Dans sa dernière livraison (de jeudi), sous le titre « Délinquance », l’Observatoire des libertés publiques, créé en 1999, revient sur certaines dérives, plus ou moins connues.
Bien entendu, la visite ministérielle « inopinée » (dont les médias étaient prévenus à l’avance) au lycée Paul-Bert (14e) fait partie de ces « petits riens » de l’ordinaire de Maurice Rajsfus (trois lycéens interpellés, alors que les parents d’élèves avaient fait savoir, par l’entremise du Parisien, leur désapprobation quant à cette visite), suicides (au pluriel) de policiers, dont l’auteur semble en avoir oublié au moins deux, les événements du Champ de Mars, pour lesquels Georges Sarre a répondu à Rachida Dati, ou encore l’incendie du CRA de Vincennes.
Mais l’œil avisé de Maurice Rajsfus ne serait qu'une piqûre de rappel sans que l'on y trouve d'autres choses, comme des Finistériens qui souhaitent conserver la maternité de Carhaix (et sont reçus par les pandores), la révélation d’un rapport de l’IGPN révélant l’utilisation (en 2007) d’un flash-ball jusqu’alors inconnu, la « géniale » découverte de la spécificité parisienne qui fait que la capitale conserve ses RG alors que tous les services ont été regroupés à Levallois-Perret, ou un contrôle d’identité (au Taser®) qui tourne mal, à Vernon (Eure).
DélinquanceDans le regard du policier, formaté par Nicolas Sarkozy, le citoyen ordinaire n’est rien d’autre qu’un délinquant potentiel. Au XIXème siècle, on évoquait les classes dangereuses pour les quartiers bourgeois alors que, de nos jours, il est surtout question de fauteurs de troubles dans leurs propres cités. La liste peut être nombreuse de ces faits jugés délictueux par nos gardiens de l’ordre public. En fait, il est surtout prioritaire de « faire du chiffre » en traquant ces jeunes des banlieues que Jean-Pierre Chevènement considérait comme des « sauvageons », lesquels sont devenus des « racailles » pour l’actuel président de la République. Comme la politique du résultat prime sur la volonté de prévention, nos policiers s’attachent aux délits les plus simples, les plus productifs également pour leur carnet de chasse. Dans les cités, le gibier est à portée de main, sans qu’il soit nécessaire de longues enquêtes à résoudre - sans véritable procédure même. Pour ces délits mineurs, c’est la parole du policier qui prime puisque le fonctionnaire d’autorité est assermenté. Ce qui lui permet de mentir, par esprit de corps, pour soutenir un collègue auteur d’une dérive. En face, le gamin de banlieue ne peut qu’être terrorisé car il n’a pas de défense. Avec de tels « clients », le policier est à son affaire. D’une part, il peut respecter les quotas d’interpellations qui lui sont imposés par sa hiérarchie, d’autre part il lui est possible de remplir son escarcelle en faisant condamner ses victimes pour outrage ou même pour rébellion. Si la morale n’y trouve que rarement son compte, force reste à la loi !
Maurice Rajsfus, pour le bulletin n°22 de Que fait la police ? (21 août). Pour lire les divers sujets de l’Observatoire des libertés publiques cliquer ici. Dessin de Siné.
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements.
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant !
(Extrait de "La chasse à l'enfant", de J. Prévert)
Rédigé par : raannemari | 24/08/2008 à 15h11