Quelques jours après son 61e anniversaire, l’ancienne patronne de la PJ, Martine Monteil, présentement préfet, secrétaire à la zone défense de Paris, a été condamnée à une amende avec sursis pour diffamation envers l’un de ses anciens collègues. Une République irréprochable.
Martine Monteil était citée à comparaître pour diffamation, pour son ouvrage Flic tout simplement, paru en mai 2008 chez Lafon (réédité en Poche en mai 2009), dans lequel elle relate son ascension au sein de la Grande Maison. Petite-fille, fille, et épouse de policier, elle a été aux Stups (1982), à la BRP (1989), à la BRB (1994), à la Crim’ (1996), à la tête du 36 (2002) et avait soutenu Nicolas Sarkozy en 2007.
C’est sa vie qu’elle racontait dans l’ouvrage incriminé sur lequel s’est penché le tribunal correctionnel de Paris, à la demande de André Pommarède, un ancien collègue de la Brigade de répression du proxénétisme. Dans son livre, elle le traitait de ripou, et pas avec le dos de la cuillère. A la suite de fuites dans une enquête, des écoutes téléphoniques avaient permis d’identifier une «taupe» au sein de la Mondaine. Et Martine Monteil d’écrire: «Le traître c'est lui», «un ancien chef de groupe», «le ripou n'est autre que l'inspecteur divisionnaire, numéro trois de la brigade!» ou encore «Cet homme nous trompe et nous ment depuis des mois, peut-être plus. L'Inspection générale des services est saisie (…) Il est en relation d'affaires avec de vieux voyous proxénètes (...) Il sera évidemment révoqué. Ite missa est.»
Seulement voilà: le livre sort en 2008, les souvenirs de Mme Monteil remontent à la période de la BRP (1989/1994), précisément à mars 1990 (lire à ce sujet Deux ripoux sur un trottoir, L’Humanité du 19 mars 1990). L’inspecteur visé, André Pommarède, a été réintégré dans la police en… 1992, lorsque l’auteur du livre était encore la patronne du service. Ce qui n’est pas précisé dans le livre.
Les juges du Tribunal de Grande instance de Paris ont estimé, dans un jugement rendu vendredi 21 janvier (*) que Martine Monteil «ne pouvait sans imprudence faire le récit d'une affaire vieille de dix-huit ans en désignant publiquement un fonctionnaire de police comme ayant gravement manqué à ses devoirs, alors que ce dernier avait été judiciairement lavé de tout soupçon et réintégré dans ses fonctions.»
En conséquence, l’auteur du livre a été condamnée à une amende de mille euros, assortie du sursis. Une condamnation qui ne sera pas inscrite au casier judiciaire, le TGI considérant dans sa grande mansuétude que les propos «à la fois factuellement inexacts, judiciairement et disciplinairement infondés, et en définitive dépourvus du sérieux et du crédit attendus du témoignage de qui a passé la plus grande partie de sa vie à diriger des service de police judiciaire» résultaient «de l'imprudence à laquelle conduisent parfois de trop fortes certitudes».
Martine Monteil devra en sus verser 3000€ de dommages et intérêts à André Pommarède, et s’abstenir —en cas de réédition de son ouvrage— de republier les passages considérés comme diffamatoires.
Les «présumés coupables» ont parfois gain de cause, dans la “République irréprochable” voulue par le candidat UMP à la présidentielle de 2007.
Fabien Abitbol, illustration: couverture de la première édition de l'ouvrage incriminé
(*) A cette date, votre ouaibemaître préféré se trouvait loin de Paris et a eu —depuis— d’autres urgences à gérer pour les différents blogues…
Pas important cette affaire . De plus ,vu le trajet professionnel de cette personne , je pense qu'il n'y à rien à dire , ou si ,bien sûr :Continuez ! .
Rédigé par : le paraméen | 25/01/2012 à 14h06