sur le plan strictement pénal» (voix ici)
Il convient de rester prudent, pour Jacques Kieffer, le père de GAK, qui considère que de toutes façons le corps n'a pas «fait plusieurs centaines de kilomètres tout seul» et qu'il «reste des acteurs à préciser» (écouter le son).
Le juge Ramaël s'était rendu en Côte d'Ivoire en novembre 2011, après une année “maigre” en terme d'enquête, marquée par la crise politique au pays, qui avait suivi l'élection mouvementée du président Ouattara. C'était quelques jours après l'arrestation rocambolesque du “commandant Séka Séka”. De tout le reste de l'année 2011, seul le mois de mai avait permis de faire un petit pas dans le volet français de l'enquête.
En deux semaines d'investigations en novembre, le juge Patrick Ramaël avait procédé à l'audition d'une quinzaine d'anciens proches du couple Gbagbo, dans le cadre de deux enquêtes: celle sur la disparition de notre voisin Guy-André Kieffer et celle sur le bref enlèvement, dans des circonstances semblables, de Me Xavier Ghelber, avocat parisien qui réalisait un audit sur la filière cacao pour l'Union européenne. Dans le cadre de l'enlèvement de Me Ghelber, le barreau de Paris est partie civile depuis deux ans.
Le juge Ramaël était reparti en Côte d'Ivoire le lundi 2 janvier, pour l'affaire Ghelber, et aussi pour mettre à mal, dans le cadre de l'affaire Kieffer, une rumeur grandissante impliquant des proches du président Ouattara, qui a été publiée peu après son arrivée.
Ministre de la Promotion de la Jeunesse et du Service civique de la République de Côte d'Ivoire, Alain Lobognon se souvient ce vendredi d'une discussion avec GAK sur «la nébuleuse de la filière café-cacao». C'est vraisemblablement du fait de ses enquêtes journalistiques sur ces matières premières, dont la Côte d'Ivoire était à l'époque le premier producteur mondial, que Guy-André a disparu, voici bientôt huit ans.
Marié en secondes noces à la réalisatrice Osange Silou, Guy-André Kieffer s'était installé en 1980 dans le 20e arrondissement de Paris, aux Maraîchers. Pour déménager en 1986 de quelques rues, à l'occasion de la naissance de leur fille Canelle. Cette dernière commentait vendredi soir l'événement sur Facebook, disant qu'elle n'avait «pas envie d'en parler jusqu'à confirmation des test ADN indiquant que c'est bien le corps de [son] père».
En 2008, du fait des travaux réalisés sur les Colonnes du Trône, les portraits de Guy-André Kieffer et de Fred Nérac (disparu en Irak en 2003) ont été décrochés. Le 16 avril 2008, pour la commémoration des quatre ans de la disparition de GAK, son portrait était provisoirement installé sur le fronton de la mairie du 20e par la nouvelle équipe municipale. Puis il intégra le hall de la mairie d'arrondissement, et se trouve à proximité de l'Etat civil et de l'antenne de police administrative.
Fabien Abitbol, montage photos DR, sons RTL (pour Bernard Kieffer) et France Info (pour Jacques Kieffer).
NB: Diverses mises à jour, la version originale (de 19h34 et sans photos) se trouve sur Paris.MaVille.com.
A lire: Séka Séka et Tony Oulaï dans le viseur de Ramaël (Abidjan News, 4 janvier), Qui se soucie de vous? (Audrey Pulvar, archives, sept. 2010)
Je sais l'intérêt que tu portes depuis très longtemps à cette affaire et bien que cette découverte mette fin au dernier et ténu espoir, je partage le nouvel espoir des amis et des proches de Guy Alain Kieffer, que ses assassins probables soient prochainement découverts et jugés.
Bien à toi.
Rédigé par : Apolline | 06/01/2012 à 20h18
enfin une réponse aux questions...triste mais on avance...la suite maintenant...
Rédigé par : miss P | 07/01/2012 à 10h40