Deux versions en deux jours…
Un ancien travailleur social de 56 ans, sans emploi, est poursuivi pour « offense au chef de l’Etat » pour avoir brandi une pancarte avec la mention « Casse toi pov’con », le 28 août, à Laval, devant ce qu’il pensait être la voiture du président de la République, car il ne voulait pas que « Sarko fasse sa pub à Laval », explique-t-il ce matin à Europe 1. Dans une tribune publiée par Rue 89, M. Eon disait s’être « rangé sur le côté du boulevard en restant juché sur [son] vélo, sans même avoir le temps de [se] retourner, pour profiter du spectacle », avant son interpellation.
Comment se fait-il que, d’un côté un paisible cycliste se fasse sauter dessus par « deux personnages en civil, genre pitbulls » et que, de l’autre, il revendique le fait de manifester son antisarkozysme, avec des mots employés par le président lui-même ?
De quoi s’interroger sur les témoignages « spontanés » (parfois rapides, parfois moins), peu étayés par des justificatifs (photocopies ou autres) comme il est d’usage dans la presse dite traditionnelle. « Pour l’audition, j’ai déclaré ne pas reconnaître que le message était à destination de Sarko », écrit l’ancien travailleur social sur le site Rue 89, pour dire quasiment le contraire la même semaine sur Europe 1…
L’audience est prévue le 23 octobre (dans un mois et demi) devant le tribunal correctionnel de Laval. Selon le procureur de la République, M. Perrin, M. Eon n’encourt qu’une peine d’amende. En effet, si le délit d’offense au chef de l’état est assimilé, en France, à un délit de presse (articles 26, 36 et 37 de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse), cet article de la loi du 15 juin 2000 « renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes » a supprimé la peine de prison, pour ne laisser que la peine maximale de 300 000 FF (transformés en 45 000 € par cette ordonnance). Il semble que la dernière condamnation réellement prononcée l’ait été en… 1966 (avec rejet de pourvoi en cassation en 1967), et pour un livre.
La pancarte que l’ancien travailleur social brandissait (comme il le dit sur Europe 1) ou avec laquelle il se promenait (comme il est écrit sur Rue 89) fait bien entendu référence à l’incident de la Porte de Versailles de février dernier, et au langage propre au président de la République.
Beaucoup plus proche géographiquement, à la lecture de ce témoignage, il était écrit un samedi « … mais le prêtre a immédiatement appelé la police qui est venue très nombreuse… ». Une enquête sur place le dimanche avec la même personne et en recoupant diverses sources avait permis de publier Ménilmontant encerclé : l’église évacuée, expliquant que le père Pimpaneau avait été avisé par la police et avait autorisé les forces de l’ordre à entrer… Nuance. Qui au passage expliquait mieux les communiqués d’urgences du 9e CSP ou de Indymédia.
F. A.
⇒ La tribune publiée sur Rue 89 le 4.
⇒ La version diffusée sur Europe 1 (avec l’interview de M. Eon), mise en ligne du 6, mise à jour du 7.
⇒ Dans ce billet, Michel Lévy-Provençal, l’un des fondateurs de Rue89, expliquait (en février) les raisons de son départ, effectif le mois suivant.
« Pour l’audition, j’ai déclaré ne pas reconnaître que le message était à destination de Sarko » : c'est celaaaaa, oui…
il nous prend pour des (bip) !
y en a qui ne doutent vraiment de rien… :-))
Rédigé par : l'affreuse UMP | 07/09/2008 à 12h24
Ce que je vois surtout, c'est qu'il y a une version dans un organe de presse, et une autre, deux jours plus tard, ailleurs, les deux de la même source ! Lui dit que c'est redevenu du vocabulaire courant, ce que disait Mme Bruni-Sarkozy pour son disque ici :
http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2008/07/comme-si-de-rie.html
alors qu'un autre du même titre était sorti cinq ans plus tôt…
Rédigé par : Fabien | 07/09/2008 à 12h45