Dans la brève allocution d’une dizaine de minutes qu’il a prononcée ce mardi 25 août à l’occasion du 65e anniversaire de la Libération de Paris, le président Sarkozy a appelé la police parisienne à se montrer digne de « l’héritage de la Libération » et a assuré que « la lutte contre l'insécurité sous toutes ses formes est une priorité absolue de l'action du gouvernement de François Fillon ». Un dévoiement de l'histoire de Paris, et du soulèvement de la police parisienne. Pour le moins.
« (…) Tenez bon. Nous arrivons »
(cliquer pour agrandir)
—————
Petit écart du discours officiel préalablement remis à la presse, et contresens historique. Paris n’a peut-être jamais été aussi trouble (et troublée) qu’en août 1944. La police parisienne était aux ordres de l’occupant… et se mit en grève le 15 août, pour se soulever le 16 et investir la préfecture de police le 19. Le 25 août 1944, dans la salle de billard de l’appartement préfectoral, l’acte de reddition des troupes allemandes de Paris était signé entre le général de division Leclerc, commandant des Forces Françaises de Paris, et le général Von Choltitz, commandant des Forces Allemandes de Paris.
Dans les combats -qui ont selon les historiens duré jusqu’au 26- 167 policiers sont morts.
Et Nicolas Sarkozy, pour commémorer un acte de résistance, lance : « Policiers de France, vous êtes en charge du premier des droits de notre République : la sécurité », demande aux policiers de faire reculer l’insécurité, et indique « Vous pouvez compter sur mon soutien total ».
Non seulement il semble oublier qu’il a été récemment ministre de l’Intérieur près de quatre ans, de mai 2002 à mars 2004 et de mai 2004 à mars 2007 (donc en charge de la sécurité…) mais son programme pour accéder à la présidence était largement axé sur la sécurité. En plus, à Paris, la délinquance générale est en baisse. Du moins selon les chiffres officiels.
Ce n’était ni le lieu, ni le jour pour ce type de discours… Voilà qui ne sera sans doute pas du goût des véritables passionnés d’histoire, comme cette équipe soutenue par la Mairie de Paris, le Conseil général du Val de Marne, le ministère de la Défense et d’aures partenaires, et qui, sur ce site Internet, rencense notamment les plaques commémoratives de France (voir ici celles déjà comptabilisées sur Paris).
En 2001, la Mairie de Paris avait décidé d'honorer la mémoire des enfants parisiens déportés « parce qu'ils étaient juifs », estimés à onze mille par la Ville. Plus de trois cents plaques ont déjà été apposées sur la façade des écoles. Ainsi, avec la signature des Comités Tlemcen (qui avaient entamé leur travail dès 1997 dans le 20e arrondissement sous la première mandature de Michel Charzat), peut-on lire sur les facades des écoles « A la mémoire des élèves de cette école déportés de 1942 à 1944 parce qu’ils étaient nés juifs, victimes innocentes de la barbarie nazie avec la complicité du gouvernement de Vichy ». Parmi les animateurs des Comités Tlemcen, notre voisin, l’inlassable Jacques Grynberg, décédé le 30 octobre 2004, et à qui un square est dédié dans le 20e arrondissement, avec la mention « Militant antifaciste », mais aussi Pierre Cordelier, entre autres du Réseau éducation sans frontières (RESF)…
On ne joue pas ainsi avec l’histoire, mais c'est passé tel sur les chaînes d'info en continu, sans que personne ne se pose de question. Le discours sécuritaire est donc ce que l'on retiendra de la rentrée du président. Car c'était ce qu'il y avait dans les dépêches d'agences, qui, par définition, se doivent de relater un fait. On peut toutefois noter que, dans la dépêche de Reuters (à lire ci-dessous dans son intégralité), Laure Bretton écrit : “S'écartant pour partie du texte de son allocution distribué à la presse, il a dressé la liste des mesures prises en matière de sécurité par la droite depuis son passage au ministère de l'Intérieur et son élection à la tête de l'Etat.”
Fabien Abitbol, photo Musée de la Police
è La dépêche Reuters
è Se souvenir pour construire l’avenir (Comités Tlemcen, octobre 2006, sous la direction de Pierre Cordelier)
Signalé le 26 août à 01h00
Non seulement la police est restée longtemps aux ordres de Vichy ou de l'occupant, mais il me semble qu'elle a parfois tiré sur les "résistants" (le vercors), choisit les otages à abattre (Guy Moquet), etc...
Bref, la lecture sarkozienne de l'histoire est une lecture de propagande : choisir quelques faits pour illustrer "ses" vérités au lieu de bâtir des vérités sur tous les faits historiques connus.
Rédigé par : Tita | 25/08/2009 à 22h11
Lecture de propagande certes,pour ce qui est des conseillés mais inculture notoire du "récitant"
Rédigé par : André974 | 26/08/2009 à 06h53
Avec le même sérieux, les perroquets parleurs affirment des absurdités comme de grandes vérités. La beauté de leur plumage ne saurait cacher l'absence de sens et de valeur aux paroles prononcées. Ces paroles se veulent "signifiant chargé de signifié" ; elles ne sont que coquilles vides.
Peut-être que le naïf peut croire le perroquet cultivé, mais celui qui connait le sens des mots, celui-là, constate l'étendue aride et sèche ou pas une culture ne pousse.
Rédigé par : Tita | 26/08/2009 à 22h52
... mais non, Tita, il y a ici hélas une culture qui pousse -et dans toute son horreur : c'est la culture du fric !
Rédigé par : médor | 27/08/2009 à 11h03