L'extension du plan de vidéoprotection de la préfecture de police sur Paris a été votée lundi soir par le conseil de Paris au terme d'un long débat que les élus socialistes ont emporté grâce aux votes des élus du groupe UMPPA et des centristes (un total de 112 voix). Seize voix se sont élevées contre (Verts et PC), et quatre abstentions ont été comptées.
Le débat sur l'extension de la vidéosurveillance (ou vidéoprotection, selon le terrain politique sur lequel on se place) s’annonçait vif. Les Verts parisiens avaient l'intention de défendre « 1000 amendements pour 1000 caméras », bien que le « Plan 1000 caméras » comporte en réalité 1302 caméras, comme expliqué ici la semaine dernière, et non pas 1226 comme il avait longtemps été dit au public par le préfet de police ou par les maires d’arrondissement.
Le maire Bertrand Delanoë avait
souhaité un débat « serein et honnête » sur la question, estimant que
« l'insécurité est à bien des égards une injustice sociale ».
« Notre majorité municipale a été élue sur un programme, aujourd'hui nous
ne faisons rien d'autre que de tenir parole », a argumenté lundi Bertrand
Delanoë, reprenant les mêmes termes que jeudi dernier lors de son compte-rendu
de mandat dans le 20e arrrondissement pour répondre à une question
d’un responsable de la Ligue des Droits de l’Homme.
Pour le maire de Paris, qui
souhaite le maintien des effectifs de police sur la capitale, « les
caméras ne prétendent pas se substituer à la présence humaine ». « Le
modèle londonien avec 65 000 caméras n'est pas le nôtre », a-t-il affirmé,
rappelant que le dispositif serait « scrupuleusement encadré » avec
un comité d'éthique. Il a cité diverses communes de France ou d’Ile-de-France
(Nantes, Vénissieux, La Courneuve, Stains, Saint-Denis…) qui se sont déjà
dotées d'un plan caméras.
Pour le PCF, qui avait annoncé
son intention de voter contre, le président de groupe Ian Brossat s'est inquiété de la « perte de la liberté de l'anonymat en
ville » et de la « volonté de réduire les effectifs de policiers à
Paris ».
Les mille amendements des Verts
ont été fusionnés malgré les protestations du co-président de groupe Sylvain Garel, élu du 18e arrondissement comme Ian Brossat.
A l’issue de trois heures de
délibération, le PS, l’UMPPA, et les élus du Centre et indépendants ont voté
l’extension du plan vidéo par 112 voix, contre 16 voix (les Verts et le PCF),
et quatre abstentions ont été décomptées du vote électronique. Le groupe UMPPA (Union pour une Majorité de Progrès à Paris et Apparenté) comprend
54 élus, les Centristes et indépendants 9 élus, les non-inscrits 3 élus (deux du 20e arrondissement et la députée européenne
Marielle de Sarnez), les socialistes et apparentés 73 élus, le Mouvement républicain et citoyen 5 élus (dont l’ancien maire du 11e, Georges Sarre, devenu adjoint en
charge de la Sécurité, et à ce titre « responsable » du suivi de ce
dossier), Les Verts 9 élus, et les Communistes et élus du Parti de Gauche 10 élus. En clair : 31 élus n'ont pas voté, selon le décompte officiel…
A l’issue du scrutin, l’un des Verts
« historiques » de Paris, Denis Baupin, adjoint au maire de Paris chargé du Développement durable, de
l'Environnement et du Plan climat, conseiller d’arrondissement du 20e,
a fait passer sur le réseau social Twitter le message
suivant : «Camarades socialistes, comment demander la régularisation des
sans papiers le dimanche et voter les moyens pour les chasser le lundi?» (lire ici). Dimanche, devant les jeunes socialistes du MJS, Martine Aubry avait fustigé la politique gouvernementale et plaidé pour une « régularisation
large des sans-papiers qui travaillent et veulent s’intégrer dans notre
pays ». Or les caméras peuvent, entre autres, servir à surveiller
certaines allées et venues, même si ce n’est pas le but affiché, comme on a pu
le relever avec celle prévue dans la rue des Amandiers (dans le
bas-Ménilmontant) à deux pas d’un foyer de migrants et du Gisti notamment.
Selon le préfet de police,
l'Etat va « consentir en faveur des Parisiens le plus gros investissement
français en matière de vidéoprotection » en finançant environ 95% de
l'investissement et la quasi-totalité du fonctionnement, la sécurité et la
circularion relevant à Paris exclusivement de la PP. L'investissement est
évalué entre 80 et 100 M€ sous la forme d’un partenariat public-privé, évalué à
« 200-250 M€ » sur quinze
ans (investissement et fonctionnement) par le préfet Gaudin.
La participation de la Ville au « Plan 1000 caméras » doit être de 5 M€ (subvention d'investissement), pour un budget annuel de 200M€ sur l’ensemble des actions de prévention. En contrepartie, Paris bénéficiera du « renvoi des images des caméras utiles pour ses missions propres », dans la limite de 20% des caméras nouvellement installées.
Fabien Abitbol, photo : jeudi 19 novembre, devant la mairie du 20e arrondissement, les militants anti-vidéo étaient venus se faire entendre lors
de la visite de Bertrand Delanoë
è La présentation au 23 novembre sur le portail de la Ville de Paris
La municipalité PS collabore avec les "mises en boîte" du Pouvoir : ad nauseam....
Dehors, la droite, partout où elle se trouve !
Rédigé par : Gotch | 24/11/2009 à 14h30
L'intelligence voudrait qu'on dépense des "sous" sur des choses dont l'efficacité est prouvée.
Hélas, de la droite à la gauche, l'intelligence et la raison semblent parties en vacances. C'est une croyance irrationnelle qui les remplace : celle qui veut que la technologie puisse gérer les problèmes sociaux. C'est très positiviste comme idée. Pourtant, du progrès technique, il y en a depuis des siècles mais il y a toujours des voleurs et des criminels. Ils se sont juste adaptés, eux-aussi, aux technologies modernes.
La vraie efficacité sera donc non pas dans la réduction des voyous, mais dans le contrôle social. Que des socialistes donnent dans ce panneau est pour le moins amusant, à moins que ce ne soit navrant.
Rédigé par : Tita | 24/11/2009 à 22h50