On pouvait s’y attendre, même si ça semble un peu tardif. L’exposition « Our body, à corps ouvert », dont la première étape parisienne, dans le 9e arrondissement, a démarré le 12 février, fait l’objet de deux référés (voir ici le diaporama sur le site Internet de 20Minutes). D’aucuns se demandent si les écorchés exposés sont ceux de condamnés à mort chinois. Une audience en référé se tiendra mercredi, le 1er avril.
Ensemble contre la peine de mort (qui a publié cette tribune hier) et Solidarité Chine (qui avait ouvert ce fil de discussion le 3 mars) ont décidé de prendre le problème, si l’on ose dire… à bras le corps. Et de demander au Tribunal de grande instance (TGI) de Paris de statuer en référé sur la poursuite ou l'arrêt de cette exposition pour le moins macabre, faite à partir de dix-sept corps de jeunes Chinois, qui se déroule actuellement à l'Espace Madeleine (9e arrondissement) jusqu'au 10 mai, puis doit s’installer au Parc floral (12e arrondissement) jusqu'au 23 août.
Sur les quelque 6 000 personnes officiellement exécutées chaque année en Chine, tous les corps ne sont pas restitués aux familles. Selon les associations plaignantes, il existe un véritable trafic d'organes humains. L’assignation vise les dispositions du code civil relatives au respect du corps humain et au consentement nécessaire pour faire don de son corps. Les associations « craignent que ces corps et organes ne proviennent de condamnés à mort ou d'anciens prisonniers, puisqu'il semble s'agir uniquement d'hommes jeunes, qui ne présentent aucune pathologie particulière ». Elles relèvent que, dans un passé récent, l’anatomiste allemand Gunther von Hagens (ou Gunther Liebchen), inventeur controversé de la « plastination » des corps, a déjà traité des cadavres ayant une balle dans la tête, reconnaissant qu'ils avaient pu appartenir à des condamnés à mort.
Et l'avocat normand chargé de l'affaire, Me Richard Sedillot, de demander « Quelle aurait été la réaction du
grand public (et des autorités) si les corps avaient été ceux de ressortissants
français ? Peut-on imaginer qu'on n’aurait pas alors tenté d’en déterminer
l’origine ? La nationalité chinoise des êtres humains ainsi traités serait-elle
une circonstance atténuante de ces manipulations et de leur exhibition ? »
Outre l’interdiction de la poursuite de l’exposition, les associations représentées par Me Sedillot demandent à la justice d'ordonner aux organisateurs de produire « des pièces justifiant l'origine des corps et le consentement donné du vivant des personnes concernées à leur exposition ». Lors de la présentation de l'exposition à Marseille, l'organisateur de l'exposition Pascal Bernardin (directeur de Encore productions) avait déclaré à l'AFP que les corps avaient été fournis par la fondation Anatomical Sciences and Technologie de Hong Kong, et que toutes les personnes concernées avaient donné de leur plein gré leur corps à la science y compris pour des expositions anatomiques post mortem.
La cité des Sciences et de
la Villette et le Musée de l'Homme avaient refusé, en 2008, d’accueillir cette exposition à la suite d'un avis
négatif (lire ici des extraits) du Comité consultatif national d'éthique.
F. A.
Commentaires