Alors que Christian Charpy, le directeur général de Pôle emploi, est sommé de partir par Alain Lecanu, le représentant au conseil d’administration du syndicat de cadres CFE-CGC, trois syndicats appellent à la grève pour le 18 juin.
175 100 destructions nettes d’emploi au premier trimestre 2009, dans le secteur couvert par l’assurance-chômage. « Cette baisse trimestrielle est d'une ampleur jamais observée dans toute l'histoire économique de la France », a commenté le directeur des statistiques et des enquêtes de Pôle emploi, Bernard Ernst, pour qui « les réductions d'emplois salariés devraient être plus faibles les prochains trimestres ».
D’après cette note technique de l’Unedic, en date du 26 mai, 396 000 emplois devraient
être détruits en 2009. Le nombre de chômeurs (catégories A+B+C
c'est-à-dire y compris ceux ayant une activité réduite, ainsi que les seniors
dispensés de recherche d'emploi) est actuellement d'environ 3,5 millions.
L'ancien directeur général de l'Unedic, Jean-Pierre Revoil, avait déclaré à
l'AFP que le recul de l'activité devrait mécaniquement faire « 900.000
chômeurs de plus cette année » (lire ici). La mise en place du RSA devrait mécaniquement mener vers Pôle emploi
entre 300 000 et 450 000 nouveaux inscrits, selon les sources. Les Rmistes
doivent en effet être inscrits (ils ne l’étaient pas -ou plus- tous) et pour
échapper à certaines sanctions administratives (dont une nouvelle, qui peut
être décidée par le conseil général), l’inscription est préférable même pour le
« travailleur pauvre », s’il est à temps partiel.
C’est dans ce contexte que trois syndicats de Pôle emploi (Snu-FSU, CGT et Sud-Emploi) appellent à la grève pour la journée du 18 juin. Dans un communiqué de l’intersyndicale daté du 28 mai et mis en ligne sur le site de Sud-Emploi (le texte intégral est ici), les salariés de Pôle emploi considèrent que la situation actuelle est « assimilable dans sa force à la crise de 1929, mais plus brutale et généralisée dans une économie mondialisée ». Ils estiment que « cette crise aura des effets profonds et durables sur le marché du travail et demandera un renforcement également durable des effectifs et des moyens de Pôle emploi ». Selon eux, un agent de Pôle emploi traite actuellement en moyenne 90,3 dossiers, contre les 60 que le gouvernement avait fixés comme objectif.
Parmi les nombreux problèmes pointés du doigt, les syndicalistes relèvent « La fin de la dispense de recherche d’emploi, le nouveau dispositif sur l’emploi des jeunes et la mise en place du RSA (qui) vont augmenter de façon très conséquente le nombre de demandeurs d’emploi à inscrire et à suivre » et exigent « que l’ensemble des demandeurs d’emploi soumis à l’obligation de recherche d’emploi en la France métropolitaine et dans les DOM, soit inclus dans la publication des chiffres mensuels de la demande d’emploi pour rendre compte de la réalité des inscriptions et la quantité de travail fourni par Pôle emploi tant du côté de l’indemnisation que du côté de l’accompagnement ».
Leur plateforme de revendications « pour des conditions de travail et de réception des usagers humaines » se décline en huit exigences :
Réception des usagers en
maintenant les agents sur leurs métiers initiaux.
Renforts en effectifs massifs
immédiatement pour répondre aux besoins des usagers dans le respect du service
public.
Un bureau attitré par agent.
Pas de portefeuille au
dessus de 60 DE par agent et 30DE en accompagnement renforcé.
Densification du réseau.
Abrogation du dispositif de
l’offre raisonnable d’emploi.
Non au travail d’auxiliaire de
police.
Non aux recrutements d’intérimaires.
Pour l’inauguration officielle le 5 janvier 2009 de Pôle emploi, organisme né de la fusion entre l’ANPE et l’Assedic, un appel à la grève avait été lancé.
Fabien Abitbol
è Sur la réorganisation du
service public de l’emploi et la mise en place du RSA, lire ces lois qui s’appliquent en 2009 (Médiateur actualités, janvier 2009, services
du Médiateur de la République)
è Sur l’augmentation des
bénéficiaires du RMI au premier trimestre 2009, lire ici
è RSA : un flicage de plus en plus intolérable (portail d’informations et d’échanges Actuchômage, 10
juin)
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