Amad Ly, figure de « grand frère » de Seine-Saint-Denis depuis les émeutes de novembre 2005 et prix de l'Ethique 2008 (le prix lui a été remis en novembre par Fadela Amara), a été mis en examen hier soir pour enlèvement, séquestration, tentative d'assassinat et violences aggravées, a-t-on appris de source judiciaire.
Amad Ly a été écroué, en attendant que le juge des libertés et de la détention (JLD) se prononce sur son sort dans un dossier dont les éléments n'ont pas été détaillés. Deux de ses frères ont déjà été déférés devant le juge d'instruction de Bobigny saisi de l'information judiciaire visant des faits commis le 14 janvier 2009 en Seine-Saint-Denis et en Seine-et-Marne, précise une source proche du dossier.
Mercredi après-midi, il avait tenté de s'évader du commissariat de Montreuil, où il était entendu, et s'était fracturé le talon en sautant du deuxième étage. Levée deux jours pour raison médicale, sa garde à vue a été reprise vendredi et s'est poursuivie jusqu'à samedi après-midi.
Proche de Bouna et Zyed, les
adolescents poursuivis par la police dont la mort en octobre 2005 à
Clichy-sous-Bois avait déclenché les émeutes, Amad Ly s'était distingué alors
par sa volonté marquée de dialogue et pour son engagement citoyen en
Seine-Saint-Denis. Cofondateur de l'association Au-delà des mots (ADM), créée
pour porter la mémoire de Bouna et Zyed, il est l'auteur de "J'ai mal à ma France, témoignage d'un grand frère" (Chronique
sociale, avril 2007) et le dernier colauréat du prix de l'Ethique organisé par
le magazine la Lettre du Cadre Territorial. Il a aussi participé à « AC le feu » et s’est largement impliqué dans la lutte pour l’inscription massive sur les listes électorales.
Amad Ly, 28 ans, est né au Sénégal et arrivé en France à l’âge de trois ans. Il est considéré comme un « modèle d’intégration » et a vécu l’essentiel de son enfance et son adolescence à Montfermeil. Depuis deux ans, il travaillait à Clichy-sous-Bois, auprès de jeunes en échec scolaire, dans le cadre des programmes de réussite éducative. Fin novembre, Fadela Amara, primée en 2004 avec Ni putes ni soumises, l’avait récompensé. « Notre pays a besoin de personnes comme vous, avec un engagement exemplaire, juste, nécessaire et courageux », avait dit l’un des organisateurs.
è Amad Ly en discussion avec Fadela Amara sur la réhabilitation des quartiers et
les révoltes
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