Salaire minimum, bas revenus, précarité : le travail de Xavier Darcos
Les
allocations chômage ne seront revalorisées que de 1% au 1er juillet pour les salaires antérieurs au
1er janvier 2009, a décidé ce vendredi le conseil d'administration
de l'Unedic, gestionnaire de l'assurance chômage. Le salaire minimum
interprofessionnel de croissance (SMIC), lui, doit être revalorisé de 1,3% le
1er juillet, sans coup de pouce gouvernemental.
La
hausse annoncée des allocations est inférieure aux souhaits des syndicats (la CFDT
demandait 2,5% d’augmentation, et la CGT une revalorisation générale afin que
l’allocation chômage soit équivalente à 65% de l’ancien salaire brut), mais cette hausse inférieure à
celle (mécanique) du SMIC dépasse les prévisions d'inflation. Les
prévisionnistes tablent sur une augmentation des prix de 0,4% cette année,
contre 2,8% en 2008, selon le gouvernement.
Dans ce communiqué, Annie Thomas, secrétaire nationale de la CFDT, déplore « cette revalorisation bien trop modeste ». « Le
patronat, une fois de plus, a fait preuve d'une vision à court terme »,
regrette-t-elle.
Dans le communiqué publié sur son site, la CGT rappelle : « Plus
d’un chômeur sur deux n’est toujours pas indemnisé et si les critères d’accès à
l’assurance-chômage ont été quelque peu assouplis à la faveur de la nouvelle
convention d’assurance-chômage, force est de constater que nous sommes encore
très loin du compte pour assurer un niveau de vie décent aux millions de
chômeurs. D’autant que ces derniers sont chaque jour plus nombreux à rejoindre
les files d’attente de Pôle Emploi ».
La nouvelle convention chômage s’applique aux contrats de travail signés depuis le
1er avril 2009. Une prime de 500 € est également instaurée,
jusqu’au 31 mars 2010, pour certains demandeurs d’emploi.
Plus de quatre millions d'inscrits à Pôle emploi fin mai
La
hausse du chômage a légèrement fléchi au mois de mai. Mais les chiffres
officiels montrent une courbe en hausse de 26,4% sur an. Le gouvernement a dit
espérer un ralentissement durable. Fin mai, il y avait 3 625 600
demandeurs d’emplois des catégories A, B et C en France métropolitaine (et 442 500
des catégories D et E), la catégorie A regroupant à elle seule 2,543 millions
de chômeurs (+ 36 400 par rapport au mois précédent, détails ici). Quant à la ministre des Finances, elle craint d’importants plans sociaux cet été. Lorsque chacun aura le dos tourné.
Les agents de Pôle emploi, qui faisaient grève voici huit jours, ont peu été entendus. Une centaine d’agences
étaient pourtant fermées (sur 1 500 environ que compte l’ensemble de la France),
mais ils n’ont été que 14% à faire grève, contre 19% début janvier pour la mise en
place effective du service public de l’emploi remplaçant l’ANPE et l’Assedic. Les raisons de la grève avaient été expliquées ici.
Alors
que les caisses de l’assurance-chômage dégageaient des excédents ces dernières années (jusqu’à atteindre un excédent
de 4,6 milliards en 2008), l'assurance chômage devrait passer dans le rouge en
2009 avec un déficit de 1,3 milliard d'euros, puis une prévision de déficit de
4,6 milliards en 2010, selon cette note technique publiée par l'Unedic. Le lancement d’un nouvel emprunt n’est pas à exclure.
Concernant le SMIC, qui une fois de plus n’a pas bénficié d’un coup de pouce, le gouvernement rappelle comme d’habitude qu’il ne concerne «que» 15% de salariés. Toutefois, le rapport sur le salaire minimum et les bas revenus, qui a été remis au Premier ministre en novembre 2008 et dont on devrait prochainement entendre parler, indique dans son introduction « la diffusion des hausses du SMIC dans l’ensemble de la distribution des bas salaires fait en sorte qu’environ 35 % des salariés sont, directement ou indirectement, concernés par les hausses du salaire minimum ». Ce rapport, pour l’instant entre les mains de François Fillon, pourrait (devrait ?) revenir entre celles du nouveau ministre en charge du Travail, Xavier Darcos, qui a déjà hérité de quelques dossiers.
Fabien
Abitbol
èEmploi, salaire : les nouvelles règles pour 2009 (Capital, 5 janvier 2009)
è Le décret de revalorisation du SMIC, signé par le nouveau gouvernement. L’annonce avait été faite par le précédent gouvernement.
è Salaire minimum et bas revenus (270 pages, Rapport de Pierre Cahuc, Gilbert Cette et André Zylberberg, résumé de quatre pages ici, Conseil d’analyse économique (CAE), en commande papier à La Documentation française
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