Finalement, le président de la République, comme le veut la tradition depuis… Gaston Doumergue, assistera ce samedi 9 mai à la finale de la Coupe de France de football, au Stade de France (Seine-Saint-Denis), qui oppose l’En Avant (Guingamp, Ligue 2) au Stade rennais FC (Rennes, Ligue 1), retransmis sur France 2. Hier soir, son absence avait été annoncée sur le site Internet de Ouest-France, comme celle du premier ministre.
Depuis une dizaine d’années après la création, en 1917, de cette compétition, il est d’usage que le président de la République soit présent à la finale. Le président Doumergue avait instauré cette tradition, avec ce sport qui, qu’on aime ou pas, est le plus populaire au monde, et l’un des deux les plus pratiqués en France, avec le tennis. Mais après avoir commémoré « l’Armistice du 8 Mai 1945 » (les services de l’Elysée ont corrigé l’erreur historique depuis, au moins sur cette page, où l’on parle de «Victoire» sans avoir mis de date de mise à jour ni précisé qu'il s'agissait d'un correctif), le président Sarkozy avait préféré rester « auprès de sa douce Carla », comme l’indique le site de Elle dans sa rubrique la vie des people, très appropriée au président, vu le lieu où il avait prévu de passer son week-end.
Cela n’a pas plu aux
Bretons, qui ce soir s’affrontent à Saint-Denis dans un stade de 80 000
place, ce qui les change de leurs habitudes (31 000 pour Rennes, le club du
milliardaire François Pinault, proche du président, et 18 000 pour Guinguamp, qui ne compte
que 7 700 habitants). Le site du Télégramme avait hier annoncé l’absence de Sarkozy, et ce matin le billet de René Perez rappelait qu’il n’y avait pas de Breton au
gouvernement, que le candidat Sarkozy avait eu un accrochage au Guilvinec avec
un marin, ou qu’il aurait dit « Je me fous des Bretons » (in. L’Aube, le soir ou la nuit, Yasmina Reza, août 2007). Une « véritable
faute politique », pour Le Télégramme. Le Mensuel de Rennes faisait même
remarquer que, aux élections régionales du 7 juin prochain, sur les listes
souises aux électeurs par l’UMP, il n’y avait pas de candidat rennais.
Ce
samedi, la députée du Finistère, Marylise Lebranchu, a rappelé qu’il était « de tradition que le président
de la République soit à la finale », et que « l’on n’envisageait même
pas qu’il n’y fut point ». Pour l’ancienne Garde des Sceaux de Lionel
Jospin, « c'est choquant à deux titres. Ou bien il est en vacances et il
fallait dire franchement “je suis fatigué, je suis obligé de prendre des
vacances”. Ou bien il n'y a pas de raison majeure et c'est choquant. (…)
Ou bien, a-t-elle suggéré, est-ce qu'il estime qu'il n'y a pas d'enjeu car ce
sont des équipes bretonnes et là c'est un peu insultant. Dans tous les cas, il
n'a pas le choix il faut qu'il s'exprime. » Marylise Lebranchu, s'était
interrogée auprès de l'AFP sur le fait de savoir si l'absence de M. Sarkozy
s'expliquait par la « peur de se faire siffler ». Car, note l’AFP,
« ces dernières années, les présidents et les ministres ont été
régulièrement sifflés lors de matches de football ».
En annonçant finalement le
changement de cap présidentiel pour ce soir, le Mensuel de Rennes titre « Sarkozy cède à la pression des Bretons ».
Arrivé hier après-midi au Cap Nègre, résidence des célébrités, dans la résidence de la famille de son épouse Carla, le chef de l'Etat est reparti vers Paris samedi après-midi pour assister au match. Comme plusieurs centaines d’autocars de huit TGV venus de bretagne, comme une partie des bretons de l’Ile de France, comme les amateurs de football qui ne seront pas derrière leur petit écran. Ce soir, le Bro gozh devrait retentir au moins autant que La Marseillaise.
Le 24 mai 2008, le président Sarkozy avait bien assisté à la finale de la Coupe de France, mais il n’y avait pas de club breton. Lyon avait battu Paris, et avait reçu la coupe des mains de Nicolas Sarkozy. Le 25 avril dernier, toujours au Stade de France, Nicolas Sarkozy, avait même assisté à la finale de la Coupe de la Ligue (Bordeaux avait battu Vannes, un club breton… de Ligue 2). Depuis 1959, aucun club de deuxième division n’a gagné la Coupe de France.
Fabien Abitbol
Il y sera effectivement, mais je doute qu'il ose descendre sur la pelouse pour se faire présenter les joueurs.
Certes, c'est un exercice difficile où les sifflets risquent d'être plus nombreux que les bravos, mais il me semble que tous les anciens Présidents ont osé le faire.
En tous les cas, depuis qu'il a été élu, il ne l'a jamais fait...
Rédigé par : Bernard | 09/05/2009 à 20h35
Il n'est pas descendu avant le match…
Rédigé par : Fabien | 09/05/2009 à 21h31
Oui, j'ai vu ...
J'ai surtout remarqué l'interview "brossage dans le sens du poil" faite par le journaliste de terrain de FR2.
"Monsieur le Président, vous avez tenu à assister à cette finale malgré votre emploi du temps chargé..."
Rédigé par : Bernard | 10/05/2009 à 09h52
Dans Le Télégramme de ce matin, il en est fait état :
http://www.letelegramme.com/sports/football/coupe-de-france-quand-sarkozy-evite-les-sifflets-bretons-10-05-2009-371961.php
Pour ma part, comme ce match ne m‘intéressait pas particulièrement, mais de façon anecdotique, je ne l’ai suivi que d’une oreille… sur Radio Lagardère, évidemment. La tonalité était du même genre que ce que tu décris : « Le président a trouvé un moment dans son emploi du temps chargé pour venir, contre toute attente, etc… ». Léon Zitrone commentant un tiercé n’aurait peut-être pas fait mieux.
Dans ce genre de rencontres, ma préférence va nettement à l’enthousiasme avéré de Jacques Chirac, toujours à l’aise dans les foules, à celui semi-intéressé de Lionel Jospin (bien qu’il ne fut jamais président) ou à la présence, plus solennelle, du président Mitterrand. Et pourtant le président Sarkozy aime le foot, ou au moins certains de ses dirigeants et supporters (ceux que l’on appelle « la PSG connection », mais que l’on ne trouve pas qu’au football). Même Le Télégramme de ce matin, qui le vilipendait hier, lui met — fair-play — dans sa bouche « D'abord, je suis passionné de football. »
A la présidentielle 2007, la bretagne ne lui avait pas donné la majorité. Reste à voir si les errements de ce week-end auront des conséquences sur l’abstentionnisme ou les résultats du scrutin du 7 juin !
Cela dit, la victoire de l’En Avant, cinquante ans après celle du Havre, avait un petit goût sympathique, d’autant que Guinguamp, dont le stade compte deux fois plus de places que d’habitants, s’est fait connaître par… la Coupe de France, si je ne m’abuse !
Rédigé par : Ménilmuche | 10/05/2009 à 14h08