Le juge Ramaël avait été mis en cause dans l'instruction de l’affaire Ben Barka
Le Point a été condamné hier par la cour d'appel de Versailles pour diffamation envers le juge d’instruction parisien Patrick Ramaël, en charge du dossier sur la disparition, en 1965, de l'opposant marocain Mehdi Ben Barka, indique une dépêche de l’agence France-presse citant une source judiciaire. Le directeur de publication, Franz-Olivier Giesbert, est condamné à une amende de 2 000 € et 4 000 € de dommages et intérêts (ainsi qu’à une publication judiciaire dans son hebdomadaire), contre 3 000 € d’amende et 10 000 € de dommages et intérêts (ainsi que trois publications, dont une dans Le Point), l’été 2008 devant la 14e chambre du TGI de Nanterre (Hauts-de-Seine).
L'hebdomadaire était mis en cause après la publication d'un très court sujet publié dans ses « confidentiels », où l'un des actes d'instruction du juge Ramaël était qualifié d'« irresponsable ». Il s’agissait en l’occurrence de ces cinq mandats d’arrêt lancés contre des personnalités marocaines au moment où le président Sarkozy, Rachida Dati et d’autres personnalités françaises se trouvaient en visite au Maroc. Cette brève, publiée trois semaines après la visite présidentielle, était titrée « Les juges qui agacent l'Elysée ». Depuis 1997, l’hebdomadaire Le Point est détenu par la holding Artémis, de François Pinault (groupe PPR), qui fait partie des grands patrons proches de Nicolas Sarkozy avant qu’il n’arrive à l’Elysée.
L'article affirmait que Jean-Claude Magendie, premier président de la cour d'appel de Paris (installé par Nicolas Sarkozy le 5 juillet 2007), avait qualifié d'« irresponsable » l'initiative de Patrick Ramaël. Dans son arrêt, dont l'AFP a eu copie, la cour d'appel considère notamment que « c'est bien l'honnêteté intellectuelle et le dévouement au service public de (M. Ramaël) qui sont mis en accusation », et qu' «une telle allégation se référant à des faits précis (...) est de nature à porter gravement atteinte à la considération du magistrat ».
Défendu par Me Yves Baudelot, le juge avait demandé 50 000 € au Point.
L’affaire Ben Barka, si elle s’enlise pour les historiens, le public, et… les proches, n’en reste pas moins un sujet épineux. Lors de la diffusion par France 2 d’un controversé film en deux parties sur l’affaire, en janvier 2008, l’avocat de la famille avait fait diffuser un message d’avertissement. Dès novembre 2007, Joseph Tual, journaliste reporter d’images à France 3, qui suit depuis plus de quinze ans l’affaire Ben Barka et depuis le début l’affaire Kieffer avait estimé, dans ce point de vue, que France Télévisions s’était mis « au service du contre espionnage marocain ».
Quant au juge Ramaël, réputé pour sa pugnacité, il a parmi ses dossiers une autre affaire de disparition. Celle de notre voisin le journaliste économique Guy-André Kieffer, disparu le 16 avril 2004 à Abidjan (Côte d’Ivoire) et à qui cette rubrique est réservée sur ce blogue.
F.
A.
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