C'était une belle idée, qui doit beaucoup à la gauche parisienne : une agglomération plus cohérente, plus égalitaire, où tous auraient droit à une même qualité de services. C'était sans compter avec l'activisme d'un Président pressé d'accoucher d'une réforme capitale.
C'est un peu l'histoire d'un hold-up. Un hold-up singulier, avec ses victimes, qui, sans être consentantes, portent leur part de responsabilité. Et son commanditaire masqué, omnipuissant derrière la pléthore des hommes liges. C'est aussi l'histoire d'une injustice. La construction du Grand Paris doit beaucoup à la gauche parisienne, et tout particulièrement à la volonté d'un homme, Pierre Mansat (blogue ici, note du ouaibemaître), petit élu communiste du 20e, ancien postier, devenu un acteur majeur de la scène francilienne.
A partir de juillet 2006, Delanoë et son « adjoint chargé des relations avec les collectivités territoriales d'Ile-de-France » (ça ne s'invente pas) se sont mis en tête d'inventer une nouvelle forme de gouvernance, réunissant une soixantaine d'élus de petite et grande couronne au sein d'une instance de concertation informelle appelée Conférence métropolitaine. Ils ont rêvé d'une agglomération plus cohérente, plus égalitaire. Où les habitants du petit et du grand Paris pourraient prétendre à une même qualité de services, d'aménités urbaines, et d'accessibilité. Lignes de métro et Vélib' y compris...
Gauche, droite, quelle vision de la métropole ?
Le Grand Paris de Delanoë était une belle idée. On peut se demander s'il n'est pas en passe de péricliter. A peine porté sur les fonts baptismaux, le syndicat mixte d'études Paris Métropole, premier embryon d'une gouvernance métropolitaine, est déjà en crise. Gauche contre droite, et gauche contre gauche, la mairie de Paris et la Région, menée par Jean-Paul Huchon, s'affrontant brutalement en coulisse.
Dans ce contexte troublé, des élus peu suspects de sarkophilie comme Stéphane Gatignon (blogue ici, note du ouaibemaître), jeune maire communiste de Sevran (93), en viennent à « remercier tonton Sarkozy » d'impulser le tempo. « Il faut être honnête, Sarko a un temps d'avance. Il réfléchit à quelle société on construit demain. Alors qu'à gauche, une fois de plus, on est infoutu de produire la moindre vision de la métropole. »
Blanc, Karoutchi, Jego... quel pilote pour l'agglomération ?
Etrange situation. Sur le Grand Paris, jusqu'à présent, Nicolas Sarkozy est loin d'avoir fait ses preuves. Il a certes multiplié les déclarations, mais souvent sibyllines, parfois contradictoires. Se focalisant un jour sur les grands projets d'urbanisme, contributions majeures à sa « politique civilisationnelle ». Se passionnant ensuite pour la question de la gouvernance (quel pilote pour l'agglomération ?), alors que début 2008 il renvoyait ce chantier à un horizon de moyen terme. Privilège de la fonction, le Président n'a pas à se soumettre au jeu des questions-réponses. Et, vertu du décideur avisé, il a su multiplier les pistes, pour garder une marge de manoeuvre maximale. Blanc, Karoutchi, Jego, Pécresse, Copé, Ollier, Balladur, Dallier…
Sarko n'a pas un mais une bonne dizaine de barons Haussmann. Il laisse chacun s'exprimer. Et quand la splendeur volontariste d'une initiative commence à se faner, s'applique immédiatement à en lancer une nouvelle (…)
Dossier à lire dans Paris Obs, le supplément du Nouvel observateur en vente en kiosques depuis hier sur l'Ile-de-France, photo : Sipa
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