Ménilmontant, mais oui madame...

Ouverture dominicale et droit de vote

Dans un communiqué publié sur le site de la Ville de Paris, l’adjointe au maire de Paris en charge du commerce, Lyne Cohen-Solal « tient à condamner de la manière la plus ferme » l’ouverture de quatre grands magasins le dimanche 21 mars, jour du second tour des élections régionales.

Il s’agit, selon le communiqué de Mme Cohen-Solal, du Printemps, des Galeries Lafayette, du BHV et du Bon Marché, qui seront ouverts de 10h à 20h, « dans le cadre de diverses opérations de promotions commerciales ». L’élue socialiste du 5e arrondissement « regrette que le Préfet de Paris ait quant à lui validé cette ouverture et oblige ainsi la mobilisation sur leur lieu de travail des salariés de ce secteur de la distribution, rendant ainsi presque impossible l’exercice de leurs droits électoraux. Ce d’autant plus que la plupart des salariés de la distribution ne réside pas dans la Capitale. »

La législation autorise l’ouverture dominicale à raison de six fois par an, en sus du PUCE délimité en septembre 2009 par le préfet de Région, qui nécessite par la suite l'aval des conseils municipaux. 

Dimanche dernier 14 mars, le taux d’abstention a été de 56,11% sur l’ensemble de l’Ile-de-France, se décomposant comme suit : Paris 52,27% d’abstention, Seine-et-Marne 58,53%, Yvelines 54,56%, Essonne 54,75%, Hauts-de-Seine 53,65%, Seine-Saint-Denis 62,22%, Val-de-Marne 57,11% et Val-d’Oise 59,16% d’abstention.

Sur les douze listes présentes au premier tour, trois seulement ont atteint le seuil des 10% pour se représenter le 21 mars (Majorité présidentielle de Valérie Pécresse, Parti socialiste de Jean-Paul Huchon et Europe Ecologie de Cécile Duflot) et deux ont dépassé les cinq pour cent nécessaires pour fusionner avec une autre liste (Front national de Marie-Christine Arnautu et Front de Gauche de Pierre Laurent). Le 21 mars ne seront plus en lice que deux listes. Celle de la Majorité présidentielle (UMP-NC et alliés) menée par Valérie Pécresse et celle du Rassemblement de gauche et des écologistes (Parti socialiste, Europe Ecologie, Front de Gauche) menée par le président sortant Jean-Paul Huchon.

« Consigne est donnée de ne voter ni pour les listes de l'UMP, ni pour celles rassemblées par le PS », a déclaré lundi Jean-Marie Le Pen, les voix apportées à la liste menée par la conseillère francilière FN sortante Marie-Christine Arnautu représentant 9,29% des suffrages exprimés (268 313 bulletins). Le Front national, qui comptait quinze élus (sur 209), estime avoir manqué la barre des 10% du fait de la présence de la liste anti-avortement. Sous les 5% (4,15%, 119 835 voix), le maire d’Yerres et député de l’Essonne Nicolas Dupont-Aignan avait indiqué dès dimanche soir qu’il ne donnait aucune consigne de vote.

A la suite de l'accord intervenu en Ile-de-France entre le PS, Europe écologie et le Front de gauche (lire ici les grandes lignes), Jean-Paul Huchon, Cécile Duflot et Pierre Laurent ont fait, mardi après-midi, une sortie unitaire à Aubervilliers.

Avant que l'accord n'intervienne à gauche, Anne Hidalgo, cheffe de file de la liste socialiste sur Paris, était lundi au métro Gambetta, dans le 20e arrondissement, pour aider une colistière locale, Nadège Abomangoli, à distribuer des tracts (photo ici). Vendredi prochain 19 mars, vers 17h, c'est Michèle Alliot-Marie qui est attendue dans l'arrondissement pour prêter main forte à Romain Mouton (Parti radical valoisien, blogue ICI), en 22e position sur la liste parisienne menée par Chantal Jouanno.

F. A.

Quand l’Etat aide un « patron voyou »

Dans un communiqué commun, la Ligue des droits de l’Homme de Seine-et-Marne (LDH 77), la Cimade, le Réseau éducation sans frontières (RESF) et la CGT 77 — entre autres — révèlent la situation d’un travailleur sans-papiers de nationalité ivoiriene, victime d’un accident du travail, et maintenu en rétention après avoir été dénoncé par son ancien employeur.

Ibrahima Diarra avait été interpellé au pied de son domicile de Pontault-Combault (Seine-et-Marne, 35 000 habitants) par la police aux frontières (PAF), le 23 février dernier, après que son ancien employeur lui avait fixé rendez-vous pour… aplanir un différend entre eux, expliquent les organisations.

Employé depuis juillet 2009 dans une entreprise de BTP à Ormeaux (Seine-et-Marne, 3500 habitants), il avait été victime, en décembre dernier, d’un accident du travail. Et, alors qu’il était en contrat à durée indéterminée, s’était fait mettre dehors dès le lendemain par son employeur au motif qu’il s’agissait de la fin d’un contrat à durée déterminée, celui-ci lui ayant fait changer le contrat et ayant modifié les dates, pour le rendre rétroactif à février 2009, indique ici la LDH 77.

Ibrahima Diarra, devant le refus de son employeur de reconnaître comme tel l’accident du travail, avait saisi la Sécurité sociale, qui est entrée en contact avec l’employeur pour le convoquer pour la mi-mars. L’employeur indélicat a pris les devants, avec les moyens de la République, selon les défenseurs du travailleur sans papiers. Mais, selon l’employeur (qui se justifie maladroitement dans Le Parisien) « Je l’ai attendu à notre rendez-vous et il n’est jamais venu. C’est certainement suite à ma demande, deux mois et demi avant la vérification de ses papiers auprès de la préfecture, qu’il a été contrôlé. La préfecture a mis plusieurs semaines à me répondre et j’ai réitéré mon signalement quelques jours avant l’arrestation d’Ibrahima. »

Etrange coïncidence, surtout que cette vérification qui doit se faire avant l’embauche, et non pas après un acccident… Et comment la PAF aurait-elle pu savoir qu’il serait ce jour précis au pied de chez lui à des horaires de travail ? Ce ne peut être qu'une précision de l'employeur, ou de l'ancien employeur, qui dans ce cas n'avait aucune raison de solliciter de nouveau les services de la préfecture, sauf se débarrasser d'un employé devenu trop gênant.

Depuis, Ibrahima est séparé de sa compagne (en situation régulière et mère de quatre enfants), et dort au centre de rétention du Mesnil-Amelot.

Samedi 13 mars au matin, il passait devant un juge des libertés et de la détention, qui a décidé de son maintien en rétention. Il a décidé de faire appel de son maintien en rétention, indique RESF. Les associations se demandent si « l'Etat est bien dans son rôle quand il aide ainsi un patron voyou à se débarrasser d'un travailleur sans-papiers devenu encombrant, car moins rentable, à cause d'un accident du travail ? ». Des patrons voyous à l’endroit de qui le candiddat Sarkozy avait promis une tolérance « double zéro » (lire ici les archives du projet de campagne présidentielle, et là -en page 2- un communiqué du syndicat de la magistrature).

Ibrahima Diarra est arrivé en France en 2006, indique RESF dans cette pétition. En octobre 2006, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) rejetait sa demande d’asile politique. Puis se mettait en ménage avec une femme, en situation régulière, mère de quatre enfants de quatre à dix-huit ans. La suite relève désormais des autorités policiaires et judiciaires, suite à l’indélicatesse (pour le moins) d’un employeur sans scrupules.

Fabien Abitbol

Alain Dolium se fait voler un ordinateur

Un ordinateur portable contenant des « données confidentielles sur la stratégie de campagne » du Modem aux élections régionales a été dérobé jeudi 11 mars au soir dans le 20e arrondissement de Paris, dans la voiture de Alain Dolium, tête de liste en Ile-de-France du parti présidé par François Bayrou, indique une dépêche AFP citant une source judiciaire.

L'ordinateur, contenu dans une mallette, a été dérobé dans la voiture du candidat, en stationnement rue Soleillet, dans le bas-Ménilmontant. Jeudi soir se tenait rue Boyer, à l’ancienne coopérative ouvrière La Bellevilloise, un meeting en présence notamment de François Bayrou, président du Modem.

Deux téléphones portables ont également été volés dans le véhicule.

L'enquête a été confiée au 2e district de police judiciaire (2eDPJ, territorialement compétent sur l’Est parisien), après qu’un assistant de M. Dolium a porté plainte au commissariat central du 20e arrondissement.

Un commandant de police sous les verrous

Le commandant François Ancrenaz, un flic « à l’ancienne », apprécié de ses collègues et affecté au 2e district de Paris (ex-2e DPJ, ayant compétence territoriale sur l’Est parisien), a été placé en détention provisoire jeudi. Il avait été placé en garde à vue mardi, mais faisait aussi l’objet d’une autre enquête, entre autres pour emploi de travailleurs clandestins, banqueroute et abus de biens sociaux…

François Ancrenaz a été mis en examen jeudi, à l’issue de 48 heures de garde à vue, pour « trafic d'influence passif par personne dépositaire d'une autorité » et pour « menaces et acte d'intimidation à l'égard d'une victime ». L'enquête, menée par les gendarmes de la brigade de recherches départementale du Val-de-Marne viserait une affaire de « banqueroute, abus de biens sociaux et emploi de travailleurs clandestins » remontant à 2008.

Cette affaire n'aurait apparemment pas de lien avec la fin d'une enquête sur l'Orphelinat mutualiste de la police nationale (OMPN, devenu Orpheopolis) qui a commencé en 2006, dans le cadre de laquelle trois autres personnes ont été interpellées également, parmi lesquelles un retraité de la police, selon une source proche du dossier.

L'Inspection générale des services (IGS, la branche parisienne de la police des polices) avait interpellé mardi matin le commandant François Ancrenaz tandis qu’il devait mener une vaste opération anti-stupéfiants avec des collègues de la PJ d’Amiens  sur divers points de l’Ile-de-France et à Saint-Quentin (Aisne). Alors qu’il effectuait son travail de chef de groupe « stupéfiants », il reçut mardi matin un appel lui demandant de rejoindre son lieu d’affectation, le 2e district de police judiciaire (DPJ) de Paris, où il était attendu pour être placé en garde à vue.

Le commandant Ancrenaz est soupçonné d'avoir usé de son influence en intervenant en 2009 auprès de différents services de police dans l'intérêt de personnes qui avaient des entreprises. En retour, le commandant de la PJ pouvait recevoir gratuitement des voyages ou la réalisation de travaux chez lui.

F. A., avec agences

• Un commandant des stups écroué pour trafic d'influence (France-Soir du 13 mars 2010)

Stephen de Couronnes, so british

Stephen Harrison (page MySpace ICI), contrebassiste, est arrivé à Paris dans le milieu des années quatre-vingt-dix. Il joue quatre ou cinq fois par semaine, mais « pas qu’à Paris », dit-il modestement, d’un air si british… Lire la vidéo (durée : 7 min. 40).

Amoureux de Belleville et de Ménilmontant, ce musicien né et élevé au nord de l’Angleterre, s’il est tombé amoureux de Belleville et de Ménilmontant, a joué dans sa carrière avec quelques-uns des groupes les plus inventifs de Grande-Bretagne et d’Europe continentale. Membre fondateur des Sons of the desert, de l'Attirail, du Jasmine Band, des Freebidou, il a joué avec les Pogues, Emir Kusturika, Bill Wyman, La Tordue, Louise Attaque, Pink Martini et Jacques Higelin. Rien de moins.

Au Satellit café, où il a donné rendez-vous fin février au site Brèves de trottoirs, il raconte, sur fond musical, son arrivée à Paris et quelques tranches de son humble vie. La vidéo a été placée en Une de Dailymotion mercredi 11 mars.

Brèves de trottoir a aussi son blogue, son compte twitter, son compte Dailymotion et sa page Facebook.

A visionner : Les Freebidou à Ménilmontant en mai 2007, pour la 1e édition du festival de la musique équitable et écologique (Fairplaylist). Une première édition qui se terminait le 6 mai au soir, date mémorable où — à l'autre bout de Paris — d'autres prirent d'assaut Le Fouquet's…

 

Détournements à l’orphelinat de la police : un commandant en garde à vue

Un commandant de police du deuxième district de Paris a été placé mardi soir en garde à vue dans le cadre d'une affaire de présumées malversations instruite par un juge d'instruction de Créteil (Val-de-Marne). Le 2e district, dirigé par le commissaire divisionnaire Gérard Rosenthal (20e arrondissement), est, depuis la mise en place de la police du Grand Paris, la dénomination de l’ancienne 2e DPJ, territorialement compétente sur l’Est parisien.

Il s’agit d’un policier spécialisé dans les stupéfiants, dont parle cet ouvrage paru le mois dernier comme d’un « flic de terrain chevronné ». D'autres personnes ont été interpellées, qui ne sont pas des policiers d'active.

Comme l’indique cette dépêche de l’Associated press publiée sur le site Internet de Ouest-France, deux perquisitions ont été effectuées mardi par des gendarmes du Val-de-Marne : l’une au domicile du commandant de police, l’autre à son bureau. L’enquête porte sur des malversations financières à l'ex-orphelinat mutualiste de la police nationale (OMPN, désormais Orpheopolis), et une information judiciaire est ouverte notamment pour « recel de banqueroute », « trafic d'influence » et « subornation de témoins ». Le siège de l'association se trouve dans le Val-de-Marne.

Mis à jour en décembre 2009, le dernier dossier de presse de l’association, reconnue d’utilité publique en 1925, fait état de 290 000 donateurs réguliers. Depuis 1947, cette institution est placée sous le haut patronage du président de la République. En 1999, elle a été admise au Comité de la Charte du Don en Confiance…

Après avoir, en 2009, inauguré un village d’enfants à Nancy, l’orphelinat a récemment procédé, en neuf points du territoire métropolitain, à la distribution d’un millier d’ordinateurs portables.

F. A.

Chantal Jouanno veut une grande bibliothèque à Paris (13ème)

Tête de liste UMP pour les élections régionales à Paris, Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat en charge de l’Ecologie, a indiqué mardi son intention de construire dans le 13e arrondissement de Paris un pont habitable hébergeant notammment… une grande bibliothèque. Pour mémoire, l’arrondissement héberge déjà —depuis 1995— la Bibliothèque François-Mitterrand, à laquelle on accède par la ligne de métro n°14, automatisée depuis son ouverture.

Mme Jouanno s’exprimait lors d’un point de presse en compagnie de Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et tête de liste pour l’Ile-de-France.

Son projet consiste en la construction, sur la Seine, au niveau de Tolbiac, d’« un pont avec 25.000 m2 végétalisés », offrant en dessous, sur deux étages, 75.000 m2 de services à la personne, de commerces, de logements étudiants et… une grande bibliothèque. Ce projet « irait de Jussieu à Tolbiac en passant par le jardin des Plantes » et « de Tolbiac jusqu'au bois de Vincennes, en traversant la Seine ».

Mme Jouanno a chiffré ce projet à « 150 M€ pour l'acteur public ». Un projet qui rappelle un concours international d'architecture lancé en mai 1997 par l'ancien maire de Paris Jean Tiberi, et qui n’avait mené à rien de concret (lire ici le cheminement et les coûts engendrés par le fiasco).

De son côté, Mme Pécresse a indiqué avoir travaillé avec l'architecte Jean-Michel Vilmotte sur un projet de résidences étudiants flottantes, coûtant seulement 1 000 € par m2. Ce projet consisterait à créer sur la Seine, la Marne et les canaux une barge sur laquelle on poserait des cabines de bateau de 15 à 28 m2. 

Ces annonces, aux abords de la Seine et sur le fleuve, interviennent alors que sont pointées du doigt les constructions en zone inondable, et alors que, jusqu’à la mi-avril, on peut voir les expositions sur la crue de 1910.

F. A., d’après AFP, photo préfecture de police (La rue de Lyon inondée, 1910, archives)