Il va être nommé à la tête de l'Autorité des marchés financiers
Il avait dit qu'il ne resterait pas au gouvernement au-delà de la présidence française de l'Union européenne (UE), qui s'achève fin décembre. Il sera le premier à partir et va ouvrir le bal des départs de l'équipe de François Fillon.
Jean-Pierre Jouyet va quitter son poste de secrétaire d'Etat aux affaires européennes pour présider l'Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la Bourse française. A 54 ans, cet énarque va succéder à Michel Prada, 68 ans, dont le mandat arrive à échéance le 21 novembre.
Selon trois sources, dont une en haut lieu à l'Elysée, le président de la République a décidé de nommer son ministre d'ouverture à ce poste stratégique pour un mandat de cinq ans. Inspecteur des finances et ancien directeur du Trésor, M. Jouyet a complété son expérience financière par un bref passage à la banque Barclays. Il a une vision régulatrice de l'économie et de la finance mondiale.
En pleines turbulences financières, il va falloir gérer une période d'intérim délicate. Nicolas Sarkozy voulait que M. Jouyet remplisse sa mission ministérielle jusqu'à la fin de la présidence française. Celle-ci s'arrête en pratique la semaine du 15 décembre, avec la session du Parlement européen à Strasbourg.
On prêtait à M. Jouyet, ancien collaborateur de Jacques Delors à Bruxelles, l'ambition de devenir commissaire européen en 2009. Mais M. Sarkozy souhaite une personnalité plus politique, moins technocratique.
Pour l'heure, l'ex-commissaire et actuel ministre de l'agriculture, Michel Barnier, tient la corde et espère décrocher le portefeuille du marché intérieur. Le président de la République avait imaginé faire figurer M. Jouyet sur une liste d'ouverture en région parisienne pour les élections européennes de 2009. Mais ce social-libéral ne se voyait pas faire campagne, surtout pour l'UMP.
Fin de la trêve
C'est en 2004 à Bercy que M. Jouyet, ancien directeur adjoint de cabinet de Lionel Jospin, ami intime de François Hollande et Ségolène Royal, avait été séduit par M. Sarkozy. Pendant la campagne électorale de 2007, il avait rompu avec un Parti socialiste incapable, selon lui, de se moderniser. Il faisait partie des Gracques, ces hauts fonctionnaires de gauche qui avaient appelé à une ouverture au centre.
Le départ de M. Jouyet marque la fin de la trêve sur le front gouvernemental. M. Sarkozy avait indiqué ne pas vouloir bouger ses équipes pendant la présidence française de l'UE. M. Fillon s'est vu signifier récemment son maintien à Matignon, mais des ajustements auront lieu, notamment pour préparer les élections européennes.
M. Barnier compte quitter son ministère au plus tard au printemps pour faire campagne. Selon le vœu de M. Sarkozy, Rama Yade, secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, pourrait également être amenée à se présenter à Paris. Dans ce cas, elle devrait elle aussi quitter le gouvernement.
D'autres changements sont évoqués. La ministre de la justice Rachida Dati serait en disgrâce. « Le président en a ras le bol », confie un ministre. Du coup, Christine Lagarde pourrait quitter Bercy pour la remplacer. Parallèlement, M. Sarkozy veut renforcer l'UMP, en donnant de plus fortes responsabilités à Xavier Bertrand, ministre du travail, et Brice Hortefeux, ministre de l'immigration.
Le top de départ du carrousel de 2009 sera donné, estiment les observateurs, lorsque les ministres seront assurés de retrouver leur siège de député sans avoir à repasser devant les électeurs. La loi qui le leur garantit sera votée, sans doute vers la mi-janvier. M. Jouyet, lui, n'a pas ce souci.
Arnaud Leparmentier, pour Le Monde, photo : France Diplomatie
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