Une plaquette de 32 pages, datée de juin 2009 mais avec une préface de Brice Hortefeux, nommé à l’Intérieur le 23 juin. Un décret (du 24 juillet), publié dès le 25 au journal officiel. La nouvelle police du Grand Paris est née sur le papier. Elle prendra effet officiellement le 14 septembre prochain.
Dans les faits, les prérogatives et les missions des divers services de la préfecture de police de Paris (PP) sont étendus aux trois départements de la petite couronne (92, 93 et 94), où jusqu’à présent elle n’avait compétence qu’en matière de police judiciaire (DRPJ), de logistique (DOSTL, qui serait vieille de 90 ans, selon ce tract), et pour seconder les pompiers. La brigade des sapeurs-pompiers « de Paris » (BSPP) est une unité militaire qui intervient sur la petite couronne et est mise à la disposition du préfet de police de Paris.
Alain Gardère, actuel patron de la PUP sur Paris (ici lors d'un déplacement dans le 20e, en mai 2009), devrait prendre la direction de la future direction de la sécurité de proximité. Il avait connu Claude Guéant en Bretagne avant d'être nommé à Paris
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A partir de septembre, les 26 000 personnes en charge de la sécurité dite « de proximité », actuellement à la police urbaine de proximité (PUP) pour Paris et aux trois directions départementales de sécurité publique (DDSP) pour les autres départements, seront regroupés dans une direction interdépartementale de sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DISPAP). La DPUP (direction de la police urbaine de proximité) est actuellement entre les mains de Alain Gardère. Cette dépêche AFP du 22 juillet indique qu’il devrait prendre la tête de la DISPAP. La DPUP compte quelque 13 000 policiers parisiens et Alain Gardère est en poste à la PP depuis 2005 ; il était, en 2002, responsable de la sécurité publique en Ille-et-Vilaine lorsque le préfet en poste à Rennes s’appelait… Claude Guéant. Il est âgé de cinquante-deux ans, et ses futurs effectifs devraient donc être mathématiquement doublés.
Le renseignement (DRPP,
également appelé « renseignements généraux de Paris ») s’étendra
aussi oficiellement à l’agglomération parisienne. Pareil pour les missions de
la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC), tant pour de grands
événements (du type du Tour de France) que pour des opérations ponctuelles
(comme ce transfert d’animaux).
Quant à la brigade fluviale, qui réalise à la fois des missions de police et des missions de secours, ses compétences seront étendues à l’Ile-de-France.
Selon la PP, sur cent délinquants présumés interpellés à Paris, 55 ne sont pas Parisiens, et 25 d’entre eux viennent de la petite couronne. Quelques détails supplémentaires se trouvent dans ce tract du syndicat Synergie Officiers.
Normalement, la mise en place
de cette police du Grand Paris devait être examinée à la rentrée parlementaire,
dans le cadre du projet de loi LOPSI2 (en version HTML par ici). Le calendrier a été accéléré du fait de l’actualité des banlieues,
jugée plus importante aux yeux du président Sarkozy que l’avis des
parlementaires, qui sont censés représenter l’ensemble des électeurs. Et l’article 12 du décret du 24 juillet 2009 indique clairement « Les
dispositions du présent décret entrent en vigueur le 14 septembre 2009 ».
Sans en parler au Parlement, et co-signé par la nouvelle Garde des Sceaux Michèle
Alliot-Marie alors que, lisait-on voici quelques mois, la ministre de
l’Intérieur (MAM en l’occurrence) ne voyait pas d’un bon œil l’extension des
pouvoirs du préfet de police Michel Gaudin. En janvier, Sylvie Pierre-Brossolette parlait ici des réticences de MAM. La couleuvre est désormais passée…
Fabien Abitbol
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