Il a clos hier le quatrième festival du film de La Réunion
En marge du quatrième festival du film de La Réunion, qui se terminait hier soir, Patrice Leconte, soixante ans, a indiqué au Parisien d’hier (lire ci-dessous) que, après encore deux tournages, il arrêterait le cinéma. Cette manifestation a peu a peu fait son nid (peut-être parce qu’elle se déroule en automne au soleil…) et, après cette semaine sous les tropiques, de Nathalie Baye (« J’avais l’impression que ce festival était de qualité. J’en ai maintenant la confirmation. Il m’a donné envie de retourner au cinéma. Il a un seul défaut, il est trop court. Je n’ai pas du tout envie de rentrer à Paris ») au président du jury Patrice Leconte, (qui a « adoré ce festival »), personne ne semblait pressé de rentrer sur Paris.
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La remise des Mascarins a clos le quatrième Festival du film de La Réunion (site officiel ici), hier soir à Saint-Paul
Photo : Journal de l’Ile de la Réunion
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Sur les six films en compétition, deux se sont détachés dans le palmarès :
Mascarin du meilleur film : Les grandes personnes, d’Anna Novion, qui sort en France le 12 novembre (site officiel ici), qui avait été présenté à Cannes ;
Mascarin de la meilleure interprétation féminine : Anaïs Desmoutier, jeune et prometteuse lilloise, pour son rôle dans Les grandes personnes ;
Mascarin de la meilleure interprétation masculine : Lyes Salem (également réalisateur), pour son rôle dans Mascarades (sortie annoncée pour décembre), le film ayant déjà été primé à Angoulême, Namur et Carthage.
Patrice Leconte : « Deux films et j’arrête »
Le réalisateur des Bronzés, de Tandem ou de la Fille sur le pont a pris sa décision : après la Guerre des miss, qui sort en salles en janvier, il ne tournera que deux autres longs-métrages. A 60 ans, il trouve le métier « trop lourd ».
Patrice Leconte préside [journal publié hier, note du ouaibemaître] le jury du Festival du film de La Réunion, dont la quatrième édition s’achève ce soir avec la projection en avant-première de son long-métrage la Guerre des miss (sortie le 14 janvier), une comédie sur les concours de reines de beauté, avec Benoît Poelvoorde et Olivia Bonamy. A 60 ans, le réalisateur fait le point sur sa carrière alors qu’il pense à l’après-cinéma.
Votre prochain film raconte la concurrence entre deux villages pour le concours de miss Franche-Comté.
Ce phénomène vous passionne ?
Patrice Leconte. L’élément déterminant, c’est d’abord Benoît Poelvoorde (NDLR : il joue un coach). J’adore cet acteur. On m’avait dit qu’il traversait une passe difficile. Moi, je sais juste que sur le tournage, il a été exemplaire d’enthousiasme, de bonne humeur et de talent. Quant au sujet, c’est une comédie qui porte un regard bienveillant sur le monde provincial des concours de beauté. C’est drôle, mais on ne se moque pas. J’ai horreur de l’attitude de supériorité et de cynisme qu’on porte parfois sur les gens ordinaires. J’ai envie de positiver.
Que préparez-vous pour la suite ?
Je vais tourner au printemps un film assez noir d’après un scénario original que m’a écrit le romancier américain Douglas Kennedy. Daniel Auteuil et Helena Bonham-Carter devraient tenir les premiers rôles. En fait, je me donne encore deux films après la Guerre des miss. Ensuite, j’arrêterai car j’ai envie de vivre plus calmement. Mais avant cela, je rêve de tourner un grand film musical. Ce sera sans doute mon dernier.
Pourquoi mettre un terme à votre carrière de réalisateur ?
C’est une décision mûrement réfléchie. Je veux arrêter parce que c’est très lourd de monter des films. Je pensais qu’avec l’expérience ça deviendrait plus facile, eh bien, non, pas du tout ! Je sais que le jour où je terminerai le dernier plan de mon film musical, je chialerai comme un gosse en pensant que c’est fini, mais je sais aussi que, d’une certaine façon, je serai soulagé d’un poids. Mais rassurez-vous, je ne passerai pas le restant de mes jours à faire des mots fléchés en province ! J’ai l’intention de continuer à écrire et aussi de travailler pour le théâtre, où j’ai pris goût à la mise en scène. Mais faire des films, c’est vraiment trop balèze.
Le Festival de La Réunion récompense des premiers et deuxièmes longs-métrages. Quels souvenirs gardez-vous des vôtres ?
Douloureux pour le premier, les Vécés étaient fermés de l’intérieur, avec Coluche et Jean Rochefort. Il n’était pas totalement raté mais pas très réussi. Il y avait eu des tensions entre Rochefort et moi. On s’est réconciliés par la suite. Mais quand je vois ici la justesse de ton et la maîtrise des jeunes réalisateurs, je me dis que j’étais un galopin dans ce métier.
Avec les Bronzés comme deuxième film, vous avez pourtant fait fort...
Le succès des Bronzés m’a carrément donné des ailes. Quand je dis que je dois tout aux gens du Splendid, c’est en partie vrai. Je sortais d’un semi-échec et ils m’ont imposé sur les Bronzés. Peut-être que sans eux je n’aurais pas trouvé ma place dans le cinéma.
Que vous inspire l’énorme succès de Bienvenue chez les Ch’tis ?
Ça signifie qu’il est possible d’attirer 20 millions de spectateurs avec un bon film français. Et ça, c’est formidable ! Quand on fait du cinéma, c’est pour attirer le plus grand nombre. Moi, j’ai honte quand je prends un râteau avec le public.
Propos recueillis par Hubert Lizé, pour Le Parisien du 8 novembre
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