Octobre 1961 : dans le 20e, on n’oublie pas !

A quand une reconnaissance officielle du 17 octobre ?

Dans le bas-Ménilmontant, depuis quelques jours, fleurissent des reproductions de l’appel au couvre-feu du 5 octobre 1961, signé du Préfet de la Seine Maurice Papon, indiquant entre autres qu’il « est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement de 20h30 à 5h30 du matin. (...)
D'autre part, il a été constaté que les attentats sont la plupart du temps le fait de groupes de trois ou quatre hommes. En conséquence, il est très vivement recommandé aux Français musulmans de circuler isolément, les petits groupes risquant de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police. Enfin, le préfet de police a décidé que les débits de boissons tenus et fréquentés par les Français musulmans d'Algérie doivent fermer chaque jour à 19 heures ».

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Maurice Papon a été Préfet de Police de la Seine pendant ces sombres années. Un rôle que l'on oublie trop souvent…
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Allait rapidement arriver la répression du 17 octobre 1961, dont on ne sait précisément combien elle a pu faire de victimes, et qui allait mener (sur Paris) au 8 février 1962 (une plaque officielle a été posée… en 2007). Présenté par les élus Verts au Conseil de Paris en juillet 2007, ce vœu avait été adopté. Le délai semblait (à juste titre) trop court aux élus pour une mise en place en octobre 2007… mais rien ne vint pour octobre 2008. Dans le 20e, un bar a pris une louable initiative, pour vendredi et samedi. Une parti de l’exposition est déjà en place, et le restera peut-être un peu au-delà du week-end.

Selon le magazine Première, Le Silence du fleuve, documentaire français de 52 minutes de Mehdi Lallaoui et Agnès Denis, est « Un exposé des circonstances dans lesquelles s'est déroulée la manifestation du 17 octobre 1961 à l'appel du FLN. En mêlant interviews de témoins et de protagonistes exprimant des points de vue différents, documents d'époque et séquences tournées aujourd'hui sur les lieux mêmes des évènements, le réalisateur tente d'éclaircir le mystère qui entoure encore la violente répression dont ont fait l'objet les manifestants algériens. »

« L’oubli est complice de la récidive », dit le commentaire de ce film consacré aux journées des 17 et 18 octobre 1961 à Paris et à la répression qui s’en est suivie. 11 538 Algériens seront interpellés… des cadavres (le chiffre de deux cents est avancé) sont retrouvés dans la Seine. Le film rassemble des témoins oculaires, dont un prêtre, un gardien de la paix, des ouvriers sympathisants de la cause algérienne, une avocate, des conseillers municipaux de Paris dont Claude Bourdet, conseiller du 18e arrondissement de 1959 à 1971, décédé cinq ans après la sortie du film (à l’époque des faits, il était entre autres l’un des dirigeants du PSU et journaliste à France Observateur), le policier Gérard Monate, (dirigeant de feue la FASP de 1969 à 1975 et impliqué dans le financement du PS dans la seconde moitié des années 80) ou l’éditeur-écrivain François Maspero.

Dans El Watan du 8 mai 2005, sous le titre « Nous faisons ce travail pour leur dire merci », Mehdi Lallaoui s’expliquait sur les raisons de son combat et sur ses réseaux et ses financements, afin que l’on n’oublie pas. Et encore cette année, par le biais de l’Associated Press, relayée notamment dans le Nouvel observateur, il combattait pour la « reconnaissance officielle » du 17 octobre 1961.

Présenté vendredi 23 octobre à 20h au bar Le Phenix (18, rue des Panoyaux, 20e, M° Ménilmontant), le film sera suivi d’un débat avec Samia Messaoudi (Au Nom de la mémoire), Jean-Luc Einaudi (historien), et Mehdi Lallaoui.

Samedi, un concert avec le groupe Tulamort est annoncé.

Des images du film, ainsi que des images de la manifestation (prises par Elie Kagan) sont d’ores et déjà en place. Sur les pages du site de l’association « 17 octobre 1961 : contre l’oubli », la plupart des photos sont de Elie Kagan.

A lire : Nuit Noire

⇒ Condamné en 1997 pour le financement occulte du PS, Gérard Monate est décédé en 2002. Il avait pris sa retraite dans le Tarn.

⇒ Sorti en 1991, Le Silence du fleuve a été diffusé… le 13 octobre 2001 à la télévision française (sur France 5).